Aujourd'hui notre reportage sera consacrée à Croisements : un festival de rencontres culturelles où France et Chine confrontent et mêlent traditions et modernités, affinités et différences au service de créations populaires ouvertes sur le monde. Du 12 avril au 10 juin, 100 manifestations culturelles sont organisées dans 14 villes de Chinoises
La musique « She Huo » est interprétée par les Percussions Claviers de Lyon et la musicienne chinoise Pan Eqing au guqin et à la pipa (deux instruments de musique locaux), lors d'une représentation dans la salle de concert de la Cité interdite du parc de Sun Yatsen.
She Huo, est une fête traditionnelle, très populaire dans les régions rurales en Chine, lors de laquelle on peut assister à "la danse du lion" et à "la danse du dragon". C'est une tradition purement chinoise, et c'était une première adaptation musicale.
Les musiciens ont parfaitement réussi à intégrer les instruments chinois dans la musique occidentale, le résultat est formidable : c'est une création très réussie.
Les artistes - la Chinoise en Qipao rouge et les Français en chemise noire - sont rappelés sur la scène à plusieurs reprises. Dans le public, certains enthousiastes disent que ce concert donne un souffle nouveau. Tout de suite, le témoignage de deux des spectateurs :
« C'est une oeuvre rafraîchissante. En plus, les musiciens ont très bien su coopérer. On sent à la fois le charme de la culture traditionnelle chinoise et celui des éléments modernes. C'est la première fois qu'on entend ce genre de création musicale, c'est agréable et touchant. »
« Je crois que c'est une oeuvre très créative, surtout en matière d'arrangement des instruments et de la composition. Nous, les Chinois, on pense souvent qu'il est très difficile de marier les instruments de musique chinois traditionnels aux percussions, tout à fait occidentales. »
La musique française, classique et moderne, n'est plus inconnue du public chinois. En 2004, sont lancées les années croisées franco-chinoises, et depuis les représentations d'oeuvres françaises se multiplient en Chine.
Les oeuvres de Claude Debussy et d'autres comptent déjà des fidèles dans les grandes villes chinoises. La culture française est aujourd'hui l'une des plus appréciée des spectateurs chinois.
Les manifestations artistiques données par des Français constituent l'un des plus importants volets du « Meet in Beijing », grand festival artistique qui se déroule en ce moment dans la capitale chinoise. Une dizaine d'événements français sont au programme : concerts, exposition de peinture, opéras etc. Meet in Beijing est la plus grande manifestation du genre, qui a lieu chaque année dans la capitale chinoise. Il est très réputé sur le plan international et très marqué par sa diversité culturelle. Cette année, il s'agit déjà de la 7ème édition. Au total, plus de 3 millions de spectateurs ont déjà assisté à un événement du festival.
La musicienne chinoise Pan Eqing est née à Shanghai dans une famille de joueurs de Pipa. C'est la première fois qu'elle donne un spectacle avec des musiciens occidentaux. On l'écoute : « Je crois que c'est une première expérience réussie. C'est agréable à entendre. Lors de la première répétition, j'ai été très surprise par le résultat à l'écoute. Je crois qu'on est en parfaite harmonie. On entend à la fois nos différences et notre travail de coordination. »
Les Percussions Claviers de Lyon viennent se produire quasiment chaque année à Beijing, au printemps ou en été. Et toutes les représentations sont données à guichet fermé.
Lors d'une interview pour le festival 2007, le directeur artistique des Percussions Gérard Lecointe confirme que les musiciens français et chinois ont commencé à coopérer en 2005. Depuis, chaque représentation lui apporte de nouvelles sensations et de nouvelles inspirations. Il est très surpris que le public chinois apprécie autant et comprenne la musique européenne. On l'écoute au micro de RCI : « En Chine dans les Conservatoires de Shanghai ou de Beijing, presque tous les étudiants connaissent les oeuvres de Mozart ou Debussy. Sachant en plus que la musique chinoise est très riche. Malheureusement, même si on aime cette musique, on est incapable de la jouer. Personnellement, je crois que la forme musicale est tout à fait différente de la nôtre. »
Gérard Lecointe confie qu'il a beaucoup de regret vis à vis de la musique chinoise. Chaque fois qu'il vient en Chine, il est toujours très occupé entre ses représentations et il ne peut donc rester qu'une ou deux semaines. Il n'a jamais le temps d'étudier et de comprendre la musique chinoise.
