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Une passion au sommet

French.china.org.cn | Mis à jour le 10. 06. 2023 | Mots clés : Zhu Hongfei

Trois cent soixante-dix livres, c’est la « recette des billets » que Zhu Hongfei, un chanteur amateur, a empochée lors du concert qu’il a organisé avec ses amis le 8 avril à Guangzhou, chef-lieu de la province du Guangdong. Pour assister à ce concert, il fallait juste faire cadeau d’un livre pour enfants. Plus de 400 personnes étaient présentes ce jour-là. « Chacun était invité à partager l’un de ses livres préférés en écrivant une dédicace sur la page de garde. Ces livres sont destinés à des enfants tibétains », explique l’artiste de 44 ans.

M. Zhu est passionné par la région autonome du Tibet. Polyvalent, ce fonctionnaire du Guangdong y a travaillé pendant trois ans et a publié deux livres de témoignages sur cette région. C’est aussi un alpiniste qui a atteint le sommet du mont Qomolangma, le plus haut sommet du monde, en mai 2018.

Une passion pour le Tibet

M. Zhu s’est rendu pour la première fois dans la ville de Nyingchi, dans le sud du Tibet, en 2008, afin d’effectuer une randonnée de 130 km depuis le bourg de Pai jusqu’au district de Medog, dans les contreforts sud de l’Himalaya. Ce district était le dernier à être relié au réseau de transport national, n’ayant pas d’accès autoroutier avant 2013. « J’avais 28 ans et j’étais déçu par l’amour et la vie », se remémore-t-il. Cette randonnée difficile de quatre jours sur des pentes enneigées en traversant des forêts tropicales l’a rasséréné. Dès lors, il est tombé amoureux du Tibet et a tout fait pour y travailler.

C’est en 2016 qu’il a enfin pu réaliser son rêve en travaillant pendant trois ans en tant que volontaire dans le cadre d’un programme du gouvernement central visant à développer la région. En 1994, le gouvernement central avait lancé une politique visant à renforcer le soutien au Tibet en demandant aux provinces développées d’aider des villes et des districts de la région. Le Guangdong était l’une de ces provinces développées et M. Zhu a été nommé chef adjoint de son département à Nyingchi. « Travailler au Tibet et faire quelque chose pour la région était mon rêve depuis longtemps. »

Pendant son séjour au Tibet, il a convaincu les autorités du Guangdong et de Nyingchi d’y construire un lycée professionnel, le premier du genre dans la ville. « La meilleure façon d’aider le Tibet est d’élever son niveau d’éducation. La région manque de travailleurs qualifiés et une école professionnelle permet aux jeunes Tibétains qui ne sont pas admis à l’université de s’épanouir », souligne-t-il. Il a joué un rôle de premier plan dans la création de cet établissement, de la rédaction du rapport de faisabilité à la demande de fonds auprès du Guangdong. En juin 2020, un an après son départ du Tibet, l’établissement ouvrait et il propose aujourd’hui 48 ateliers sur la cuisine, l’entretien ménager, le commerce électronique rural, les secours d’urgence, l’arpentage et la cartographie, formant 2 800 jeunes locaux. « Cultiver un vivier de talents locaux est la priorité absolue du développement des ressources humaines au Tibet. Seules les personnes qui aiment cette région peuvent jouer un rôle durable dans sa construction. »

Un lien durable

M. Zhu a également créé une mini-bibliothèque partagée pendant son séjour. La lecture est l’un de ses passe-temps, mais lorsqu’il est arrivé à Nyingchi en juillet 2016, il n’y avait qu’une vieille bibliothèque publique et une librairie, qui regorgeaient de cahiers d’exercices et de matériel de préparation aux examens.

Il a donc rénové son dortoir pour en faire un espace de lecture partagé, équipant le salon d’une grande étagère pour les livres, d’une machine à café et d’un projecteur. Il a ensuite mis une annonce en ligne. « Tout le monde peut venir lire, boire un café, ou même passer la nuit dans la bibliothèque partagée gratuitement, à condition de partager quelque chose avec les autres dans la bibliothèque, que ce soit un livre, une histoire, une chanson ou même une offre de nettoyage de la bibliothèque. »

Son étagère a très vite fait le plein avec plus de 400 livres, qu’il a lui-même achetés ou qui ont été donnés par des internautes et des passants. Ce lieu est rapidement devenu une destination privilégiée pour les routards. « C’est un espace où les gens peuvent partager des livres, de la musique et de l’amour. Malheureusement, ma petite bibliothèque a été fermée le 3 juillet 2019, le jour où j’ai quitté le Tibet », regrette-t-il.

Aujourd’hui, malgré la distance, son amour pour le Tibet et les Tibétains reste intact. Désireux d’en faire davantage pour les habitants, il a pris l’initiative d’organiser un concert gratuit afin de recueillir des livres pour les enfants tibétains. « C’était un concert caritatif avec de la musique rock et folklorique. En plus des artistes, chaque spectateur pouvait improviser sur scène », explique-t-il, ajoutant à quel point il avait été touché par les dédicaces écrites sur les livres. « Chaque livre est un cadeau, et non un don, pour les élèves tibétains. »

M. Zhu a également reçu des livres offerts par des étudiants de l’Université de Shaoguan (Guangdong) et le personnel du Centre de communication pour les Amériques du Groupe de communication internationale de Chine (CICG). « Mon objectif est de recueillir 1 000 livres d’ici fin avril. Tous ces livres seront envoyés à l’école primaire Singpori, dans le district de Shuanghu, pour enrichir sa bibliothèque. »

Il espère organiser un concert chaque année et en faire une marque influente pour encourager davantage de personnes à partager des livres. Les ouvrages ainsi recueillis chaque année seront envoyés à une école primaire dans les zones rurales du Tibet. « Peut-être pourrai-je un jour organiser un concert dans l’une de ces écoles. »

Assurer la transmission

M. Zhu veut transmettre sa passion pour le Tibet à la prochaine génération en faisant participer Zhu Feng, son fils de 9 ans, à des événements liés à cette région, notamment par le biais de voyages et de concerts. Le nom de l’enfant est un homonyme de la version abrégée en chinois de « mont Qomolangma ».

En 2018, au cours de sa dernière année au Tibet, M. Zhu a été invité à écrire un livre sur les personnes engagées dans le bénévolat dans la région. Il a traversé les 74 districts du Tibet et s’est entretenu avec plus de 600 habitants et bénévoles locaux. Un an plus tard, Plateau Driving : A Journey Through Tibet From Pastureland to Wasteland était publié et plus de 10 000 exemplaires ont déjà été vendus.

Dans ses moments libres, M. Zhu donne également des conférences sur le Tibet dans une dizaine d’écoles et de librairies du Guangdong. « Je le fais pour promouvoir à la fois le livre et le Tibet. J’espère partager des histoires sur les travailleurs bénévoles au Tibet, l’alpinisme sur le mont Qomolangma et le Toit du monde. »


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Source:La Chine au Présent