La Chine fixe un objectif de croissance du PIB d’environ 5% pour 2024, signalant une reprise économique ferme et une croissance de haute qualité

La Chine a fixé mardi un objectif de croissance d'environ 5% pour son économie en 2024, un objectif « tourné vers l’avenir et pragmatique » qui, selon des députés et des économistes, envoie des signaux forts selon lesquels la deuxième économie mondiale maintiendra sa forte dynamique de reprise cette année malgré les vents contraires croissants, tout en mettant davantage l’accent sur la garantie de la stabilité économique et la transformation des modèles de croissance.

Même si atteindre l'objectif de croissance ne sera pas une tâche facile, compte tenu de la taille de l'économie chinoise et d'un environnement mondial morose, les responsables chinois ont exprimé leur ferme conviction que l'économie atteindra probablement, voire dépassera cet objectif, car elle sera soutenue par la vigueur économique du pays ainsi que par la volonté stratégique et la riche boîte à outils à portée de main des principaux décideurs chinois.

Selon des observateurs chinois, « l’agenda économique très attendu offre également une réfutation opportune aux prophètes de malheur occidentaux qui n’ont ménagé aucun effort pour dénigrer l’économie chinoise ». Une croissance de 5% du PIB cette année ferait de la Chine l’une des grandes économies à la croissance la plus rapide, suscitant l’espoir que le pays continuera à servir à la fois de stabilisateur et de locomotive pour le monde.

Une forte confiance

L'objectif d'un PIB d'environ 5%, ainsi qu'une série d'autres objectifs économiques clés, ont été publiés dans le rapport d'activité du gouvernement présenté mardi par le Premier ministre chinois Li Qiang lors de la deuxième session de la 14e Assemblée populaire nationale (APN).

L'objectif du PIB est similaire à celui de l'année dernière et est conforme aux attentes du marché, ce qui, selon des observateurs, reflète la priorité du pays pour maintenir une cohérence politique et la stabilité économique.

En fixant l’objectif du taux de croissance, les décideurs chinois ont pris en compte la nécessité de stimuler l’emploi et les revenus, ainsi que de prévenir et de désamorcer les risques. Ce taux de croissance est bien aligné sur les objectifs du 14e Plan quinquennal (2021-2025) et sur l'objectif de réaliser la modernisation du pays. Il prend également en compte le potentiel de croissance et les conditions qui soutiennent la croissance, et reflète la nécessité de poursuivre les progrès ainsi que de s'efforcer d'obtenir des résultats, indique le rapport d'activité du gouvernement.

Tout en reconnaissant qu'il ne sera pas facile d'atteindre les objectifs de cette année, M. Li a promis que le pays « maintiendra son orientation politique, travaillera plus dur et mobilisera les efforts concertés de toutes les parties ».

« L'objectif du PIB est tourné vers l’avenir et est très inspirant. Dans le rapport d'activité du gouvernement, les décideurs politiques chinois n’ont pas hésité à faire face aux défis et aux pressions à la baisse de cette année, et ils ont fait preuve d'une grande confiance et d'une grande capacité à les affronter de front », a déclaré mardi Pan Biling, membre du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) et président de l'Université de Xiangtan.

Tian Yun, un économiste chevronné basé à Beijing, a indiqué mardi au Global Times que cet objectif soulignait également la stratégie de réflexion des autorités chinoises, basée sur une évaluation sobre du pire des cas.

« Sans un certain niveau modeste d'expansion du PIB, il sera très difficile de consolider l'économie réelle, de maintenir un développement sain du marché des capitaux et d'élever les attentes sociales », a-t-il expliqué. « Et un ralentissement brutal pourrait alimenter les incertitudes sociales et les risques financiers. »

Des observateurs ont déclaré qu'une croissance du PIB de 5% correspondait aux objectifs de développement à long terme définis par le 14e Plan quinquennal ainsi qu’aux Objectifs à long terme pour 2035, qui stipulent que le PIB du pays devrait doubler d'ici 2035 par rapport à son niveau de 2020. Cela constitue également une condition nécessaire pour que la Chine puisse atteindre son objectif de « créer plus de 12 millions de nouveaux emplois urbains » en 2024, indique le rapport d'activité du gouvernement.

M. Tian a souligné que si l'économie chinoise atteignait une croissance de 5% ou plus cette année, elle resterait l'une des plus rapides parmi les grandes économies.

Un taux de croissance d'environ 5% serait également plus rapide que le taux de croissance mondial de 3,1% projeté par le Fonds monétaire international (FMI), ou que la prévision de 1,5% pour les économies avancées et de 4,1% pour les pays émergents et les économies en développement. Le FMI, dans son dernier rapport sur les « Perspectives de l'économie mondiale » publié en janvier, a prévu que le PIB de la Chine pourrait augmenter de 4,6% en 2024.

