À l'occasion du festival Croisements, Olivier Lambert a présenté à Beijing son webdocumentaire atypique intitulé Brèves de trottoirs.

Brèves de trottoirs est un webdocumentaire d'Olivier Lambert et Thomas Salva qui trace une carte de Paris à travers les portraits de personnalités anonymes de la capitale. Un papy danseur, une exploratrice de saveurs, un crieur public, un clown professionnel ; autant de gens du quotidien qui partagent leurs histoires, leurs espoirs et déceptions, et qui permettent de découvrir un Paris à mille lieues de celui des cartes postales.

Tout part d'une rencontre avec le photographe Thomas Salva, explique Olivier Lambert. On était tous les deux de jeunes professionnels et l'on partageait les mêmes envies de créer un projet avec notre propre vision éditoriale et sur lequel nous puissions décider de tout. En utilisant internet, nous avons pu établir un univers basé sur une carte de Paris dans laquelle un point équivaut à un personnage, loin de la vision touristique et plus proche du décor parisien de tous les jours qu'on oublie parfois d'explorer.

Si la plupart de ces personnes se racontent autant, c'est d'abord parce qu'elles sont heureuses que l'on s'intéresse à elles. Les auteurs expliquent avoir passé beaucoup de temps à développer avec chacun des personnages une véritable relation de confiance. Il nous est arrivé d'essuyer des refus, mais à chaque fois assez tôt dans la relation. Par exemple, en ce qui concerne Yaseen, le peintre indien, il nous a fallu un an avant qu'il accepte d'être interviewé, précise Olivier Lambert.

En ce qui concerne les rencontres avec ces personnes, nous avions dès le début quelques idées en tête, notamment Papy Dance, Violette la fleuriste ou Yaseen, qui faisaient déjà partie de notre imaginaire parisien. Pour les autres, nous avons parfois passé toute une journée dans un quartier en espérant rencontrer quelqu'un.

Avec en moyenne 20 000 vues par vidéo et des pointes à 200 000 pour les plus populaires, certaines de ces personnes ont eu des retombées et une notoriété qu'ils n'imaginaient pas. Il n'est pas pour autant question pour les auteurs de les délaisser pour passer à autre chose. On essaie de les revoir régulièrement, tout au moins de passer ou de les saluer. Je ne dirais pas que l'on a instauré une amitié avec tous, mais en tout cas une très forte proximité.

Olivier Lambert explique avoir été très inspiré avec son ami Thomas Salva par le réalisateur Donn Alan Pennebaker. Les deux auteurs s'inscrivent ainsi dans la lignée du cinéma-vérité des années 1970, c'est-à-dire dans une vision subjective du monde parfaitement assumée.

Chaque personne rencontrée bénéficie d'un traitement esthétique et sonore qui lui est propre, avec différentes couleurs, teintes et musiques permettant selon les créateurs de retranscrire au mieux la personnalité et les émotions de leurs sujets.

Les deux auteurs souhaiteraient aujourd'hui étendre leurs Brèves de Trottoirs à d'autres villes, avec pour projet de se rendre l'année prochaine à Londres pour les JO de 2012, mais peut-être un jour également à Beijing.