Les pandas : un souffle de vitalité sur Qiaoqi

Par : Norbert |  Mots clés : Les pandas : un souffle de vitalité sur Qiaoqi
French.china.org.cn | Mis à jour le 09-06-2023

Au pied du mont Jiajin, dans le district de Baoxing à Ya’an (Sichuan), se trouve le canton autonome tibétain de Qiaoqi. Perché à une altitude de 2 500 m, il tire son nom de la langue jiarong dans laquelle « qiaoqi » signifie « un endroit très élevé ». C’est une contrée où le peuple jiarong maintient ses traditions et qui fait partie des sanctuaires des pandas géants.

En juillet 2021, l’animal est passé d’espèce « en danger » à espèce « vulnérable ». En octobre de la même année, le Parc national des pandas géants a officiellement vu le jour et couvre plus de 95 % de la superficie de Qiaoqi.

Au cours des longues années passées à côtoyer les pandas, l’idée de préserver la nature a progressivement imprégné le mode de vie et de production des habitants. Parallèlement, le culte planétaire de l’ours au pelage noir et blanc a permis à Qiaoqi d’attirer davantage d’attention et à la culture traditionnelle du peuple jiarong d’être mieux préservée et transmise.

Une grande transition

Dans le village de Jiajinshan à Qiaoqi, Nengkaman, 38 ans, et son mari Athai ont ouvert une auberge jiarong, très populaire auprès des touristes. « À l’ouverture de ce gîte, des habitants locaux ne comprenaient pas, ils pensaient que personne ne viendrait visiter notre village reculé, explique Nengkaman, cependant, grâce au Parc national des pandas géants, de plus en plus de gens sont venus ici pour les découvrir. »

À chaque période de vacances, des familles partent à la découverte des pandas, de la faune et la flore, ainsi que des techniques de survie dans la nature sous la direction du couple de Nengkaman.

Nengkaman s’efforce de sensibiliser les touristes à la nature. « Je les emmène à la recherche de pandas, tout en leur faisant découvrir les plantes, les montagnes et les rivières qui nous entourent », explique-t-elle. « J’aime toutes les créatures qui vivent ici et j’espère que plus de personnes les apprécieront. »

Avec le soutien du gouvernement de Qiaoqi, de plus en plus de villageois ouvrent leur propre commerce. Selon Wang Dan, chef adjoint du canton de Qiaoqi, en s’appuyant sur les excellentes ressources écologiques, la région est devenue une zone pittoresque au cachet unique avec plus de 170 auberges jiarong. Or, il y a encore quelques années, la principale source de revenus des villageois ne reposait que sur l’élevage et l’agriculture. Pour eux, les yaks représentaient la richesse, 30 000 têtes vivaient en liberté dans la montagne Jiajin. Mais avec la prolifération de ces derniers, les pâturages n’étaient plus en mesure de leur fournir assez de nourriture.

« Les villageois ont progressivement réalisé que les rivières limpides et les montagnes verdoyantes étaient les dons de la nature et qu’il fallait les protéger pour prendre la voie du développement durable, au lieu de les épuiser », raconte Yang Hao, secrétaire du Comité du Parti du canton de Qiaoqi.

En outre, la fréquente apparition des pandas géants dans la nature a poussé les habitants à changer leur façon de concevoir le développement. Ils ont renforcé le contrôle du nombre des yaks pour assurer un espace écologique suffisant pour les pandas. Selon Yang Hao, ces dernières années, les villageois ont pris conscience de la nécessité de protéger l’environnement en réduisant l’élevage de yaks de plusieurs dizaines de milliers de têtes. La protection des pandas géants a même été inscrite au code de bonne conduite du canton.

À l’heure actuelle, Qiaoqi est devenu un des endroits où les pandas géants apparaissent le plus souvent. Le gouvernement local a incité les villageois à développer le tourisme en exploitant pleinement les ressources écologiques locales et promouvant la transformation des produits liés aux yaks afin d’accroître leurs revenus. Le tourisme et l’élevage vont de pair, ce qui conduit les villageois sur la voie du développement vert et les aide à s’enrichir.

 

Nengkaman avec ses créations aux motifs porte-bonheur (PHOTO : YU XIANGJUN)

Les pandas revitalisent le tissage

Nengkaman est une des héritières de la technique de tissage de ceintures fleuries à la tibétaine, qui est inscrite sur la liste du patrimoine immatériel national.

La matière première de base de ce genre de tissage est le poil de yak. Les femmes jiarong ont les mains agiles. À travers des procédés complexes, elles peuvent faire des étoffes et les utiliser pour produire entre autres des sacs. Pourtant, de nos jours, cette traditionnelle méthode de tissage, souvent transmise à l’oral, commence à se perdre, en raison du choc de la civilisation moderne.

Face à ce problème, Nengkaman était inquiète. Heureusement, grâce aux pandas géants, elle a trouvé une solution. En 2016, elle a créé un atelier d’artisanat et a rassemblé une dizaine de femmes du village. Ensemble, elles ont exploré les moyens d’améliorer et d’innover leurs compétences. Elles ont astucieusement intégré l’élément du panda dans des sacs à dos, des châles, des écharpes et des pendentifs entre autres. Ces articles faits main ont connu un grand succès sur les plateformes en ligne.

« C’est en valorisant les produits issus du tissage traditionnel que davantage de gens l’apprécieront et que notre technique pourra perdurer », affirme Nengkaman. « Avec l’augmentation des revenus, la vie et les perspectives des femmes du village ont beaucoup changé. Elles ont raffermi leur confiance dans la culture traditionnelle et dans la possibilité de se construire une vie meilleure de leurs propres mains. »

 

Construction d’un musée des traditions locales qui fera aussi office de galerie photos à côté de l’auberge de Nengkaman (PHOTO : YU XIANGJUN)

À travers l’œil d’une caméra

En 2014, un projet caritatif « Les yeux des villages » a donné des formations gratuites de photographie à des villageoises. Ayant fait deux ans d’études au lycée, Nengkaman a obtenu cette opportunité, qui lui a beaucoup servi pour prendre plus tard la caméra.

Nengkaman est la première du village à avoir produit un documentaire. Son œuvre Seda Myron présente de magnifiques paysages de prairies au pied des montagnes enneigées, et aussi le grand festival de la tonte des yaks à Qiaoqi. Son documentaire aux saveurs locales a voyagé dans le pays et dans le monde entier pour participer à des festivals du film, ouvrant ainsi une porte sur les pandas et les traditions locales à un plus grand nombre de personnes.

« J’ai vécu en ville et aspiré à une vie là-bas. Mais après quelques années de vie à la campagne, je me rends compte qu’il y a du bon dans les deux. La terre ici nous a nourris, et mon amour pour mon village est resté le même », déclare Nengkaman. En dix ans et plusieurs disques durs remplis de photos et de films, sa caméra a été témoin de l’harmonie qui unit les populations locales et la nature.

Pour le moment, un nouveau bâtiment est en construction à côté de l’auberge de Nengkaman. Il servira de musée des traditions locales et de galerie d’images afin d’encourager l’éducation sur la nature et de stimuler l’artisanat traditionnel. Les photos et les films de Nengkaman y seront exposés pour que davantage de personnes connaissent les histoires d’un village avec la nature et des pandas en tant que voisins.


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Source: La Chine au Présent
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