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La Chine et l’UE tiennent des discussions économiques et commerciales « productives »

French.china.org.cn | Mis à jour le 26. 09. 2023 | Mots clés : Chine,UE
french.china.org.cn | 26. 09. 2023

Des responsables chinois et européens ont tenu lundi à Beijing un dialogue économique et commercial de haut niveau pour la première fois depuis la pandémie de COVID-19, indiquant que les discussions avaient été « approfondies, franches et productives » et qu’ils avaient atteint une série de nouveaux résultats gagnant-gagnant et un consensus dans divers domaines, dont la mise en place d'un mécanisme de communication pour les contrôles à l'exportation.

« La tenue réussie du 10e Dialogue économique et commercial de haut niveau Chine-UE et le ton relativement constructif qui a suivi la réunion ont envoyé un message positif au monde: dans un contexte de grave récession économique mondiale et d'autres défis, deux des plus grandes économies mondiales tentent de gérer leurs différends et de renforcer la coopération », ont noté des experts chinois.

« Cependant, des différences et des défis majeurs demeurent, car l'Union européenne (UE) a pris une série de mesures politiques ces derniers mois, dans le cadre de sa campagne dite de “réduction des risques”, qui ont été largement considérées comme ciblant la Chine et les entreprises chinoises », selon ces experts. « Alors que l'UE continue de prétendre qu'elle ne cherche pas à se dissocier de la Chine et à lancer des accusations contre le marché chinois, c'est Bruxelles qui doit prendre des mesures concrètes pour mettre un terme à son protectionnisme croissant », ont-ils avancé.

Des discussions constructives

Lundi après-midi, le vice-Premier ministre chinois He Lifeng et le vice-président exécutif et commissaire au Commerce de la Commission européenne Valdis Dombrovskis ont co-présidé le 10e Dialogue économique et commercial de haut niveau à la maison d'hôtes d'État de Diaoyutai, au centre-ville de Beijing. Ce dialogue est le plus haut niveau du genre, et les deux parties y ont abordé des questions économiques et commerciales ainsi que l'un des « trois piliers » des relations Chine-UE. La réunion de cette année a repris le format en personne pour la première fois depuis la pandémie.

Après leurs entretiens, les deux responsables ont tenu une conférence de presse lundi soir. M. He a déclaré que les deux parties avaient eu des discussions « approfondies, franches et productives » sur quatre sujets : la macroéconomie, le commerce et les investissements, les chaînes industrielles et d'approvisionnement, ainsi que la coopération financière. Les deux parties sont également parvenues à une série de nouveaux résultats gagnant-gagnant et consensus dans six domaines, dont notamment le renforcement de la coordination des politiques macroéconomiques, la préservation conjointe du système commercial multilatéral centré sur l'OMC (Organisation mondiale du commerce), l'opposition à l'unilatéralisme et au protectionnisme, ainsi que la sauvegarde conjointe de la stabilité des chaînes industrielles et d'approvisionnement. En particulier, les deux parties ont décidé de mettre en place un mécanisme de dialogue sur le contrôle des exportations.

Le ton relativement positif a souligné le fait que la Chine et l'UE restent déterminées à renforcer la coopération bilatérale, malgré les différends et les tensions dans certains domaines, ont noté des entreprises et des experts.

Fang Dongkui, secrétaire général de la Chambre de commerce chinoise auprès de l'UE, a déclaré lundi au Global Times que les discussions en personne permettaient aux deux parties d'élargir la coopération économique et commerciale entre la Chine et l'UE et de réduire le « déficit de confiance mutuelle », ce qui renforcera le sentiment des milieux d'affaires chinois et européens.

« Tenir des discussions en personne est une chose positive, et c'est mieux que de tenir des discussions virtuelles », a également indiqué lundi au Global Times Chen Fengying, chercheuse à l'Institut chinois des relations internationales contemporaines. Elle a noté que même s'il restait à voir si de telles discussions aboutiraient à des changements concrets, des réunions similaires entre responsables chinois et américains ont abouti à la création de groupes de travail économiques et financiers.

En effet, après une série de réunions de haut niveau et de visites en Chine de hauts responsables américains, la Chine et les États-Unis ont annoncé vendredi la création de deux groupes de travail pour les questions économiques et financières, une étape majeure qui, selon des experts, pourrait contribuer à freiner une tendance à la baisse dans les relations bilatérales.

Les responsables chinois et européens ont également intensifié leurs échanges ces derniers mois. En juin, le Premier ministre chinois Li Qiang s'est rendu en Allemagne et en France, où il a rejeté la rhétorique de la « réduction des risques » et a mis l'accent sur la coopération gagnant-gagnant. Plus tôt ce mois-ci, en marge du sommet du G20 en Inde, M. Li a rencontré de hauts responsables de l'UE et leur a affirmé que le développement de la Chine était une opportunité et non un risque pour l'Europe.

De nombreux responsables européens se sont également rendus ou envisagent de se rendre en Chine cette année, notamment lors d’une visite à enjeux élevés du président français Emmanuel Macron en avril. La semaine dernière, le vice-Premier ministre chinois Zhang Guoqing et la vice-présidente de la Commission européenne Vera Jourova ont co-présidé le deuxième dialogue de haut niveau Chine-UE dans le domaine numérique à Beijing, où les deux parties se sont concentrées sur de vastes intérêts communs et une forte complémentarité dans le domaine numérique. Après M. Dombrovskis, le commissaire européen à l'énergie Kadri Simson devrait se rendre en Chine la semaine prochaine et le haut diplomate Josep Borrell le mois prochain, a rapporté le South China Morning Post.

