Chine : un laboratoire de français en réalité virtuelle conjointement lancé par une faculté et une société technologique
Embarquer dans un vol, passer un contrôle frontalier, s'inscrire dans une université française... en Chine, les étudiants qui apprennent le français peuvent désormais vivre ces situations en réalité virtuelle. A Hangzhou, capitale de la province du Zhejiang (est), un laboratoire immersif développé par une entreprise technologique et une faculté locale révolutionne l'apprentissage des langues, en combinant intelligence artificielle, reconnaissance vocale et scénarios ultra-réalistes.
Baptisé "laboratoire de français en réalité virtuelle", ce projet pédagogique se déroule en deux phases. La première, déjà achevée, propose une vingtaine de modules immersifs; la seconde, toujours en cours de développement, devrait être lancée en septembre 2025. L'idée est simple, mais ambitieuse : transporter les étudiants dans un univers virtuel qui reproduit l'expérience d'un parcours pour les études à l'étranger, de l'aéroport en Chine à la salle de cours en France, tout en leur demandant de communiquer uniquement en français.
Au sein de l'Institut international d'innovation de Hangzhou de l'Université d'aéronautique et d'astronautique de Beijing, deux scènes clés structurent cette première phase : l'enregistrement à l'aéroport international Daxing de Beijing et l'inscription dans une université française. A chaque étape, que ce soit la présentation du passeport, l'énonciation du nom ou la confirmation du numéro de vol, les étudiants doivent interagir en français avec des personnages non-joueurs.
Un système de reconnaissance vocale intégré évalue leur prononciation en temps réel. A l'issue de chaque séance, les enseignants reçoivent un rapport détaillé de la performance de chaque apprenant, leur permettant d'adapter l'accompagnement pédagogique. Pour renforcer l'engagement, des mini-jeux sont également intégrés dans le parcours.
"Cela pousse les étudiants à vraiment observer et comprendre", confie un enseignant de l'institut. "Ils deviennent acteurs de leur apprentissage, ce qui est bien plus efficace qu'un cours magistral."
L'immersion, d'un réalisme saisissant, repose sur le casque VR Primax Crystal, conçu par la société chinoise Pimax. Résolution 8K, champ de vision de 140 degrés, densité de pixels atteignant 42 ppd (pixels par degré, une mesure de la finesse d'image), chaque détail vise à reproduire au plus près la vision humaine.
Mais l'innovation ne se limite pas au matériel. Les scènes virtuelles ont été conçues en collaboration étroite avec des enseignants français. Les détails culturels ont fait l'objet d'un soin particulier : jusqu'à la manière de nouer une écharpe, initialement modélisée "à la chinoise" (autour du cou), a été repensée pour épouser les codes français, avec un nœud tombant sur la poitrine. "L'objectif est de garantir une adéquation parfaite entre les scènes virtuelles et la réalité", souligne Qiu Jianbo, directeur chez Pimax.
Chaque séance de réalité virtuelle dure entre 10 et 20 minutes, combinée à des explications en présentiel, explique M. Qiu, en ajoutant qu'à terme, 30 casques seront installés dans les salles de classe, permettant une rotation entre les différentes classes de l'institut.
La prochaine étape consistera à permettre aux étudiants français d'apprendre le chinois grâce à ces mêmes technologies immersives. "Imaginez un étudiant chinois enseignant la confection des raviolis dans un univers virtuel, tandis que son homologue français présente la tour Eiffel en mandarin", explique M. Qiu. "Voilà l'avenir de l'apprentissage linguistique : une véritable rencontre culturelle, enrichie par la technologie."