Xue Jin, un des premiers médecins chinois à avoir été envoyé en Afrique pour apporter une assistance médicale, se souvient parfaitement d'avoir traité de nombreux patients algériens il y a près de six décennies. Il se souvient des maladies dont ils souffraient, des interventions chirurgicales qu'ils ont subies et de la façon dont ils se sont rétablis.
Ce médecin âgé de 86 ans conserve une petite boîte contenant des photos en noir et blanc de lui et de ses patients dans ce pays d'Afrique du Nord, où ils ont effectué avec ses collègues des milliers d'opérations avec succès.
"Je ne sais pas comment vont aujourd'hui les patients que nous avons traités. Certains ne sont peut-être plus en vie. Ils me manquent vraiment, ainsi que les médecins algériens avec lesquels nous avons travaillé", a indiqué M. Xue en montrant de vieilles photos à des journalistes de Xinhua.
En 1965, M. Xue, alors âgé de 29 ans et chirurgien du Second Hôpital du Collège médical du Hubei, est devenu le plus jeune membre de l'équipe médicale chinoise envoyé pour aider un hôpital à Saida, une ville du nord-ouest de l'Algérie.
Malgré les difficultés économiques auxquelles elle était confrontée, la Chine a commencé à envoyer des équipes d'aide médicale en Afrique en 1963, en commençant par l'Algérie, le premier pays de destination. M. Xue fait ainsi partie des quelque 20.000 professionnels sanitaires chinois envoyés en Afrique au fil des décennies. Le travail acharné et le dévouement de M. Xue et de ses collègues ont aidé à approfondir l'amitié entre la Chine et l'Afrique.
M. Xue se souvient qu'un soir de 1966, un musicien s'est précipité à l'hôpital avec sa petite fille, qui s'était accidentellement coupé la mâchoire inférieure gauche et avait besoin de sutures chirurgicales.
Le jeune médecin a réalisé avec succès l'opération en deux heures. Six mois plus tard, le musicien a eu le plaisir d'informer M. Xue que sa fille s'était bien rétablie et qu'elle n'avait pratiquement aucune cicatrice visible. Pour exprimer sa gratitude, le musicien et sa famille ont interprété des chansons folkloriques pour M. Xue et d'autres médecins chinois dans l'auditorium de l'hôpital.
Ces habitants locaux sympathiques, qui traitent les médecins chinois "comme des membres de la famille", ont aidé M. Xue à surmonter le mal du pays et ont fait de ses trois années en Algérie un souvenir inoubliable.
Le 31 décembre 1966, veille du Nouvel An, M. Xue a envoyé une photo de lui devant un arbre à nèfles à sa jeune épouse en Chine. Au dos de la photo, il a écrit d'une écriture soignée : "Une année d'absence peut sembler trop longue pour un homme qui a le mal du pays, mais lorsqu'il s'agit d'aider l'Afrique, ce n'est pas assez long et nous avons encore beaucoup de travail à faire".
"Lorsque le néflier refleurira, nous pourrons peut-être retourner dans notre pays bien-aimé", est-il noté.
Peu après l'arrivée de M. Xue en Algérie, son fils aîné est né en Chine. M. Xue lui a donné le nom Yafei, symbole de l'amitié Chine-Afrique, "Ya" et "Fei" signifiant l'Asie et l'Afrique en chinois.
"Mon père nous a raconté, à mon frère aîné et à moi, de nombreuses histoires sur son séjour en Afrique", a indiqué Xue Yajun, deuxième fils de Xue Jin. Inspiré par son père, il est également devenu médecin et est aujourd'hui anesthésiologiste à l'Hôpital du cancer du Hubei.
L'influence de Xue Jin s'étend au-delà de sa famille. "Xue Jin est mon mentor dans la vie. J'ai suivi ses traces et rejoint l'équipe médicale chinoise", a indiqué Wu Liansheng, ancien collègue de Xue Jin et membre de la 18e équipe médicale chinoise en Afrique entre 1999 et 2001.
Depuis 1963, la Chine a envoyé plus de 30.000 travailleurs médicaux à l'étranger pour soutenir les programmes locaux, offrant ainsi 290 millions de diagnostics et de traitements pour les populations locales. Ils ont été très appréciés pour leur participation active à la lutte contre la malaria, Ebola et l'épidémie de la COVID-19.
Actuellement , les équipes médicales chinoises travaillent dans plus de 50 pays à travers le monde, dont presque la moitié sont dans des zones reculées avec des conditions difficiles.
