Des experts plaident en faveur de réformes pour stimuler la croissance

Des efforts politiques pourraient aider à atteindre le niveau potentiel de la croissance, selon des experts

La Chine devrait envisager d'amplifier son soutien macroéconomique de manière précise l'année prochaine afin de soutenir un taux de croissance économique annuel stable d'environ 5%, ont déclaré dimanche des experts.

Un flot de mesures de relance serait inapproprié en 2024, en raison des effets secondaires potentiels et du rétrécissement de la portée des politiques, ont-ils affirmé lors d'un forum, soulignant la nécessité de donner la priorité à l'approfondissement des réformes fondées sur des règles et orientées vers le marché pour stimuler la croissance.

Xiao Gang, ancien président de la Commission chinoise de réglementation des valeurs mobilières (CSRC), a souligné que l'économie chinoise avait connu une reprise continue cette année mais qu'elle restait confrontée à de multiples défis, « allant de la contraction de la demande extérieure et de l'insuffisance de la demande intérieure aux restrictions imposées par certaines économies occidentales à la Chine et à la concurrence d’autres économies émergentes ».

Pour faire face à ces défis, il est judicieux que la Chine renforce une politique budgétaire proactive et optimise la structure de la dette, car la majeure partie de la dette publique prend actuellement la forme d'emprunts par les gouvernements locaux, a déclaré M. Xiao lors de la réunion annuelle du Forum macroéconomique chinois, un groupe de réflexion de l'Université Renmin de Chine.

S'exprimant lors du même événement, Gao Peiyong, académicien à l'Académie chinoise des sciences sociales, a indiqué que les politiques macroéconomiques devraient soutenir de manière précise les liens critiques de la reprise économique, car des mesures de relance de grande envergure ont vu leur effet politique diminuer et pourraient déclencher des effets néfastes à plus long terme.

Un approfondissement de la réforme est de la plus haute importance, car il permettrait de résoudre le problème majeur de l'affaiblissement des attentes du marché, a assuré M. Gao.

Ces propos interviennent à un moment où l'attention se porte sur la manière dont la prochaine Conférence centrale sur le travail économique, qui a généralement lieu chaque année en décembre, donnera le ton de l'élaboration de la politique économique de la Chine pour 2024, après que le taux de croissance du PIB du pays a atteint 5,2% en glissement annuel au cours des trois premiers trimestres.

Yu Ze, vice-doyen de l'École d'économie de l'Université Renmin de Chine et membre du Forum macroéconomique chinois, a déclaré que selon les prévisions du groupe de réflexion, l'économie chinoise devrait se stabiliser davantage en 2024 et enregistrer une croissance annuelle d'environ 4,8% en glissement annuel, marquant une hausse par rapport à un taux de croissance annualisé sur deux ans estimé à 4,1% pour 2022 et 2023.

« Le taux de croissance annualisé sur deux ans corrige la distorsion des chiffres économiques provoquée par les perturbations dues au COVID-19 en 2022 », a affirmé M. Yu.

Les moteurs de croissance en 2024 devraient inclure l'amélioration des bénéfices des entreprises, la récupération des revenus des ménages, la stabilisation de l'activité du secteur immobilier et l'accélération de la croissance des exportations, tout cela couplé à des moteurs de croissance structurels tels que la combinaison de l'intelligence artificielle (IA) et des applications 5G, a prédit M. Yu.

Des experts ont déclaré qu’une croissance de 4,8% resterait inférieure au taux observé avant le COVID-19 – la croissance économique de la Chine était de 6,1% en 2019 –, ce qui rendrait nécessaires des efforts politiques pour ramener la croissance à son niveau potentiel.

« Nous suggérons de fixer l'objectif de croissance économique de l'année prochaine à 5%, ce qui contribuera à stabiliser l'emploi, à renforcer les attentes du marché et à garantir la réalisation des objectifs de développement du 14e Plan quinquennal (2021-2025) », a indiqué M. Yu.

Pour atteindre cet objectif, la Chine devrait donner la priorité à l'approfondissement des réformes orientées vers le marché, notamment en ce qui concerne le marché des capitaux et le système fiscal, et ce tout en intensifiant les ajustements macroéconomiques tels que l'augmentation du ratio de déficit budgétaire et la réduction supplémentaire des coûts de financement, a poursuivi M. Yu.

Wu Xiaoqiu, ancien vice-président de l'Université Renmin de Chine, a déclaré que les possibilités d’utilisation de mesures de relance pour stimuler la croissance s'étaient réduites et que les décideurs politiques devaient les utiliser dans des domaines cruciaux, ajoutant que le fardeau total de la dette publique du pays était proche du niveau moyen observé dans les économies développées.

M. Wu a souligné que la masse monétaire du pays ne devrait pas augmenter de manière excessive, ce qui nuirait à la crédibilité du renminbi et entraverait son internationalisation. « Au lieu d'une relance à court terme, un système fondé sur des règles cohérentes, stables et efficaces constitue la solution fondamentale aux problèmes auxquels l'économie chinoise est confrontée. »

Pan Gongsheng, gouverneur de la Banque populaire de Chine (BPC, banque centrale), a promis plus tôt ce mois-ci que la banque centrale maintiendrait une croissance raisonnable de l'offre de monnaie et de crédit tout en renforçant son soutien à des domaines spécifiques tels que l'innovation technologique, les entreprises privées et les petites entreprises, l'industrie manufacturière de pointe, le développement vert et les soins aux personnes âgées.