Un soutien politique solide permettra de stimuler la croissance chinoise

Le pays est sur la bonne voie pour une reprise stable au second semestre, selon des économistes

L'économie chinoise est sur la bonne voie pour un rebond régulier d'ici la fin de l'année et pour atteindre son objectif de croissance annuelle d'environ 5%, soutenue par une solide performance au premier semestre et un soutien politique vigoureux des décideurs économiques du pays, ont déclaré des économistes et des dirigeants d’entreprises internationaux.

Des économistes ont indiqué qu’à l’avenir, les décideurs politiques renforceront probablement les ajustements contracycliques par un plus fort dosage de mesures budgétaires et monétaires, afin de soutenir la demande intérieure et d'atténuer l'impact d'un environnement extérieur plus complexe. Les mesures envisagées pourraient inclure une augmentation des dépenses budgétaires pour stimuler la consommation, de nouvelles réductions du taux de réserves obligatoires et des baisses de taux d'intérêt, ainsi qu'un soutien ciblé aux exportateurs et aux travailleurs touchés par les chocs externes, ont-ils précisé.

Ces remarques font suite à une réunion du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), présidée par Xi Jinping, secrétaire général du Comité central du PCC, lors de laquelle ont été définies les priorités économiques du pays pour le second semestre.

Cette réunion clé, tenue fin juillet, a appelé à des efforts soutenus en matière de politique économique au second semestre, mettant l'accent sur la stabilisation de l'emploi, des entreprises, des marchés et des anticipations, ainsi que sur la promotion efficace d’une interaction positive entre les flux économiques nationaux et internationaux.

Les politiques macroéconomiques doivent être continuellement renforcées et intensifiées en temps opportun, a indiqué la réunion, soulignant l’importance de la mise en œuvre et de l'affinement d'une politique budgétaire plus proactive ainsi que d'une politique monétaire modérément accommodante.

« L'activité économique chinoise est restée stable avec une volatilité limitée. La priorité politique devrait donc être accordée à la mise en œuvre des mesures budgétaires, monétaires et financières existantes », a déclaré Luo Zhiheng, économiste en chef chez Yuekai Securities. « L'ampleur et le calendrier des mesures de soutien supplémentaires dépendront de l'évolution de la situation au second semestre. »

Le PIB chinois a progressé de 5,2% en glissement annuel au deuxième trimestre, et ce malgré les difficultés liées aux hausses des droits de douane américains, marquant le troisième trimestre consécutif de croissance supérieure à 5%, selon les données officielles.

M. Luo a noté que les signaux politiques émis lors de la récente réunion de haut niveau, tels que « l'intensification des efforts politiques lorsque cela est approprié » et « le renforcement de la flexibilité et de la prévoyance », signifiaient que si les politiques budgétaires et monétaires actuelles doivent continuer à stabiliser les attentes du marché, les décideurs politiques procéderont alors également à des ajustements flexibles en fonction de l'évolution de la situation, notamment en déployant de nouvelles mesures progressives et en renforçant les ajustements contracycliques.

« Un large éventail d'outils politiques reste disponible », a ajouté M. Luo. « Il serait bon pour le gouvernement d'ajuster les budgets fiscaux par des dépenses vigoureuses, d'apporter une aide rapide aux secteurs durement touchés comme le commerce extérieur, d'accorder des subventions aux personnes en difficulté, ainsi que d'élargir le champ des programmes de reprise à la consommation des services. »

Avant la réunion du Bureau politique, le Comité central du PCC a organisé en juillet un symposium avec des personnalités extérieures au PCC afin de recueillir leurs avis et suggestions sur la situation économique actuelle et les travaux économiques du second semestre.

Présidant également ce symposium, Xi Jinping a noté que l'économie du pays restait confrontée à de nombreux risques et défis. Il a souligné la nécessité de bien comprendre la situation, de mieux prendre conscience des dangers potentiels, d'envisager le pire scénario et d'exploiter au mieux les opportunités, le potentiel et les atouts de développement afin de consolider et d’amplifier la dynamique positive de reprise et d'amélioration économiques.

