La réduction par la Chine de ses avoirs en bons du Trésor américain jugée « nécessaire »

La poursuite par la Chine de la réduction de ses avoirs en bons du Trésor américain est nécessaire, étant donné la détérioration de la qualité de la dette américaine détenue par les gouvernements et les institutions étrangères ainsi que la nécessité pour la Chine d'optimiser la structure de ses actifs à l'étranger, ont affirmé des experts.

Selon les données de Treasury International Capital (TIC) publiées mardi par le Département du Trésor américain, la Chine détenait en octobre un montant net de 769,60 milliards de dollars d'obligations du gouvernement américain, en baisse de 8,5 milliards de dollars par rapport au mois précédent et le niveau le plus bas depuis 2009. Il s'agissait également du septième mois consécutif de baisse.

Le système de rapport statistique TIC représente la source de données du gouvernement américain sur les flux de capitaux entrant et sortant des États-Unis. Les investissements directs et les niveaux de créances et de passifs transfrontaliers qui en résultent sont exclus de ces données. La Chine est le deuxième détenteur étranger d’obligations du gouvernement américain, derrière le Japon. Les avoirs chinois en bons du Trésor américain ont diminué de près de 100 milliards de dollars jusqu'à présent cette année.

Yu Yongding, membre des divisions académiques de l'Académie chinoise des sciences sociales, a déclaré dimanche lors d'un forum qu'il ne fallait pas se méprendre sur la réduction des avoirs chinois et croire que le pays se débarrassait de la dette américaine. C’est simplement que la Chine n’a pas acheté de nouvelles obligations lorsque les obligations précédemment investies sont arrivées à échéance.

M. Yu, qui a été conseiller auprès de la Banque populaire de Chine (BPC, banque centrale), a souligné qu'il était « nécessaire » pour la Chine de réduire ses avoirs en bons du Trésor américain de manière ordonnée, compte tenu de la détérioration de la qualité de la dette américaine détenue par d’autres, de la baisse des taux d’intérêt des bons du Trésor américain, et de la probabilité d’un ralentissement économique aux États-Unis.

En 2006, le ratio dette nette/PIB des États-Unis dépassait 10%, déstabilisant le marché des capitaux. Ce ratio est désormais passé à 60-70%. Cela indique que la dette nette américaine détenue par des entités étrangères va continuer à se détériorer, ce qui pourrait être aggravé par la hausse continue des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed). Par conséquent, une réduction ordonnée des bons du Trésor américain détenus par la Chine est tout à fait nécessaire, a-t-il déclaré.

En août, Fitch Ratings a abaissé la note de crédit des États-Unis de AAA à AA+. Moody's Investors Service a abaissé en octobre sa perspective sur la dette publique américaine de « stable » à « négative », en raison d'importants déficits budgétaires et d'une baisse de l'accessibilité de la dette.

M. Yu a affirmé que la Chine devrait intensifier ses efforts pour ajuster la structure de ses actifs et passifs à l'étranger, augmenter ses revenus provenant des actifs nets à l'étranger, et faire de son mieux pour réduire ses réserves de change à un niveau adéquat et reconnu internationalement.

Pour maintenir la sécurité des réserves de change et des actifs à l'étranger de la Chine, le pays devrait s'efforcer de maintenir un commerce extérieur équilibré et de faire du marché intérieur son pilier économique sur une longue période, a indiqué M. Yu.

Wang Qing, analyste macroéconomique en chef chez Golden Credit Rating, a déclaré que la réduction des avoirs chinois en obligations américaines était une tendance à long terme depuis leur pic vers la fin de 2013. En une décennie, ces avoirs ont diminué de près de 34%. Au cours de la même période, les réserves d'or de la Chine ont continué d'augmenter, atteignant 70,46 millions d'onces fin septembre, soit plus du double du niveau de fin 2013.

Cela peut être considéré comme faisant partie des efforts à long terme de la Chine pour optimiser la structure de ses réserves de change, a-t-il noté.

Les données du TIC ont montré que les avoirs étrangers globaux en bons du Trésor américain avaient chuté pour le deuxième mois consécutif à environ 7570 milliards de dollars en octobre, contre plus de 7600 milliards de dollars en septembre.

Luo Zhiheng, économiste en chef chez Yuekai Securities, a affirmé que la demande de bons du Trésor américain était insuffisante, principalement en raison de la réduction du bilan de la Fed et du fait que les marchés émergents vendent des bons du Trésor américain depuis juillet pour stabiliser leurs taux de change face à la hausse du dollar américain.

Suite à l’effondrement de la Silicon Valley Bank en mars, la capacité des banques commerciales américaines à absorber les bons du Trésor américain a diminué. Les institutions nationales américaines sont devenues particulièrement prudentes quant à l'achat d'obligations à long terme, a souligné M. Luo.