La Chine et l'Afrique resteront à l'avant-garde dans leur poursuite de la modernisation

M. Xi a organisé un banquet de bienvenue pour les invités participant au sommet du FCSA

Le président chinois Xi Jinping a salué mercredi l'« illustration brillante » des relations sino-africaines, alors que la Chine a déroulé le tapis rouge aux dirigeants africains participant à un grand sommet qui devrait encore renforcer les liens.

M. Xi et son épouse Peng Liyuan ont organisé un banquet pour accueillir les invités internationaux qui se trouvent à Beijing pour le sommet 2024 du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA). « La communauté de destin sino-africaine est profondément enracinée dans l'amitié traditionnelle entre les deux parties », a déclaré M. Xi, ajoutant que cette amitié restait solide et se renforçait au fil des générations, quelle que soit l'évolution du monde.

Mercredi marquait le début du sommet de trois jours du FCSA 2024, organisé sur le thème « Unir nos forces pour faire avancer la modernisation et construire une communauté de destin sino-africaine de haut niveau ». Il s'agit du plus grand événement diplomatique organisé par la Chine ces dernières années, avec la plus grande participation de dirigeants étrangers.

« La communauté de destin sino-africaine prospère grâce à la force de la coopération mutuellement bénéfique. Il y a 24 ans, le FCSA est né à l'aube d'un nouveau siècle », a indiqué M. Xi, notant que grâce à cette plateforme de coopération clé, « nous avons construit ensemble des routes, des chemins de fer, des écoles, des hôpitaux, des parcs industriels et des zones économiques spéciales. Ces projets ont changé la vie et le destin de nombreuses personnes ».

Notant que la communauté de destin sino-africaine grandissait au fil du temps, M. Xi a affirmé que les deux parties avaient maintenu une coopération et une coordination étroites sur les grandes questions internationales et régionales et avaient ensemble renforcé la voix du Sud global.

Il s'est dit confiant que « tant que les 2,8 milliards de Chinois et d'Africains seront unis, nous accomplirons ensemble de nouveaux et plus grands exploits sur la voie de la modernisation, mènerons le mouvement de modernisation du Sud global, et apporterons de plus grandes contributions à la communauté de destin pour toute l'humanité ».

Plus tôt dans la journée, M. Xi a rencontré les dirigeants de plusieurs pays africains, dont la Sierra Leone, la Guinée équatoriale, le Sénégal, la Tanzanie, la Zambie, le Mozambique, l'Éthiopie, la Libye, le Gabon et le Cameroun.

La Chine et le Cameroun ont annoncé à cette occasion l'élévation de leurs relations bilatérales au niveau d'un partenariat stratégique global, tandis que la Chine et la Libye ont annoncé l'établissement d'un partenariat stratégique entre les deux pays.

Mercredi également, M. Xi, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan et le président zambien Hakainde Hichilema ont conjointement assisté à la signature d'un protocole d'accord sur le projet de revitalisation du chemin de fer de l'Autorité ferroviaire Tanzanie-Zambie (TAZARA).

Un nouveau plan directeur

La théorie et la pratique de la modernisation chinoise ont fourni un paradigme qui peut être emprunté pour la voie de la modernisation de l'Afrique, tout en esquissant un nouveau plan directeur pour la coopération sino-africaine, ont avancé des experts.

« Alors que le discours occidental se concentre sur “les pays développés et les pays en développement”, “le Nord et le Sud”, créant un fossé dans la mentalité des citoyens des pays locaux, la Chine a offert à l'Afrique une perspective très différente », ont soutenu des universitaires africains lors du FCSA en cours à Beijing.

« La Chine dit “allons-y ensemble”. L'initiative chinoise vise à parvenir à la modernisation et à l'industrialisation pour un avenir meilleur, ce qui ne sera pas fait par les États-Unis ou d'autres grandes puissances, mais par toutes les puissances ensemble car nous sommes tous partenaires », a déclaré au Global Times Rana Mohamed Abd El AAl Mazid, directeur et professeur associé de sciences politiques à l'Université du canal de Suez, en Égypte.

« Pour les pays africains qui ont été fortement perturbés par des forces extérieures dans le passé, la Chine, qui a également souffert du pillage colonial, a réussi à briser le “paradoxe de la modernisation” et à dissiper l'idée fausse selon laquelle “modernisation équivaut à occidentalisation”, en s'engageant sur une nouvelle voie avec indépendance et autonomie », ont affirmé des universitaires africains.

La modernisation chinoise offre des perspectives à l'Afrique sous deux aspects principaux : le développement économique et la gouvernance sociale, a déclaré Song Wei, professeur à l'École des relations internationales et de la diplomatie de l'Université des études étrangères de Beijing.

« La Chine a connu une croissance économique significative après la réforme et l'ouverture, devenant rapidement la deuxième économie mondiale. Cette expérience est particulièrement intéressante pour l'Afrique, car l'accession à l'indépendance économique est actuellement sa tâche la plus cruciale », a-t-il indiqué.

Avant d'assister à l'événement de Beijing, plusieurs dirigeants de pays africains ont visité ces derniers jours des villes chinoises pionnières du développement économique via la réforme et l'ouverture, notamment Shanghai et Shenzhen.

« Ces villes ont une riche expérience dans le développement de zones économiques et elles ont réussi à attirer des investissements étrangers en optimisant leur environnement des affaires. Ces expériences sont attrayantes pour l'Afrique et l'aident à attirer des capitaux internationaux pour stimuler la croissance », a noté M. Song.

« Avec des défis tels que divers conflits ethniques à travers le continent, les expériences de la Chine en matière de gouvernance populaire, de politiques minoritaires, de réformes des performances des gouvernements locaux et de réduction de la pauvreté offrent des informations précieuses », a avancé le professeur chinois.

« Une autre option »

« La modernisation chinoise a donné à l'Afrique et au monde “une autre option” qui est différente de l'Occident et met davantage l'accent sur la recherche d'une voie plus adaptée aux conditions propres à chaque pays », ont affirmé des experts, certains estimant que le cas de la Chine à cet égard est plus utile comme référence, compte tenu des contextes historiques similaires, des points de départ similaires et de la tâche commune de transformation rapide à laquelle sont confrontés les « retardataires ». Cela rend la coopération en matière de capacités de gouvernance entre la Chine et l'Afrique particulièrement cruciale, ont indiqué des observateurs.

« Le paysage politique évolue, avec des règles du jeu en train de changer. Le système de Bretton Woods, autrefois dominant, s’est transformé, s’éloignant des notions de justice et d’égalité. Au lieu de cela, la Chine établit de nouveaux piliers pour un système plus juste, qui favorise les avantages mutuels et la coopération plutôt qu’une mentalité à somme nulle », ont soutenu certains experts.

« Le rôle de l’État dans la conduite du développement est crucial, en particulier dans la gestion de la dette pour les infrastructures et les biens publics. Cependant, la structure de gouvernance héritée de l’Occident pose des défis et conduit même à des troubles sociaux. Il est essentiel de s’attaquer à ces contradictions pour que l’Afrique progresse dans son programme de modernisation », selon Munetsi Madakufamba, directeur exécutif du Centre de recherche et de documentation d’Afrique australe.

M. Madakufamba a déclaré que « le plus important est que la Chine ait suivi un chemin similaire. La Chine a de l’expérience, elle a traversé des épreuves et a commis des erreurs en cours de route… La coopération entre la Chine et l’Afrique est un partenariat gagnant-gagnant, soulignant l’importance de comprendre le contexte, les circonstances et les priorités de développement de chacun ».