Huang Hanquan, directeur de l'Académie chinoise de recherche macroéconomique, a déclaré que le gouvernement devrait tirer parti de la conjoncture actuelle, alors que l'économie et les attentes sociales sont relativement stables, pour préparer un ensemble de mesures progressives afin d'assurer une croissance soutenue pour le reste de l'année.

« Le premier semestre a affiché des résultats encourageants, principalement grâce à un soutien politique renforcé et à des réformes clés », a-t-il ajouté.

Li Chao, économiste en chef chez Zheshang Securities, a déclaré que l'économie chinoise avait progressé de manière régulière depuis le début de l'année. « Le PIB chinois a progressé de 5,3% au premier semestre, et nous prévoyons que l'économie consolidera davantage cette tendance à la hausse au second semestre. »

Selon la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR), principal régulateur économique du pays, le PIB chinois devrait atteindre environ 140 000 milliards de yuans (19 400 milliards de dollars) cette année, réaffirmant ainsi le rôle majeur du pays dans la croissance économique mondiale.

M. Li a affirmé qu'atteindre l'objectif de croissance annuelle, fixé à environ 5%, « ne devrait pas être difficile », ajoutant que de nouvelles forces productives de qualité émergeaient comme piliers essentiels de l’économie, tant du côté de l'offre que de la demande.

Pour le reste de l'année, M. Li a indiqué s'attendre à un soutien accru aux micro et petites entreprises grâce à des outils structurels tels que les nouveaux prêts et le réescompte, ainsi qu'à des baisses ciblées du taux de réserves obligatoires (RRR).

« Soutenir ces entreprises contribuera à stabiliser l'emploi et les revenus des ménages », a-t-il souligné.

M. Li a également prédit que la politique monétaire pourrait revenir à une « baisse du RRR et des taux directeurs au moment opportun ».

Zhang Ning, économiste senior pour la Chine chez UBS Investment Bank, a déclaré que les futures mesures de relance dépendraient des données économiques, tandis que l’annonce de nouvelles mesures de soutien budgétaire, que l'équipe de M. Zhang estime à plus de 0,5% du PIB, pourrait intervenir vers la fin du troisième ou du quatrième trimestre.

Récemment, plusieurs institutions et banques mondiales ont revu à la hausse leurs prévisions de croissance économique pour la Chine, les rapprochant de l'objectif officiel de croissance du pays fixé à environ 5%.

Le Fonds monétaire international (FMI) a considérablement relevé ses prévisions de croissance économique pour la Chine sur l'ensemble de l'année, les portant à 4,8% dans ses « Perspectives de l'économie mondiale », soit une hausse de 0,8 point de pourcentage par rapport à ses prévisions d'avril. Morgan Stanley a pour sa part relevé ses prévisions de croissance du PIB chinois pour 2025 de 4,5% à 4,8%.

Malgré les défis et les incertitudes externes à venir, des dirigeants d’entreprises internationaux ont également exprimé une grande confiance dans la deuxième économie mondiale.

Lin Chunmei, PDG de Corning pour la région de la Grande Chine, a déclaré que les performances économiques de la Chine au premier semestre 2025 étaient « très solides », notamment en matière d'exportations et de production industrielle.

« Malgré les difficultés, je suis convaincu que cette évolution positive se poursuivra au second semestre », a soutenu M. Lin.

Cette année, Corning s'est engagé à investir 500 millions de dollars supplémentaires en Chine, réaffirmant ainsi sa confiance dans le pays.

Ben Simpfendorfer, associé au cabinet de conseil Oliver Wyman, a déclaré penser que l'objectif de croissance de la Chine pour 2025 restait atteignable malgré les perturbations commerciales, tandis qu'une reprise durable dépendra de mesures permettant de renforcer la confiance des consommateurs.