Pour le peuple
La Chine démontre au monde que la démocratie ne se limite pas à une seule forme et qu’elle peut se manifester de multiples façons. Si les élections constituent une caractéristique essentielle de la démocratie occidentale, elles sont souvent associées à une gouvernance faible marquée par une planification à court terme et une absence de politiques centrées sur les besoins du peuple. Toutefois, il convient de noter que tous les pays occidentaux ne partagent pas le même modèle de gouvernance.
La Constitution chinoise affirme que tout le pouvoir de l’État réside entre les mains du peuple. C’est à travers l’Assemblée populaire nationale (APN) et les assemblées populaires locales à tous les niveaux que le peuple exerce ce pouvoir d’État. Ces assemblées, élues démocratiquement, sont tenues de rendre des comptes au peuple. Les organes exécutifs et judiciaires de l’État, constitués par ces assemblées, leur sont également responsables. L’APN, outre ses fonctions législatives, détient le pouvoir de modifier la Constitution, de surveiller l’application des lois, et d’approuver les plans et budgets économiques.
En somme, le système des assemblées populaires en Chine contredit l’idée répandue selon laquelle le pays ne fournirait pas de véritable moyen pour le peuple d’élire ses représentants.
Le quatrième volume de Xi Jinping : La gouvernance de la Chine met en lumière l’importance du système des assemblées populaires dans la gouvernance chinoise : « Le système des assemblées populaires est un véhicule institutionnel important permettant de réaliser la démocratie populaire sur l’ensemble du processus en Chine. Nous devons, sous la direction du Parti communiste chinois (PCC), élargir sans discontinuer la participation ordonnée du peuple aux affaires politiques, et renforcer la garantie législative des droits de l’homme pour assurer au peuple la jouissance d’une large panoplie de droits et libertés accordés par la loi. Nous devons assurer que le peuple exerce son droit de vote en vertu de la loi et élise démocratiquement les représentants aux assemblées populaires, que ses droits à l’information, à la participation, à l’expression et au contrôle soient concrétisés dans tous les aspects, tous les chaînons et tout le processus du travail des assemblées populaires, et que sa voix soit entendue par le Parti et l’État dans tous les maillons de la prise de décisions, de l’exécution du pouvoir et du contrôle de l’application des politiques. »
Cette analyse illustre le fonctionnement du système des assemblées populaires chinois et sa capacité à instaurer une gouvernance axée sur le peuple. Cela peut nous aider à mieux comprendre la démocratie populaire à processus intégral en Chine, qui intègre les dimensions de la démocratie axée sur les processus et les résultats, fusionnant la démocratie procédurale avec la démocratie substantielle, ainsi que la démocratie directe avec la démocratie indirecte. Cette approche globale crée une démocratie socialiste qui englobe tous les aspects du processus démocratique et touche tous les secteurs de la société, se présentant comme la forme la plus étendue, authentique et efficace de démocratie.
Par ailleurs, le système des assemblées populaires bénéficie de l’appui collaboratif de la Conférence consultative politique du peuple chinois, qui conseille en intégrant les perspectives d’autres partis et groupes politiques. Ainsi, en plus du PCC, diverses entités politiques participent à la législation et à l’élaboration des politiques en Chine, enrichissant le processus démocratique.
Configuration institutionnelle
La Chine est une démocratie populaire à processus intégral. Le Président Xi Jinping affirme que l’authenticité démocratique d’un pays devrait être évaluée par ses citoyens plutôt que par des observateurs étrangers. Au sein de la communauté internationale, la démocratie d’une nation devrait être reconnue par un consensus général, et non par quelques entités autoproclamées comme juges.
Il soutient qu’il n’existe pas de modèle unique ou uniforme de démocratie ; les systèmes politiques mondiaux sont diversifiés et devraient être évalués sur leur propre mérite. « Il est en soi antidémocratique de mesurer les systèmes politiques diversifiés dans le monde à l’aune d’un seul étalon et d’examiner la pluralité des cultures politiques de l’humanité d’un œil unique », fait-il part.
Le Président Xi souligne que « l’adhésion du peuple constitue la plus grande politique ». Il utilise la gestion de l’épidémie de COVID-19 comme exemple, décrivant la réponse de la Chine comme une « guerre de résistance populaire et globale contre l’épidémie ». Cette approche démontre, selon lui, l’efficacité du système des assemblées populaires en tant que structure institutionnelle pour la démocratie.
Le chef d’État insiste sur le fait que le gouvernement chinois s’engage à fournir des résultats tangibles et des avantages concrets pour la population. En appui à cette affirmation, le Fonds monétaire international prévoit une croissance économique chinoise pouvant atteindre 5 % en 2024, ce qui positionnerait la Chine parmi les économies à la croissance la plus rapide au monde. Ceci illustre, selon lui, comment la gouvernance démocratique chinoise favorise le bien-être de son peuple.
Implications pour l’Afrique
Alors que la Chine adopte une posture de modestie, ses dirigeants et universitaires rappellent souvent que leur modèle de développement n’est pas directement transférable. Pendant ce temps, des voix occidentales critiquent, parfois de manière déformée, la présence chinoise en Afrique, la qualifiant de néocolonialiste. Cependant, il est essentiel pour les Africains de s’inspirer des succès observés ailleurs dans le monde et de concevoir des programmes adaptés à leurs propres besoins démographiques. L’expérience chinoise démontre qu’un leadership déterminé et le renforcement de la construction des institutions étatiques capables de mettre en œuvre des stratégies nationales peuvent catalyser des niveaux supérieurs de croissance et de développement.
Chaque nation possède une histoire unique et prend des décisions distinctes concernant son système politique. Des pays comme la Chine ont utilisé leur parcours historique et leurs choix politiques pour stimuler leur économie, permettant ainsi à leur modèle de démocratie de prospérer. Cela offre des leçons précieuses pour l’Afrique et d’autres pays du Sud. Des plateformes telles que le Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) permettent d’apprendre de manière structurée ces expériences.
Les peuples africains soutiendront le FCSA et d’autres initiatives progressistes du Sud, telles que les BRICS Plus, s’ils génèrent des améliorations tangibles du bien-être, et contribuent à réduire la pauvreté et le chômage, comme ce fut le cas en Chine. Dans une certaine mesure, ces plateformes multilatérales fonctionnent comme des assemblées populaires, incarnant les aspirations des peuples d’Afrique et de Chine.
L’auteur est directeur de l’École nationale de gouvernement d’Afrique du Sud.