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(Panorama de Chine) Cité interdite/Louvre : un dialogue à travers les couloirs du temps

Le premier contact entre la Cité interdite et le Louvre remonte au 18e siècle. L'empereur Qianlong (1711-1799) avait adressé des commandes d'estampes à Louis XV -16 planches gravées à Paris pour célébrer les batailles de l'empereur de Chine (1755-1759). Un bref dialogue d'égalité et un regard croisé de curiosité.

Trois cent ans se sont écoulés, deux anciens régimes ont été abattus, le traumatisme des deux Guerres de l'Opium loin derrière nous. Un rendez-vous entre l'ancien palais impérial chinois et l'ancienne résidence des souverains français sera organisé de septembre à novembre 2011 en plein centre de Paris.

Les deux musées viennent de finaliser une longue liste d'oeuvres pour l'exposition « Le Louvre reçoit la Cité interdite »: 130 chefs-d'oeuvre du patrimoine culturel chinois, dont le trésor pictural "Voyage dans le Sud de la Chine de l'Empereur Kangxi (1654-1722)".

Des portraits des principaux empereurs accompagnés de leurs objets personnels introduiront à la vie de cour en même temps qu'ils dévoileront les grands moments des dynasties Ming et Qing (1368-1911). Dans une des quatre parties thématiques (les affaires politiques, l'art, la vie au Palais Impérial et l'architecture), des antiquités chinoises seront placées en regard d'éminentes oeuvres européennes du Louvre et dont certaines soulignent les relations historiques qui ont pu exister. Cet arrangement permettra au public européen de "situer les différents éléments par rapport à sa propre culture occidentale", a expliqué Jean-Paul Desroches, l'un des organisateurs de l'exposition.

L'événement est intégré au programme de coopération Cité interdite/Louvre établi en 2005 et renouvelé fin 2010. Au printemps de 2008, l'exposition "Napoléon et le musée du Louvre" a été accueillie dans les enceintes de la Cité interdite, attirant 125 000 visiteurs internationaux.

D'où est née cette volonté de rapprochement?

Aux yeux du vice-directeur du musée de la Cité interdite, Li Ji, les échanges culturels entre la Chine et l'Occident ont suivi quatre phases importantes.

La première découverte mutuelle qui date d'il y a plusieurs siècles ne se caractérisait que par une curiosité exotique, des figures et objets imaginés par des artistes dans leurs peintures, sculptures et porcelaines. La colonialisation a changé profondément les rapports de force et la donne mondiale. L'Occident industrialisé a montré sa force culturelle aux colonisés. Le lendemain de la fondation de la République populaire de Chine en 1949, une hostilité envers les anciens colonisateurs et le camp du capitalisme dominait le pays.

Il a fallu attendre trente ans après le lancement de la politique de réforme et d'ouverture de la Chine à la fin des années 1970 pour que les Chinois reprennent confiance en eux et adoptent une attitude mature face à la civilisation occidentale, d'aujourd'hui comme du passé, a constaté Li Ji.

Renouer les relations Cité interdite/ Louvre est issu de ce contexte.

De l'autre côté, le Louvre a également accordé ces dernières années une attention accrue au monde oriental en général et à la Chine en particulier.

Le site officiel du musée français a lancé début 2009 une version chinoise. Le chinois est devenu la quatrième langue du site, après le français, l'anglais et le japonais. Bien que le contenu de cette version, autofinancée par le Louvre, soit beaucoup moins riche (sélection d'une vingtaine de chefs-d'oeuvre) que les trois autres versions, cette démarche s'explique par une forte augmentation des touristes chinois et par les perspectives prometteuses du marché chinois.

Dans la même année, le peintre d'origine chinoise Yan Pei-Ming a été invité à exposer son tableau grand format "Funérailles de Mona Lisa" dans la pièce contiguë à celle de "La Joconde" de Léonard de Vinci au Louvre. Yan Pei-Ming, qui s'est inspiré de la peinture chinoise, a réalisé une bichromie - blanc et gris - pour représenter une Mona Lisa en larmes.

L'exposition sur la Cité interdite constituera également une belle exception pour le musée du Louvre dont aucun des huit départements artistiques ne compte d'objets d'art de la Chine ancienne.

"Nos connaissances mutuelles se sont accrues, et la Chine et son art ne sont plus envisagés comme une chose mystérieuse et inconnue. L'exotisme n'a plus cours ... ce qui nous est demandé, c'est un approfondissement et notamment dans les sujets qui nous rapprochent, car ils permettent de mieux nous connaître et ainsi de mieux nous comprendre", a ainsi commenté Jean-Paul Desroche.

Le documentaire "Quand la Cité interdite rencontre le Louvre" de 12 épisodes, diffusé en février sur CCTV (chaîne de télévision centrale de Chine), met en scène pour la première fois l'évolution parallèle de deux systèmes des arts totalement différents : celui de la Chine et celui de l'Europe.

Pour Zhu Qingsheng, rédacteur en chef du texte accompagnant le documentaire et professeur d'art à l'Université de Beijing, le Louvre occupait une place particulière dans le développement des arts chinois au 20e siècle. "Mais c'est une faute de choix", a-t-il révélé.

Quand Xu Beihong et Wu Zuoren, deux célèbres artistes chinois, ont introduit les collections du Louvre pour réformer les écoles d'arts chinoises, selon Zhu Qingsheng, Picasso avait déjà réussi à Paris et une nouvelle vague artistique (surréalisme, cubisme, etc) naissait en Europe. "Le Louvre, qui était l'emblème des arts classiques en Europe, représentait depuis de longues années un courant moderne en Chine, alors que les arts anciens chinois ont été considérés obsolètes", a-t-il regretté.

Le professeur de l'Université de Beijing a donné deux propositions à la renaissance culturelle chinoise d'aujourd'hui : observer le monde à travers un oeil chinois, retraduire les arts anciens de façon contemporaine.

"Une nation a besoin de la créativité inspirée par ses propres racines culturelles et de la capacité de répondre aux défis internationaux, pour être respectée et se distinguer des autres", a souligné Zhu Qingsheng.

En revanche, comment la Cité interdite et le Louvre, symboles de deux civilisations de l'antiquité, peuvent-ils s'adapter au cours du temps qui ne cesse d'avancer ?

"C'est un sujet épineux", a remarqué le vice-directeur du musée de l'ancien Palais impérial, "le Louvre a entrouvert avec courage ses portes aux arts contemporains. Quant à nous, à savoir quelles oeuvres méritent d'entrer dans la Cité interdite, reste une question à étudier et discuter".

Agence de presse Xinhua     2011/05/06

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