Avant le dialogue de Beijing, M. Dombrovskis a assisté à divers événements à Shanghai et à Beijing. Dans un discours prononcé lundi à l'Université Tsinghua, le chef du Commerce de l'UE a de nouveau souligné que l'UE ne cherchait pas à se dissocier de la Chine, mais à réduire les dépendances économiques et à réduire les risques, a rapporté Reuters. M. Dombrovskis a également évoqué le « commerce déséquilibré » du bloc avec la Chine et a réitéré les griefs de longue date de certains groupes d'affaires de l'UE en Chine concernant l’environnement des affaires dans le pays.

Un porte-parole de la Chambre de commerce de l'UE en Chine a déclaré lundi au Global Times que « la Chambre espère que les problèmes de longue date, notamment l'absence de règles du jeu équitables en Chine et la politisation de l'environnement des affaires, pourront être résolus ».

« De telles affirmations avancées par l'UE sont devenues clichées, car ils soulèvent des questions similaires à chaque dialogue depuis 10 ans », a affirmé lundi au Global Times Cui Hongjian, professeur à l'Académie de gouvernance régionale et mondiale de l'Université des études étrangères de Beijing.

Des responsables et experts chinois ont réfuté à plusieurs reprises de telles accusations contre l'environnement des affaires chinois et ont soutenu que « ce sont les actions protectionnistes croissantes de l'UE sous couvert de la “réduction des risques” qui posent de profonds risques et défis à la coopération commerciale ».

Le protectionnisme de l'UE

Au cours du dialogue de lundi, la partie chinoise a une fois de plus exprimé « sa grande inquiétude et son profond mécontentement à l'égard de l'enquête anti-subventions menée par l'UE sur les véhicules électriques chinois ». La partie chinoise a également affirmé que « la Chine est prête à accroître ses importations en provenance de l'UE mais espère en retour que l'UE lèvera les restrictions sur les exportations de haute technologie vers la Chine ».

Interrogée lundi lors d'un point de presse régulier sur la tenue du dialogue et sur l'enquête anti-subventions de l'UE, Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que « la Chine s'oppose à toute forme de protectionnisme commercial, et les actions de l'UE évoquées ne sont pas propices à la stabilité de l’industrie automobile mondiale et des chaînes d’approvisionnement et ne sont dans l’intérêt de personne ». Mme Mao a exhorté l'UE « à créer un environnement de marché juste, non discriminatoire et prévisible pour le développement commun des industries chinoise et européenne des véhicules électriques et à s'opposer ensemble au protectionnisme commercial ».

Cui Hongjian a noté que du point de vue chinois, l'UE a pris ces dernières années une série de mesures de nature protectionniste dans les domaines de l'investissement, du commerce et de l'industrie. « Tous ces problèmes doivent être résolus de toute urgence… La partie européenne ne peut pas adopter une attitude consistant à blâmer la Chine pour tous les problèmes », a-t-il avancé.

L’enquête sur les véhicules électriques chinois n’est pas la seule mesure qualifiée de protectionniste qui a été prise par l’UE. La semaine dernière, la Loi européenne sur les puces électroniques est officiellement entrée en vigueur, ce qui implique des subventions massives pour soutenir l'industrie européenne des puces. En juin, l’UE a lancé la Stratégie européenne de sécurité économique, essentiellement une mesure visant à « réduire les risques », et a affirmé que les fournisseurs chinois de 5G Huawei et ZTE présentaient « des risques sensiblement plus élevés que les autres fournisseurs de 5G ». Face à une telle rhétorique, certains pays de l’UE auraient pris des mesures pour exclure Huawei et ZTE, le dernier en date étant l’Allemagne, ce qui a suscité une réponse sévère de la part de la Chine et même du monde des affaires allemand.

Des experts ont avancé que « de telles mesures, dont la dernière enquête sur les véhicules électriques chinois, ne constituent pas seulement une tentative d'accroître l'influence de l'UE lors des discussions, mais visent également à réduire systématiquement les soi-disant “dépendances” à l'égard de la Chine en raison de préjugés géopolitiques et idéologiques ».

« En outre, malgré toutes leurs mesures protectionnistes, les responsables de l’UE ont affirmé à plusieurs reprises qu’ils ne cherchaient pas à se “dissocier” de la Chine ; cependant, pour la Chine, l’UE doit démontrer son intention par des actions réelles et non par de la rhétorique », ont ajouté ces experts.

Fang Dongkui a exhorté l'UE « à clarifier ces démarches et à rechercher des consultations positives et des solutions appropriées avec la partie chinoise. L'UE ne devrait pas facilement recourir à des outils commerciaux et politiques qui outrepassent le concept de sécurité nationale ou politiser les questions économiques et commerciales ».

« Si l'UE veut prouver qu'elle réduit les risques et ne se découple pas, la charge de la preuve incombe uniquement à l'UE », a soutenu vendredi Bai Ming, chercheur à l'Académie chinoise du commerce international et de la coopération économique sous l'égide du ministère chinois du Commerce, affirmant que le « commerce déséquilibré est dû aux propres politiques de l'UE, et non à celles de la Chine ».


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Source:french.china.org.cn