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Qin Gang souligne l'autonomie stratégique de l'Europe lors de sa visite en France
« La proposition de la France de s'en tenir à l'autonomie stratégique a établi un modèle pour des relations saines entre la Chine et l'Europe, et cela insufflera de la rationalité dans une Europe qui se dispute toujours concernant une politique chinoise unifiée », ont avancé des observateurs chinois après que le conseiller d'État et ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang a déclaré que « les relations Chine-Europe ne visent aucun tiers, ni ne sont soumises ou contrôlées par une tierce partie ».
M. Qin a tenu ces propos mercredi lors de sa rencontre avec la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna.
Qualifiant la visite d'État du président Emmanuel Macron en Chine de succès global, M. Qin a affirmé que la Chine était prête à travailler avec la France pour donner suite à l'important consensus atteint par les deux chefs d'État, à accélérer le renforcement des échanges et de la coopération dans divers domaines, et à travailler pour le développement continu du partenariat stratégique global étroit et durable entre la Chine et la France.
Les deux parties devraient ouvrir davantage leurs marchés et construire une chaîne d'approvisionnement Chine-France plus résiliente. Les deux parties devraient aussi renforcer leur coopération dans les affaires internationales et s'unir pour relever les défis mondiaux, a déclaré M. Qin.
Le ministre chinois a affirmé que « la Chine a toujours considéré l'Europe comme un partenaire stratégique global, elle a toujours et sans équivoque soutenu l'Europe dans le renforcement de son autonomie stratégique et pour que le bloc joue un rôle plus actif sur la scène internationale », et a plaidé « pour que les relations sino-européennes ne ciblent aucune tierce partie, et ne soient pas dépendantes ou soumises à une tierce partie ».
Pour sa part, Mme Colonna a déclaré que la France ne s'engageait pas dans une confrontation de blocs et a indiqué estimer que tous les pays devaient vivre en harmonie et parvenir à un développement commun. Notant que la Chine pouvait jouer un rôle important dans la paix et la stabilité du monde, Mme Colonna a affirmé que la France était disposée à renforcer la communication avec la Chine sur l'Ukraine et d'autres questions internationales et régionales majeures afin de rechercher un terrain d'entente.
« L'adhésion de la France à l'autonomie stratégique est conforme aux intérêts stratégiques communs de la Chine et de la France, alors que la visite de M. Qin dans le pays encourage davantage la France à maintenir cette proposition », a soutenu Song Luzheng, chercheur en études politiques à l'Institut chinois de l'Université de Fudan.
« Après sa visite à Beijing, la déclaration de M. Macron exhortant l'Europe à développer une plus grande autonomie stratégique a été reprise par de nombreuses voix en Europe », a avancé Sun Keqin, chercheur à l'Institut chinois des relations internationales contemporaines.
« Les faucons européens devraient reculer face aux forces appelant à l'autonomie stratégique », a poursuivi M. Sun, qui a indiqué rester « convaincu que l'Europe se dirige toujours vers une voie plus autonome ».
Cependant, certains experts ont affirmé que « l'influence des États-Unis sur le continent ne doit pas être négligée ».
Cui Hongjian, directeur du Département d'études européennes à l'Institut chinois d'études internationales, a déclaré au Global Times que la « réduction des risques » est un terme plutôt vague. Selon lui, « l'utilisation d'un tel langage ne fait que fixer des limites inutiles aux relations sino-européennes et montre en fait que les pays européens veulent imposer des mesures restrictives aux échanges commerciaux normaux. L'Europe devrait être prudente et ne pas transformer la “réduction des risques” en “découplage” avec la Chine ».
Mercredi, avant de rencontrer M. Qin, Mme Colonna a tenu une conférence conjointe à Paris avec son homologue allemande Annalena Baerbock. Elles ont délivré un message commun sur la Chine : « Nous ne cherchons pas à nous découpler, mais plutôt à limiter nos dépendances lorsqu'elles sont excessives », a expliqué Mme Colonna. « Nous parlons de réduction des risques plutôt que de découplage. »
M. Cui a déclaré que les relations sino-européennes semblent se réchauffer mais qu'elles sont confrontées à de graves défis, « notamment des sanctions annoncées par l'Union européenne (UE) contre des entreprises chinoises accusées d'aider la Russie dans le conflit ukrainien ». Selon lui, « la question de savoir si les deux parties parviendront à un plus grand consensus ou s'éloigneront progressivement dépendra de la capacité de l'Europe à se débarrasser de sa perception biaisée sur la Chine et de l'influence des États-Unis sur la politique chinoise du continent ».
« En ce moment aussi crucial, l'Europe devrait s'abstenir de déployer des politiques hostiles à la Chine, car de telles mesures non seulement affecteront les relations qui commencent à se réchauffer, mais rendront également difficile la coopération de la Chine avec l'Europe pour résoudre la crise ukrainienne », a soutenu M. Cui.
Source:french.china.org.cn |