Un mur de brique exhibe, sur ses deux côtés, des photos en impression directe sur la terre cuite. D'un côté, soixante années de mannequins du grand couturier Dior représentent l'ouest. De l'autre, des éléments représentatifs de la culture et de la société de la Chine pendant la même période figurent l'est.
Ce mur, nommé "Hole in the wall, Hope in the world", est l'une des oeuvres de l'artiste contemporaine chinoise, Wen Fang.
Une force invisible exercée d'ouest en est a fait éclater le mur en son milieu et des fragments de brique porteurs de bribes d'images restent suspendus dans l'air. L'espace se peuple de ces morceaux qui mélangent les représentations d'est et d'ouest. Dans l'air les deux faces se confondent, il n'y a plus de distinction entre ce qui appartenait à chacun des deux côtés.
"Dans le passé, la mode chinoise et la mode française étaient différentes", indique l'artiste, " La mode chinoise a longtemps été influencée par la politique. Dans les années 60 et 70, par exemple, tout ce qui était à la mode avaient nécessairement une connotation politique. A l'époque là, la mode du pays était radicalement différente de celle de la France. En France, on cherchait la différence, la variété et le changement, alors qu'en Chine, on recherchait l'unanimité, la normalisation et la généralité. Tout le monde était pareil, c'était la mode en Chine à l'époque", explique Wen Fang.
Dans les années 80, la Chine commença pourtant à briser le "mur" dressé entre elle et le monde extérieur. La société chinoise devint de plus en plus diverse et colorée. Pour Wen Fang, c'est l'ouverture politique du pays qui a décidé de la diversité de la société chinoise. C'est aussi grâce à cette ouverture que les Chinois peuvent voir ce qui existe à l'extérieur du mur et que les personnes du dehors peuvent faire connaissance de la Chine.
En tant qu'artiste contemporaine, Wen Fang estime qu'aujourd'hui les artistes chinois qui font de l'art contemporain jouissent de plus en plus de liberté.
"Aujourd'hui, les problèmes sociaux qu'on peut aborder, les questions qu'on veut représenter, sont de moins en moins limités par le gouvernement. Certainement, dans certains cas, il y a encore des restrictions, par exemple, pour des oeuvres radicales dans lesquels sont impliqués le sexe ou des symboles politiques. Mais généralement, je me contente de l'espace de liberté qui m'est accordé pour la création artistique", ajoute l'artiste qui exerce au district d'art 798 de Dashanzi à Beijing. Dashanzi est un centre d'art contemporain qui a rassemblé à l'origine quelques artistes dans une usine désaffectée et qui est devenu un centre de création artistique internationalement connu.
L'art est le reflet de la vie, affirme Wen Fang. Pour elle, le processus du développement de l'art contemporain reflète aussi les changements de la Chine.
Les premiers artistes contemporains chinois, apparus au début des années 80, où l'art était encore beaucoup influencé par la politique, se sentaient souvent étouffés, leurs oeuvres expriment donc souvent un sentiment de tristesse et d'aigreur. Pour la génération des artistes comme Wen Fang, ils sont moins touchés par la politique, et leurs oeuvres sont par conséquent plus diverses et ouvertes. A propos de la nouvelle génération, les artistes nés après les années 80 ou même 90, qui ont grandi avec l'Internet, et jouent aux même jeux avec les jeunes occidentaux, leurs oeuvres représentent souvent moins d'éléments traditionnels mais plus d'éléments internationaux.
"La Chine d'aujourd'hui, se développe dans la bonne voie. Au cours de ce processus, surviennent certainement des problèmes", conclut Wen Fang, "mais on progresse toujours, c'est ce qui raffermit la confiance des Chinois en l'avenir". |