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Des experts saluent les discussions sino-américaines et appellent à davantage d’efforts

French.china.org.cn | Mis à jour le 10. 07. 2023 | Mots clés : experts

La visite en Chine de la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen, qui vient de s'achever, a montré que les deux plus grandes économies du monde renforcent leur communication de manière approfondie et franche afin de régler leurs différends, mais davantage d'efforts seront nécessaires pour obtenir une percée significative dans l'apaisement des tensions économiques bilatérales, selon des conseillers et des experts politiques.

Ces derniers ont affirmé que « la répression américaine contre l'industrie technologique chinoise pourrait ralentir la reprise économique mondiale. Washington devait abandonner son état d'esprit à somme nulle et répondre aux principales préoccupations de Beijing, si des progrès substantiels devaient être réalisés ».

Mme Yellen a terminé dimanche sa visite de quatre jours à Beijing, durant laquelle elle a rencontré des responsables de haut rang, dont le vice-Premier ministre chinois He Lifeng.

Lors de leur réunion, M. He a exprimé ses inquiétudes concernant les sanctions américaines contre la Chine.

Il a noté que « la surutilisation de la sécurité nationale ne profite pas aux échanges économiques et commerciaux normaux », a rapporté samedi l'agence de presse Xinhua.

Les discussions ont été constructives, et les deux parties ont convenu de renforcer la communication et la coopération pour relever les défis mondiaux ainsi que de maintenir les échanges et les interactions, selon Xinhua.

Le ministre chinois des Finances Liu Kun a également rencontré Mme Yellen samedi pour échanger sur des sujets tels que la situation macroéconomique mondiale et les politiques budgétaires des deux pays.

Liao Min, chef adjoint du Bureau du Comité central des affaires financières et économiques, a déclaré que lors de la visite de Mme Yellen, les équipes économiques et commerciales chinoises et américaines avaient tenu de longues et franches réunions, et a précisé que les deux parties avaient convenu de maintenir la communication.

Zhang Tengjun, directeur adjoint du Département des études américaines à l'Institut chinois des études internationales, a indiqué que les échanges francs et pragmatiques de Mme Yellen avec les responsables chinois seraient propices à ramener les relations bilatérales sur une voie saine.

« Mais il reste à voir dans quelle mesure la visite de Mme Yellen pourra aider à apaiser la méfiance entre la Chine et les États-Unis. La relation ne peut pas être réparée du jour au lendemain, et davantage d'efforts seront nécessaires pour résoudre les problèmes pratiques », a souligné M. Zhang.

La visite de Mme Yellen intervient alors que les relations économiques sino-américaines sont en proie à des tensions et des différends géopolitiques plus larges dans de multiples domaines, tels que la technologie des semi-conducteurs, les chaînes d'approvisionnement et les problèmes de dette.

Wei Jianguo, ancien vice-ministre chinois du Commerce, a noté que pendant sa visite, Mme Yellen avait souligné que les États-Unis ne cherchaient pas à se découpler de la Chine, ce qui est conforme au récent changement de rhétorique de Washington, passant du « découplage » à la « réduction des risques » dans les principales chaînes d'approvisionnement.

« Mais les deux phrases, pour l'essentiel, semblent être les mêmes, à en juger par les pratiques récentes des États-Unis qui poussent des pays tels que les Pays-Bas et le Japon à imposer des contrôles plus stricts sur les exportations de puces vers la Chine », a avancé M. Wei, aujourd’hui vice-président du Centre chinois pour les échanges économiques internationaux.

« Washington ne devrait jamais s'attendre à ce que Beijing coopère avec lui dans des domaines tels que les politiques macroéconomiques tant qu'il continuera de réprimer l'industrie chinoise des hautes technologies. Il doit abandonner son état d'esprit de jeu à somme nulle », a-t-il ajouté.

Zhang Lianqi, membre du Comité permanent du 14e Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), le principal organe consultatif politique du pays, a déclaré : « Outre le fait d'écouter ce que disent les États-Unis, il est plus important de voir ce qu'ils font ».

Selon M. Zhang, afin de faire des progrès substantiels dans l'apaisement des tensions économiques bilatérales, les États-Unis devraient répondre aux principales préoccupations de la Chine.

« Washington doit ajuster sa stratégie consistant à faire pression sur ses alliés pour réprimer l'industrie chinoise des semi-conducteurs, lever les tarifs supplémentaires imposés sur les produits chinois, et établir un mécanisme de communication régulier avec Beijing », a avancé M. Zhang.

« Davantage d'efforts sont également nécessaires pour réduire le risque de malentendu et ouvrir la voie à une coopération future entre les deux pays dans des domaines tels que le changement climatique et la crise de la dette », a-t-il ajouté.

Ces remarques interviennent alors que le monde surveille de près l'évolution des relations sino-américaines, car un découplage industriel entre les deux parties représenterait un risque énorme pour la reprise économique mondiale.

Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé qu’un découplage économique pourrait coûter entre un niveau gérable de 0,2% et un niveau alarmant de 7% du PIB mondial.

« En général, un découplage technologique coûterait très cher non seulement à l'Asie mais aussi au reste du monde », a déclaré Krishna Srinivasan, directeur du Département Asie et Pacifique du FMI.

Su Jian, directeur du 13e Comité économique central de la Ligue démocratique de Chine, a déclaré : « Pour sortir de cette impasse, la clé est que les États-Unis cessent d'abuser du concept de préoccupations de sécurité nationale et laissent le commerce être le commerce. C'est la condition préalable à des discussions plus approfondies ».

« Face aux relations sino-américaines actuelles, tant que la communication existe entre les deux parties, cela sera bénéfique pour le monde », a affirmé M. Su, ajoutant qu'« en réalité, la communication en elle-même est un bon résultat, et on peut s'attendre à davantage d'échanges de haut niveau à l'avenir ».

Yao Yang, président de l'École nationale de développement de l'Université de Pékin, a indiqué lors du Forum mondial de la finance et de l'économie tenu samedi à Beijing que l'année dernière, le volume des échanges entre la Chine et les États-Unis avait déjà retrouvé son niveau d'avant 2018, malgré une série de tarifs commerciaux supplémentaires que Washington a imposés à la Chine.

Aujourd'hui, la Chine représente plus de 14% du volume commercial mondial, soit un niveau supérieur à celui de 12% enregistré avant le COVID-19, a noté M. Yao.

L'économiste Jeffrey Sachs, directeur du Centre pour le développement durable de l'Université Columbia, à New York, a soutenu qu'« une grande partie des tensions entre les États-Unis et la Chine provient du côté américain ».

« L'économie n'est pas un jeu à somme nulle, mais un jeu coopératif gagnant-gagnant », a-t-il ajouté.


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Source:french.china.org.cn