L’attention mondiale rivée sur la diplomatie chinoise

Alors que les deux sessions annuelles de l’APN et de la CCPPC doivent débuter la semaine prochaine, les projecteurs internationaux devraient une fois de plus se retrouver braqués sur la stratégie diplomatique de la Chine, alors que le pays s’apprête à présenter ses mesures politiques lors du plus grand évènement annuel de son calendrier politique.

Servant de fenêtre permettant au monde d’observer la politique de la Chine, les sessions de l’Assemblée populaire nationale (APN, le plus haut organe législatif du pays) et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC, le plus haut organe consultatif politique du pays) se tiennent en mars de chaque année. Des milliers de législateurs et de conseillers politiques de tout le pays participent à ces deux sessions pour esquisser la ligne de conduite future de la Chine pour son développement global.

Dans un contexte d’instabilité et d’incertitudes croissantes à l’échelle mondiale, les attentes sont grandes vis-à-vis du rôle de la Chine, en tant que deuxième économie mondiale et acteur international important, dans l’ancrage de la stabilité et de la croissance pour promouvoir la paix, la sécurité et la coopération mondiales.

En réponse à un sondage en ligne mené par le site internet China Daily sur l’intérêt des lecteurs pour la diplomatie chinoise, certaines personnes ont déclaré que la politique étrangère du pays avait été exemplaire dans la promotion de la paix et de la prospérité dans le monde.

D’autres se sont interrogés sur « les défis et les opportunités » auxquels la Chine sera confrontée dans un contexte d’incertitudes importantes en 2024, qui sera également une « super année électorale ». Les élections générales de certains pays, dont les Etats-Unis et la Russie, auront lieu cette année, de même que l’élection du Parlement européen, l’un des organes législatifs de l’Union européenne.

S’exprimant lors de la Conférence de Munich sur la sécurité le 17 février, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a déclaré que la Chine continuerait à « servir de force forte pour la stabilité dans un monde turbulent, où l’économie mondiale est plombée par le protectionnisme et l’abus du concept de sécurité, le système international est affaibli par l’unilatéralisme et la politique des blocs, et les conflits régionaux, tels que les crises ukrainienne et de Gaza, se poursuivent sans relâche ».

Pour Gunter Schoech, le fondateur et directeur général de la société d’études de marché et de conseil Debrouillage basée en Allemagne, dans un monde où les pays occidentaux tentent de se découpler de la Chine, voire de bloquer son développement et la mondialisation en général, c’est la Chine qui fait pression pour plus de multilatéralisme et d’ordre mondial.

« La Chine fournit le plus grand contingent de maintien de la paix et la deuxième plus grande contribution au budget des Nations Unies. […] Elle s’est engagée à tenir les promesses de la COP28 en matière de lutte contre les changements climatiques, de gouvernance mondiale de l’intelligence artificielle et de moteur de croissance pour le monde. Elle a appelé au cessez-le-feu, à la négociation et au règlement pacifique des conflits en Ukraine et à Gaza, et elle a négocié l’accord de paix entre l’Arabie saoudite et l’Iran l’année dernière », fait-il remarquer.

Selon lui, « assumer de telles responsabilités supplémentaires en matière de stabilisation mondiale va de pair avec le poids croissant de la Chine au sein de la communauté mondiale, basé sur son essor économique ».

Plusieurs observateurs estiment que la politique de la Chine à l’égard des grands pays, en particulier les Etats-Unis, ainsi que les mesures spécifiques pour promouvoir l’ouverture qui seront dévoilées au cours des deux sessions figureront également parmi les points forts qui attireront l’attention internationale.

He Zhigao, un professeur associé à l’Institut d’études européennes et chercheur à l’Institut national de stratégie mondiale affilié à l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC), note que la Chine, qui contribue à faciliter la stabilité et la continuité de l’ordre international, est un grand pays responsable avec lequel travailler.

« Les pays doivent renforcer la nature gagnant-gagnant de la coopération, rejeter la dynamique perdant-perdant de la rivalité et promouvoir conjointement un monde multipolaire équitable et ordonné, ainsi qu’une mondialisation économique universellement bénéfique et inclusive », affirme-t-il.