L’Initiative pour la sécurité mondiale fait son chemin

Il y a un an exactement, le président chinois Xi Jinping prononçait par liaison vidéo un discours inaugural lors de la cérémonie d’ouverture de la conférence annuelle 2022 du Forum de Boao pour l’Asie. Il y avançait l’Initiative pour la sécurité mondiale, exposant de manière exhaustive, systématique et approfondie à la communauté internationale la sagesse chinoise vis-à-vis de la sécurité mondiale. Il y appelait tous les pays à adhérer à un concept de sécurité commun, global, coopératif et durable, et à sauvegarder ensemble la paix, la sécurité, le développement et la stabilité dans le monde. 

La position chinoise est claire : il faut prendre conscience que la question de la sécurité est cruciale pour le bien-être, la paix et l’avenir de l’humanité. Le monde étant devenu ce que d’aucuns nomment un « village global », les nations comme les individus qui les composent ont accru leur interdépendance dans la sphère économique et commerciale, mais aussi en matière de sciences et technologies, et de manière plus large, en termes de développement grâce à la coopération et au partenariat. Le monde est néanmoins confronté à des risques et à des défis sans précédent, comme la pandémie de COVID-19 et la crise ukrainienne l’ont récemment montré. Xi Jinping le soulignait en présentant son Initiative pour la sécurité mondiale : « Les changements sans précédent que traversent le monde, notre temps et l’Histoire, posaient des défis qu’il fallait traiter avec sérieux. »

L’Initiative pour la sécurité mondiale repose sur le principe fondamental des « six engagements ». Ils consistent pour rappel à porter la vision de sécurité commune, intégrée, coopérative et durable, et préserver ensemble la paix et la sécurité dans le monde ; à « respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des différents pays, poursuivre la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres et respecter la voie de développement et le système social choisis en indépendance par les peuples » ; à « observer les buts et principes de la Charte des Nations Unies, rejeter la mentalité de la guerre froide, s’opposer à l’unilatéralisme et refuser la politique des blocs ainsi que la confrontation des blocs » ; à « prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes de tous les pays, poursuivre le principe de l’indivisibilité de la sécurité, bâtir une architecture de sécurité équilibrée, effective et durable et s’opposer à ce qu’un pays recherche sa propre sécurité sur la base de l’insécurité des autres » ; à « rechercher, par voie de dialogue et de concertations, des solutions pacifiques aux divergences et différends interétatiques, soutenir tout effort qui va dans le sens du règlement pacifique des crises, s’ abstenir du deux poids deux mesures et rejeter le recours arbitraire aux sanctions unilatérales et aux juridictions extraterritoriales » ; et à « adopter une approche globale pour préserver la sécurité traditionnelle et la sécurité non traditionnelle et répondre ensemble aux différends régionaux et aux défis planétaires tels que terrorisme, changement climatique, cybersécurité et sécurité biologique. »

L’Initiative pour la sécurité mondiale vise à éliminer les causes profondes des conflits internationaux, améliorer la gouvernance de la sécurité mondiale, promouvoir les efforts internationaux conjoints pour encourager une paix et un développement durables dans le monde. Un autre aspect est qu’elle met l’accent sur le caractère crucial de la coopération pour parvenir à une paix mondiale durable. 

Le 21 février 2023, le ministre des Affaires étrangères Qin Gang participait au Forum Lanting sur le thème « L’Initiative pour la sécurité mondiale : la solution de la Chine contre le dilemme de la sécurité » et annonçait la publication du Document conceptuel sur l’Initiative pour la sécurité mondiale. Ce document en recense les concepts et principes fondamentaux et expose la responsabilité de la Chine dans le maintien de la paix et sa ferme détermination à préserver la sécurité globale. Il définit 20 orientations clés pour la coopération et orientés vers l’action. Parmi celles-ci, on retiendra le soutien au rôle central des Nations Unies dans la gouvernance de la sécurité, la coordination et des interactions saines entre les grandes puissances, la résolution pacifique des problèmes de points chauds conflictuels par le dialogue, la prise en compte des défis traditionnels et non traditionnels en matière de sécurité, et le renforcement de l’édification du système et des compétences en termes de gouvernance de la sécurité mondiale.

Ce document avait été annoncé par Wang Yi, membre du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et directeur du Bureau de la Commission des affaires étrangères du Comité central du PCC, dans son discours liminaire à la 59e Conférence de Munich sur la sécurité en Allemagne le 18 février, avant de se rendre à Moscou pour rencontrer le président russe Vladimir Poutine et proposer le Plan de paix en 12 points pour la résolution de la crise ukrainienne. 

Le document souligne également que les puissances mondiales doivent montrer l’exemple en se conformant à la Charte des Nations Unies et au droit international, en promouvant le respect mutuel, la coexistence pacifique, la coopération gagnant-gagnant et la gestion des différences. La Chine réaffirme ainsi son engagement à mener une coopération bilatérale et multilatérale en matière de sécurité avec tous les pays et organisations dans le cadre de cette initiative et à promouvoir la coordination des concepts de sécurité et la convergence des intérêts.

Même si certains pays forment néanmoins des blocs et recourent à la politique de puissance, intensifiant, voire aggravant les conflits, l’Initiative pour la sécurité mondiale de la Chine fait son chemin dans les esprits en mettant la paix et l’inclusivité en avant. Elle peut devenir un outil d’orientation pour la paix et la coopération et œuvrer à davantage de justice et d’équité. La Chine a donc lancé l’idée, généré le débat et fourni une direction. C’est maintenant aux autres pays de prendre le relais et de s’inspirer de la sagesse chinoise pour transmettre un monde pacifique et stable aux générations futures. 

Par Jacques Fourrier (L’auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing depuis plus de 25 ans)

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