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Le sommet de l'ASEAN devrait permettre d’élargir le potentiel de coopération entre la Chine et le bloc
Les dirigeants des pays membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) se sont réunis mercredi à Vientiane, capitale du Laos, avec pour objectif de renforcer la coopération économique et sécuritaire dans la région.
L'engagement de l'ASEAN à accélérer le développement et à améliorer la connectivité a permis d’élargir son potentiel de coopération avec la Chine, qui est le plus grand partenaire commercial de l'ASEAN. « En outre, les discussions autour des questions de sécurité, telles que celles de la mer de Chine méridionale, mettront en évidence le consensus entre la Chine et l'ASEAN pour résoudre les différends par le dialogue », selon des experts chinois.
« Contrairement à l'approche mutuellement bénéfique et de promotion de la paix de la Chine dans sa collaboration avec les membres de l'ASEAN, la tendance des États-Unis à former de petites alliances et à utiliser l'ASEAN comme un pion dans la compétition géopolitique sape les aspirations des pays de la région à un développement pacifique », ont avancé ces experts.
Le Premier ministre laotien Sonexay Siphandone a accueilli mercredi dans son discours d'ouverture les nouveaux dirigeants de Thaïlande et de Singapour. Il a déclaré que le Laos, qui préside actuellement l'ASEAN, avait pour objectif sous sa présidence d'aider les membres à travailler ensemble pour gérer les défis géopolitiques et économiques.
« Nous nous aidons mutuellement et travaillons ensemble, à la manière de l'ASEAN », a-t-il souligné.
Nous discuterons et renforcerons la coopération entre les membres de l'ASEAN et d'autres partenaires de dialogue, tout en maintenant l'unité et la centralité de l'ASEAN, a-t-il ajouté, selon Associated Press.
Le Premier ministre chinois Li Qiang participera au 27e sommet Chine-ASEAN, au 27e sommet ASEAN+3, ainsi qu’au 19e sommet de l'Asie de l'Est, qui se tiendront à Vientiane du 9 au 12 octobre. Il effectuera également une visite officielle au Laos, a annoncé mardi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Mao Ning.
« M. Li effectuera cette visite officielle à l'invitation du Premier ministre de la République démocratique populaire lao Sonexay Siphandone, qui préside actuellement l'ASEAN », a fait savoir la porte-parole.
M. Li effectuera également une visite officielle au Vietnam du 12 au 14 octobre, à l'invitation du Premier ministre vietnamien Pham Minh Chinh, a ajouté Mme Mao.
Le thème de la présidence de l'ASEAN par le Laos en 2024 est « ASEAN : renforcer la connectivité et la résilience ». Le renforcement de la connectivité et de la résilience est de la plus haute importance pour garantir les efforts collectifs de l'ASEAN dans le renforcement de la communauté de l'ASEAN afin de saisir les opportunités et de relever efficacement les défis actuels et émergents, peut-on lire sur le site Internet de l'ASEAN.
« Actuellement, les pays membres de l'ASEAN se concentrent toujours sur les questions de développement, mais l'ASEAN est confrontée à certains défis. Par exemple, sur le plan économique, il existe des disparités importantes dans les niveaux de développement entre les États membres », a indiqué mercredi au Global Times Ge Hongliang, vice-doyen du Collège de l’ASEAN à l'Université Minzu du Guangxi.
Alors que la Chine et les membres de l'ASEAN poursuivent leurs efforts pour une reprise économique après la pandémie, les deux parties partagent un grand potentiel pour renforcer la coopération bilatérale en termes de résilience économique régionale et de restructuration et de modernisation des chaînes industrielles, a affirmé M. Ge.
Depuis l'entrée en vigueur du Partenariat économique régional global (RCEP) en 2022, la Chine et certains pays membres de l'ASEAN ont fait des efforts significatifs en termes de développement économique global et d'intégration dans la région, notamment dans le domaine de la libéralisation du commerce et des investissements, ont noté des experts.
« Le voyage en cours du Premier ministre Li dans l'ASEAN devrait permettre de renforcer les relations bilatérales, favoriser une coopération substantielle plus approfondie et renforcer les échanges interpersonnels, ce qui catalysera davantage la paix, la stabilité et la prospérité régionales », a affirmé mercredi au Global Times Chen Xiangmiao, directeur du Centre mondial de recherche de la marine à l'Institut national d'études sur la mer de Chine méridionale.
