Aux yeux de Guo Pei, le monde est composé de deux parties : la réalité et le rêve. La réalité pour elle est de créer des vêtements à la demande de ses clients. Le rêve est de créer des vêtements qu'elle imagine. « Le rêve doit être soutenu par la réalité. Je vends des vêtements, je gagne de l'argent et puis je crée des vêtements qui n'ont pour intention de plaire à nulle autre personne que moi-même ». Quelqu'un lui a offert de payer cinq millions de yuans pour acheter une pièce de son premier défilé. Guo a refusé l'offre car, pour elle, cette robe qui a nécessité 50 000 heures de travail est un trésor sans prix.

Guo Pei adore la broderie. « D'après ce que je sais, beaucoup de couturiers français sous-traitent le travail de brodie aux ateliers indiens. Moi, j'ose déclarer fièrement que la broderie de mon atelier est meillleure que les autres. J'ai une exigence de qualité extraordinaire et mes brodeuses sont toutes formées par mon équipe ». Il y une dizaine d'années, Guo Pei s'était rendue dans des villages reculés de Chine afin d'y recruter des femmes expérimentées en broderie.

Guo Pei a raconté durant l'interview ses histoires avec la France, le berceau de la haute couture. Son premier défilé était inspiré d'une visite au musée de l'Armée à Paris. L'ancien ambassadeur de France en Chine M. Hervé Ladsous avait adoré le travail de Guo Pei et avait envoyé plusieurs délégations françaises visiter le Rose Studio de Guo Pei. « J'ai entendu dire qu'il y a des gens du milieu de la mode en France qui sont bien curieux de mes créations. Pour eux, il est un peu difficile d'accepter le fait que le made in China puisse devenir un symbole de la haute couture et de la qualité. »

Quand la journaliste lui a demandé si la haute couture chinoise pourrait un jour vraiment briller sur la scène internationale, Guo a répondu : « Selon moi, nous n'avons pas besoin de penser à cela. Ce que nous devons faire, c'est de continuer sur notre propre chemin sans trop nous inquiéter de l'objectif à atteindre ».