A Pékin, Nine theater, du 19 au 22 mai

A Pékin, Académie Centrale de Théâtre, 24 mai

Avec cette pièce interprétée par des non-voyants, Jean-Christophe Blondel nous prouve que la culture peut être considérée comme un art mais aussi comme un outil d'intégration sociale et d'acceptation par la société.

Fondateur de la compagnie Divine Comédie, Jean-Christophe Blondel a choisi cette année pour la mise en scène de la pièce de théâtre la Princesse Maleine de travailler avec des comédiens pour la plupart non-voyants. Un spectacle qui s'inscrit dans le cadre du partenariat du festival Croisements avec la compagnie Divine Comédie qui a présenté en 2009 Le Partage de midi de Paul Claudel.

Cécité et expression théâtrale

Jean-Christophe Blondel : « Au cours de mes voyages et tournées en Chine, j'ai rencontré une association d'aveugles. Ils avaient monté une pièce avec un metteur en scène chinois reconnu, Lin Zhaohua. Ils voulaient prouver que les aveugles, invisibles en Chine et cantonnés à des métiers spécialisés (masseurs, diseurs de bonne aventure…) pouvaient avoir quelque chose à donner au monde sur le plan artistique. Ils m'ont proposé de mettre en scène leur deuxième création. Je leur ai proposé « La Princesse Maleine » de Maurice Maeterlinck. L'œuvre montre la vie comme une tragicomédie faite d'errances, de signes mal perçus, de rendez-vous manqués, d'injustices. Voir ou ne pas voir, physiquement bien sûr, mais aussi, voir son destin vous échapper, sentir l'aveuglement du sort qui s'abat sans aucune justice, tout cela fait écho en eux. »

La Princesse Maleine (1885)

C'est la première pièce de Maeterlinck, qui a été aussitôt acclamé par Mallarmé comme le fondateur de la modernité théâtrale. Meyerhold l'a monté pour renouveler, après Stanislavski, la mise en scène et le jeu d'acteur. Maeterlinck obtient le Prix Nobel de littérature en 1911. Il est aujourd'hui encore monté par des plus grands : Claude Régy, Denis Marleau, Bob Wilson. Ses pièces s'inspirent des fondements de la culture occidentale, de la tragédie grecque aux contes anciens. Elles exigent de l'acteur qu'il renonce à toute expression spectaculaire pour laisser apparaître la fragilité et le dénuement. Elles posent aussi un défi formel au metteur en scène : comment montrer sur scène les forces invisibles qui guident nos vies ?

L'histoire

Le roi Hjalmar vit avec sa dernière épouse, Anne, une reine en exil et sa fille Uglyane. Le fils du roi est fiancé à Maleine, princesse d'un royaume voisin. Le soir de leurs fiançailles finit en déclaration de guerre, et dès la troisième scène, le royaume de la Princesse est rayé de la carte. La reine Anne, amoureuse de son beau-fils, a poussé son mari à ce massacre pour tuer Maleine, puis imposer Uglyane comme épouse au Prince, afin de s'immiscer dans sa vie privée... Mais Maleine survit. Portée par une volonté silencieuse et fascinante, elle va traverser son pays en ruines jusqu'au château ennemi, pour conquérir son Prince, et changer le destin de tous ceux, riches ou pauvres, chiens, fous et enfants, qui croiseront son regard.

Jean-Christophe Blondel

Formé à l'Ecole supérieure d'Art Dramatique de Paris, Jean-Christophe Blondel a réuni dans ses mises en scènes des artistes reconnus en France : acteurs (Jean Davy, Anne Alvaro, Laurence Mayor, Michel Baudinat, Fred Ulysse, Marie-Laure Crochant, Jean-Marie Winling, Mireille Perrier), musiciens (Edward Perraud, WU Na), marionnettistes (Yseult Welschinger), chorégraphes (Sylvain Groud, le groupe Shifts). Il a été dramaturge de Yoshi Oïda (troupe de Peter Brook). Il met en scène des auteurs occidentaux classiques et contemporains, théâtraux ou non : Maeterlinck, Lagarce, Ibsen, Borgès, Bernhardt, Sorokine, Erasme, Fosse.

En Chine, il présente Le Partage de Midi de Claudel en 2009 à Beijing, Wuhan, Nanjing, Shanghai, Guangzhou, et anime depuis des ateliers et des conférences dans les universités de plusieurs de ces villes.