« Une solution pacifique du différend en mer de Chine méridionale est ce que la plupart des membres de l'ASEAN souhaitent voir, et ces pays sont contre une nouvelle escalade de la situation », selon M. Ge, qui a soutenu que « la mise en avant de la question de la mer de Chine méridionale lors du sommet n'est pas bien accueillie par tous, sauf par quelques pays ».
M. Chen a noté que le Laos, en tant que président actuel de l'ASEAN, n'est pas directement impliqué dans la question de la mer de Chine méridionale et exerce une influence significative sur l'ordre du jour du sommet. En conséquence, les discussions sur la question de la mer de Chine méridionale devraient être relativement modérées et ne seront pas dominées par la position d'un seul pays.
Les États-Unis sèment la discorde
« Le secrétaire d'État américain Antony Blinken représentera les États-Unis lors des sommets avec les dirigeants asiatiques au Laos cette semaine, et il s'attend à discuter des droits de l'homme au Myanmar, du comportement “irresponsable” de la Chine en mer de Chine méridionale, ainsi que de l’Ukraine », a rapporté Reuters mardi, citant des responsables américains.
Le secrétaire d'État adjoint américain aux affaires de l'Asie de l'Est et du Pacifique, Daniel Kritenbrink, a indiqué aux journalistes que plusieurs questions liées à la Chine seraient abordées lors du voyage de M. Blinken, notamment les « mesures irresponsables et escalatoires de la Chine destinées à contraindre et à faire pression sur de nombreux pays ayant des prétentions en mer de Chine méridionale ».
Concernant l’Ukraine, il a déclaré : « Nos inquiétudes concernant le fort soutien de la Chine à la base industrielle de défense russe demeurent. Elles perdurent, et je dirais même qu'elles s'accentuent ».
Chen Xiangmiao a avancé que « Washington utilise souvent les plateformes internationales pour critiquer la Chine, transformant ces lieux en arènes de compétition sino-américaine. Cette approche reflète une mentalité typique de la Guerre froide, car les États-Unis considèrent l'ASEAN comme un simple pion dans leurs efforts pour contrer la Chine, tout en ignorant le désir de la région de se développer pacifiquement et son ressentiment croissant d'être utilisé comme un outil dans les rivalités géopolitiques majeures ».
Dans l'enquête sur l'« État de l'Asie du Sud-Est 2024 », menée en avril de cette année par l'Institut ISEAS-Yusof Ishak, basé à Singapour, plus de la moitié des personnes d'Asie du Sud-Est ont affirmé qu'elles se rangeraient du côté de la Chine plutôt que des États-Unis si elles étaient obligées de choisir. La Chine a également été choisie comme la puissance économique la plus influente de la région par la plupart des personnes interrogées, 59,9% d'entre elles la choisissant plutôt que les États-Unis.
« Mettre l'accent sur son soutien à l'Ukraine dans les cadres bilatéraux et multilatéraux est une caractéristique de la politique américaine. Cependant, les pays d'Asie du Sud-Est sont peut-être plus préoccupés par les conflits au Moyen-Orient », a déclaré M. Chen. Il a noté que les pays comme l'Indonésie et la Malaisie, qui comptent une importante population musulmane, soutiennent fermement les Palestiniens et condamnent Israël pour la crise de Gaza et les opérations militaires israéliennes qui nuisent à d'autres nations du Moyen-Orient. Par conséquent, les voix des pays d'Asie du Sud-Est concernant le conflit au Moyen-Orient pourraient lors du sommet de cette année constituer un défi pour les États-Unis, qui ont longtemps laissé libre cours à Israël.
Plus tôt ce mois-ci, lors d'un discours prononcé à l'ONU à New York, le ministre malaisien des Affaires étrangères, Mohamad Hassan, a exigé que le Conseil de sécurité de l'ONU impose un embargo immédiat sur les armes contre Israël. « Ils ont déjà franchi la ligne rouge, et nous devons prendre des mesures drastiques pour mettre un terme à leur barbarie », a-t-il déclaré, selon le média malaisien Bernama.
S'exprimant également à l'ONU après les bombardements qui ont tué un haut dirigeant du Hezbollah, la ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Marsudi, a demandé si le Conseil de sécurité prendrait des mesures pour mettre fin aux « atrocités d'Israël » seulement lorsque tous les Palestiniens seraient déplacés ou après que 100 000 d’entre eux aient été tués.
Source:french.china.org.cn |