« La contribution nette de la Chine à l'économie mondiale est sur le point d'être plus importante que celle des décennies précédentes, compte tenu de sa base élevée », a noté M. Tian. Des observateurs ont indiqué estimer que l’économie chinoise contribuerait cette année de 30 à 35% à la croissance mondiale.

Han Baojiang, membre du Comité national de la CCPPC et professeur à l'École du Parti du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), a déclaré au Global Times que fixer un objectif de PIB était également « une réponse opportune et claire à certaines voix pessimistes vis-à-vis de l'économie chinoise, en particulier venant de l’international ».

« La positivité dégagée par les travaux économiques contraste clairement avec les calomnies occidentales contre l'économie chinoise. Et ces prophètes de malheur ne comprennent pas la vigueur et le potentiel d'une économie dont la modernisation implique 1,4 milliard de personnes », a avancé M. Han.

Transformer le modèle de croissance

Des députés et des conseillers politiques ont indiqué au Global Times que le rapport d'activité du gouvernement de cette année contenait de nombreuses nouvelles idées politiques. « J'ai pu voir un esprit de réforme et d'innovation dans la feuille de route économique », a affirmé Pan Biling.

Selon le rapport, la Chine agira plus rapidement pour créer un nouveau modèle de développement et promouvoir un développement de haute qualité. Le rapport a mis en évidence 10 tâches majeures pour cette année, avec « les efforts visant à moderniser le système industriel et à développer de nouvelles forces productives de qualité à un rythme plus rapide » figurant en tête de liste.

« De nouvelles forces productives de qualité sont un concept pionnier proposé par les plus hauts dirigeants chinois l'année dernière. Alors que l'économie chinoise traverse une période de transition structurelle, la création de telles forces aura un impact considérable non seulement sur l'orientation du progrès économique, mais aussi sur le façonnement du paysage technologique mondial », a affirmé M. Han, tout en soulignant l'avantage systématique de la Chine dans la préparation pour ces nouvelles initiatives.

Chen Fengying, économiste et ancienne directrice de l'Institut d'études économiques mondiales aux Instituts chinois des relations internationales contemporaines, a déclaré mardi au Global Times que, s'appuyant sur le rapport d'activité du gouvernement, elle s'attendait à voir des « efforts plus larges » du gouvernement chinois en matière d'innovation, de réforme et d'ouverture.

Selon elle, « l'environnement international reste complexe face à une année chargée en élections présidentielles. Parallèlement, les États-Unis visent l'industrie technologique chinoise avec leur approche du “petit terrain, haute clôture”. Au niveau domestique, l’économie chinoise fait également face à une série d’obstacles - notamment une faible confiance du marché et un ralentissement du marché immobilier - qui pourraient peser sur les perspectives de développement ». Elle a souligné qu'il était crucial que la Chine approfondisse ses réformes, notamment en ce qui concerne les exigences internes, afin de soutenir une véritable reprise économique.

Le rapport d'activité du gouvernement présage également davantage de mesures de relance budgétaire pour soutenir l'économie cette année, ont noté des économistes.

Le ratio déficit/PIB de la Chine a été fixé à 3% cette année, et le déficit public à 4060 milliards de yuans, soit une augmentation de 180 milliards de yuans par rapport au budget de 2023.

« Nous devrions renforcer de manière appropriée l'intensité de notre politique budgétaire proactive ainsi qu’améliorer sa qualité et son efficacité », a déclaré le Premier ministre Li. Il a également proposé que 1000 milliards de yuans de bons du Trésor spéciaux ultra-longs soient émis en 2024, et que de tels bons soient également émis au cours de chacune des prochaines années.

« C'est le bon moment pour intensifier l'émission de bons du Trésor spéciaux, car le coût d'emprunt diminuera légèrement dans les mois à venir et l'inflation en Chine est relativement faible », a déclaré M. Tian, ajoutant que la Chine disposait encore d'une marge suffisante pour davantage de mesures budgétaires et monétaires cette année.

Des observateurs ont affirmé que si le potentiel de toutes les ressources disponibles et d'autres éléments était pleinement utilisé, la Chine pourrait atteindre un taux de croissance du PIB compris entre 5 et 6% cette année, soit bien au-dessus de l'objectif de 5%.

La reprise économique et la croissance globales de la Chine se sont renforcées en 2023, selon M. Li. Le PIB du pays a dépassé 126 000 milliards de yuans l'année dernière, soit une augmentation de 5,2%, plaçant la Chine parmi les principales économies à la croissance la plus rapide au monde.