Zhu Jin est directrice adjointe de la salle de concert de la Cité interdite du parc de Sun Yatsen. Depuis 2004, son établissement a établi des coopérations avec le milieu musical français et a fait beaucoup pour promouvoir la musique française lors des événements d'« Ouvrir les portes de la musique », qui a lieu chaque été. Dans le cadre du festival Meet in Beijing 2007, plusieurs représentations majeures sont prévues dans la salle de concert de la Cité interdite. Selon elle, ces manifestations permettent aux spectateurs chinois de mieux connaître la musique française : « C'est une bonne occasion pour nous de pouvoir participer à ce genre de manifestations, et c'est aussi un honneur. En effet, pas mal de musiciens français sont encore inconnus du public chinois. »
Zhu Jin confie qu'elle a pour mission de présenter aux spectateurs chinois davantage d'oeuvres musicales étrangères, de renforcer la coopération avec la France et les autres pays européens en matière de musique, enfin promouvoir la fusion entre la musique chinoise et étrangère.
Comparée à la coopération franco-chinoise dans le domaine de la musique, celle relevant de la traduction d'oeuvres littéraires remonte beaucoup plus loin dans le temps...Dès le début du 20ème siècle, de nombreux grands classiques français sont traduits en chinois, comme « Le Père Goriot » de Balzac ou « Notre Dame de Paris » de Victor Hugo. On peut même lire des extraits de ces oeuvres dans les manuels scolaires chinois. L'écrivain français d'origine tchèque Milan Kundera a remporté encore plus de succès : ses oeuvres arrivent en Chine dans les années 80, et chacune est un best sceller !
Le professeur Dong Qiang, de l'université de Beijing, a vécu en France pendant 12 ans. Il y a appris la littérature auprès de Milan Kundera et a fondé une maison d'édition destinée spécialement à présenter les oeuvres littéraires contemporaines chinoises aux Français. Lors d'une interview à notre correspondant, il confie qu'établir un lien de compréhension entre les deux peuples n'est pas chose facile. Heureusement, les experts des deux pays n'ont jamais relâché leurs efforts quant aux traductions et aux échanges, pendant des générations. Aujourd'hui il peuvent se comprendre mieux qu'avant. On écoute Dong Qing au micro de RCI : «J'ai fait un séjour relativement long en France, je crois que les Français éprouvent de l'amour pour la Chine. C'est le genre d'amour inné. C'est une bonne chose pour les Chinois. Quant aux Chinois, ils pensent que la France a une culture riche et apprécient beaucoup son côté romantique. Les gouvernements des deux pays attachent une grande importance aux échanges culturels franco-chinois. »
Tournons-nous maintenant vers « le printemps des poètes »? Des lectures croisées et des tables rondes entre poètes et calligraphes chinois et français, à Pékin et dans les célèbres jardins de la ville de Suzhou (Est de la Chine) où la poésie a toute sa place...
Jean-Claude Pinson est un poète français. Dès les années 70, il s'intéresse à la Chine. Il connaît l'histoire de la poésie chinoise et apprécie particulièrement Bai Juyi, un grand poète chinois du 8ème siècle.
Dans les locaux de l'Académie du Film de la capitale chinoise, une exposition croisée entre les élèves du Département de photographie de l'université Paris 8 et l'Institut de la photo de l'Académie du Film de Pékin sur le thème du voyage? Tout de suite le témoignage d'une étudiante ravie : « Je crois que c'est une belle exposition. Cela a permis à des étudiants chinois d'aller en France et à des étudiants français de venir chez nous, en Chine. C'est une bonne occasion pour eux d'apprendre à connaître la vie de l'autre pays. Et c'est très enrichissant pour la création artistique. »
Pour le professeur Dong Qiang de l'Université de Beijing, ces deux dernières années, de nombreux événements ont été organisés en Chine et en France, renforçant les échanges entre les deux pays. Pourtant, selon lui cela reste insuffisant. Il espère, des deux côtés, que soient lancées des coopérations plus étroites : « J'espère que davantage de gens seront disposés à faire quelque chose d'essentielle en prêtant attention à la culture la plus élémentaire, l'histoire, la géographie et la politique d'un pays. Tout cela est important, il faut les faire connaître, et il nous faut des gens pour le faire.»
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