| Alors que de plus en plus de parents chinois adoptent une éducation de style occidental qui donne à l'enfant plus de liberté et d'encouragement, Amy Chua et son livre, qui font les louanges de la stricte éducation chinoise en la qualifiant de supérieure, suscitent des réactions jamais vu jusqu'alors chez les Américains.
Amy Chua a fait la couverture du dernier Time Magazine, continuant de susciter de vives discussions chez les Américains sur ses prétendues méthodes d'éducation chinoise comprenant l'interdiction de notes inférieurs au A, de la télévision et des jeux vidéos.
Née au États-Unis et âgée de 48 ans, cette professeur de droit chinois ancien indique dans son livre, intitulé « Hymne de bataille pour la mère tigre », que la stricte éducation chinoise préparerait les enfants aux difficiles compétitions à venir.
Nombreux sont ceux aux États-Unis furieux contre ses manières « cruelles ». Ils demandent « où est l'amour et le respect des enfants ». Pourtant, certains se demandent si l'approche chinoise permet de former des personnes qui peuvent prendre la tête du futur marché mondialisé, surtout depuis l'obtention en décembre par les adolescents de Shanghai des meilleurs résultats à un test international évaluant les connaissances pratiques en lecture, mathématiques et sciences.
Ce test, connu sous le nom de Programme pour l'évaluation internationale des étudiants, a été organisé par l'Organisation pour la Coopération Économique et le Développement. Il compare les performances des jeunes de 15 ans de 60 nations et d'une demi-douzaine de soit-disant régions économiques.
Les lycéens américains, quant à eux, sont classés 17ème en lecture, 23ème en science et 31ème en mathématiques.
Liu Pengzhi, directrice du lycée affilié à l'université Renmin de Chine, un des plus réputé de Beijing, a invité ces Américains bouleversés à moins angoisser sur la supériorité de l'éducation traditionnelle chinoise sur l'occidentale
« En fait, les États-Unis pourraient plus bénéficier de l'éducation à la chinoise car de nos jours les étudiants de la Chine urbaine aisée sont plus nombreux à choisir les États-Unis pour une meilleure éducation et un futur emploi » a-t-elle indiqué.
L'année dernière, la Chine a dépassé l'Inde en envoyant le plus d'étudiants aux États-Unis d'après des études précédentes. Fin 2010, les étudiants de Chine comptaient pour 19 pour cent du total des étudiants étrangers aux États-Unis.
En 2009-2010, environ 128.000 étudiants chinois étudiaient aux États-Unis, la plupart en premier cycle ou en second cycle, soit 30 pour cent de plus que l'année académique précédente d'après une étude de l'Institut International de l'Éducation, basé aux États-Unis.
Le nombre d'étudiants de Chine explose grâce à l'économie chinoise dynamique et à la volonté des parents chinois d'investir dans les études pour donner à leurs enfants la meilleure éducation possible a indiqué au New York Times Peggy Blumenthal, le vice-président exécutif de l'institut.
Cela semble vrai pour un nombre croissant de jeunes et parents chinois éduqués qui ont déjà commencé à adopter une nouvelle méthode d'éducation largement inspirée par l'approche occidentale.
Donner aux enfants la liberté d'explorer les autres possibilités hormis les études académiques, respecter leur droit à une enfance heureuse et ludique et les encourager plus font partie des éléments clés de cette éducation a indiqué Sun Hongyan, un directeur de division du Centre de Recherche de la Jeunesse et des Enfants Chinois.
« Je ne vais pas éduquer ma fille de 8 ans comme le suggère Amy Chua car cela la rendrait malheureuse et ennuyeuse » a indiqué Yang Jianfen, une mère de Beijing titulaire d'un master de littérature chinoise et qui travaille comme fonctionnaire.
« Il est vrai qu'un enfant a besoin de discipline et d'être poussé, mais un environnement décontracté avec une éducation de qualité va favoriser son intelligence, sa créativité et sa santé mentale et physique plutôt que de se concentrer uniquement sur les résultats scolaire » a indiqué Yang Jianfen.
Dans les cercles académiques chinois, certains réfléchissent à l'éducation à la chinoise qui semble au défi de favoriser les esprits créatifs comme Bill Gates, qui a abandonné Harvard.
« À mon avis, comparé à l'éducation chinoise très stricte, la méthode occidentale exerce plus d'influence positive sur la santé mentale des enfants » a indiqué mardi au China Daily Cui Yonghua, un psychiatre réputé de l'hôpital Anding de Beijing.
Cui Yonghua a souligné que de nombreux parents chinois sont maintenant trop concentrés sur le développement du QI de leurs enfants et sur la santé physique mais pas assez sur leur santé mentale.
« C'est la cause principale de l'augmentation des problèmes psychologiques chez les enfants ces dernières années comme les déficits d'attention et les problèmes et troubles comportementaux » a-t-il indiqué.
« Une éducation scientifique et correcte est ouverte et démocratique. Les parents devraient encourager plus et féliciter leurs enfants pour chaque réussite tout en agissant fermement contre leurs mauvaises habitudes le plus tôt possible » a-t-il noté.
Il a cependant souligné qu'il n'est pas bon pour les parents de trop protéger leurs enfants de toutes les pressions et situations désagréables.
« Les parents devraient croire que leurs enfants sont capables et flexibles » a-t-il ajouté. |