Le ministre iranien des Affaires étrangères en visite en Chine sur fond de négociations indirectes avec les États-Unis

Ce voyage souligne la confiance stratégique entre les deux pays et devrait renforcer la dynamique bilatérale

À l'invitation de Wang Yi, ministre des Affaires étrangères et membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi se rendra en Chine mercredi, a annoncé mardi un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

En tant que partenaires stratégiques globaux, la Chine et l'Iran entretiennent des communications fluides et fréquentes. Cette visite, qui intervient sur fond de négociations indirectes entre l'Iran et les États-Unis, souligne le rôle important de la Chine dans le dossier nucléaire iranien, ainsi que le niveau élevé de confiance mutuelle et de coordination stratégique entre les deux pays, ont affirmé des observateurs chinois.

Évoquant la visite de M. Araghchi en Chine, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Guo Jiakun a déclaré que la Chine et l'Iran entretenait une amitié de longue date. « Depuis l'établissement de leurs relations diplomatiques il y a 54 ans, nos deux pays ont fait preuve de respect, de confiance et de soutien mutuels, ont renforcé le développement solide et régulier de leurs relations bilatérales, et ont promu la paix et la stabilité régionales et mondiales. »

Au cours de cette visite, les deux parties procéderont à des échanges approfondis sur les relations sino-iraniennes ainsi que sur les questions internationales et régionales d'intérêt commun. « Nous estimons que cette visite sera essentielle pour que les deux parties puissent mettre en œuvre les importants accords communs conclus entre les dirigeants des deux pays, approfondir la confiance politique mutuelle, faire progresser la coopération dans divers domaines, et défendre conjointement le multilatéralisme », a indiqué M. Guo.

Zhu Yongbiao, directeur exécutif du Centre de recherche sur « La Ceinture et la Route » de l'Université de Lanzhou, a noté mardi que la Chine et l'Iran avaient multiplié les visites mutuelles ces dernières années, soulignant que leur Accord de coopération global, conclu il y a 25 ans, était en train de porter ses fruits.

Les deux pays entretiennent un partenariat stratégique global et ont renforcé leur coordination lors de nombreuses réunions multilatérales, telles que les réunions de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et des BRICS, a déclaré M. Zhu, ajoutant que malgré les pressions extérieures et l'évolution de la dynamique internationale, leurs échanges commerciaux bilatéraux et leurs échanges interpersonnels restaient forts.

Un autre point important à l'ordre du jour de la visite de M. Araghchi sera les négociations indirectes en cours entre l'Iran et les États-Unis sur le programme nucléaire iranien.

« L'Iran tiendra des consultations avec les responsables chinois sur le processus de ses discussions indirectes avec les États-Unis et les informera des derniers développements à ce sujet », a déclaré lundi le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaeil Baghaei, lors d'une conférence de presse hebdomadaire à Téhéran, a rapporté l'agence de presse Xinhua.

La Chine et l'Iran discuteront également du programme nucléaire iranien et de la levée des sanctions américaines, ainsi que des relations sino-iraniennes, a fait savoir M. Baghaei. « La Chine peut jouer un rôle constructif et influent en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies », a-t-il ajouté, la qualifiant d'« ami et partenaire important » de l'Iran.

Ding Long, professeur à l'Institut d'études du Moyen-Orient de l'Université d'études internationales de Shanghai, a avancé mardi que la visite du ministre iranien des Affaires étrangères en Chine témoignait du niveau élevé de confiance mutuelle et de l'étroite coordination entre les deux partenaires stratégiques.

Il a indiqué estimer que de telles consultations étaient cruciales et nécessaires, compte tenu du fait que la Chine est membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et est l'un des principaux signataires du Plan d'action global commun (JCPOA) qui avait été signé en 2015.

« La Chine et l'Iran entretiennent des communications intensives sur cette question par divers canaux, notamment des discussions bilatérales et des consultations trilatérales Chine-Russie-Iran », a fait savoir M. Ding.

Les trois parties se sont rencontrées en mars à Beijing et ont publié une déclaration commune soulignant la nécessité de mettre fin à toutes les sanctions unilatérales et d'engagement illégales. Elles ont réaffirmé qu’un dialogue politique et diplomatique fondé sur le principe du respect mutuel demeurait la seule option viable et pratique à cet égard, selon le ministère chinois des Affaires étrangères.

L'Iran et les États-Unis doivent tenir samedi le troisième cycle de leurs négociations indirectes à Mascate, à Oman. Le premier cycle s'est également tenu à Mascate le 12 avril, tandis que le second s'est tenu le 19 avril à Rome, capitale italienne, toujours sous la médiation d'Oman, a rapporté Xinhua.

M. Ding a avancé que l'Iran et les États-Unis étaient fermement déterminés à parvenir à un accord, mais a précisé que de nombreuses divergences subsistaient sur les détails techniques d'un éventuel accord.

De plus, les États-Unis ont adopté une approche de « dissuasion et négociation », ce qui jette une ombre d'incertitude sur les négociations, a-t-il ajouté.

En réponse à une demande d'information sur les négociations nucléaires irano-américaines, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Lin Jian a déclaré début avril que, dans le contexte actuel, il était d'autant plus important que les parties au dossier nucléaire iranien œuvrent dans la même direction, renforcent le dialogue et l'engagement, et évitent toute escalade.

« En tant que pays qui s'est unilatéralement retiré du JCPOA et a provoqué la situation actuelle, les États-Unis doivent faire preuve de sincérité politique, agir dans un esprit de respect mutuel, s'engager dans le dialogue et la consultation, et mettre fin à la menace de la force et de la pression maximale », a indiqué M. Lin.