Les visites en Chine de dirigeants européens soulignent le rôle de Beijing en tant que « promoteur de la paix » (experts chinois)

Plusieurs dirigeants de pays européens et de l'Union européenne (UE) ont récemment annoncé des voyages en Chine, alors que le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a fait savoir qu'il se rendrait en Chine la semaine prochaine. Divers médias ont rapporté que le président français Emmanuel Macron et certains dirigeants de l'UE prévoyaient également de se rendre en Chine.

Des experts chinois ont avancé que « le modèle chinois de résolution des différends internationaux en tant que promoteur de la paix, qui est différent de celui des États-Unis – qui ajoutent de l'huile sur le feu –, a été largement reconnu par la communauté internationale et reflète l'empressement de l'Europe à voir l'émergence de pourparlers de paix pour la crise ukrainienne en cours qui trouble profondément le continent ».

Selon Reuters, M. Sanchez se rendra en Chine la semaine prochaine. Le dirigeant espagnol a indiqué à des journalistes à Bruxelles, où il participait jeudi à un sommet de l'UE, qu'il « se renseignera en personne sur la position [de la Chine] pour la paix en Ukraine, et transmettra le message que les Ukrainiens seront ceux qui établiront les conditions de la paix ».

La nouvelle a ensuite été confirmée par le ministre de la Présidence Felix Bolanos dans une interview à la radio Cadena Ser. « La Chine a un rôle clé à jouer dans la médiation de la guerre. »

« La Chine et l'Espagne bénéficient d'un développement soutenu, solide et stable de leurs relations », a déclaré jeudi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, alors qu’il était interrogé sur la visite du Premier ministre. « Les deux dirigeants entretiennent une bonne communication », a-t-il ajouté.

L'Espagne succèdera à la Suède à la présidence tournante du Conseil de l'UE plus tard cette année.

Parallèlement, Politico a rapporté que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, voyagera avec le président français Macron lors de son voyage prévu en Chine en avril. Le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, a également annoncé vendredi qu'il se rendrait bientôt en Chine, bien que la date reste à finaliser, a rapporté Reuters.

Des experts ont indiqué estimer que le développement des relations Chine-UE est une nécessité objective et réaliste. « Dans l'ère post-pandémique, l'économie mondiale reste léthargique et l'Europe se rend compte que le “découplage” suggéré par les États-Unis a un impact négatif sur l'Europe », a affirmé Gao Jian, directeur du Centre d'études européennes des groupes de réflexion à l'Université d'études internationales de Shanghai.

Par conséquent, il existe une énorme demande pour que l'UE développe des relations commerciales et économiques bilatérales avec la Chine, a noté M. Gao.

« En outre, il ne fait aucun doute que la crise actuelle entre la Russie et l'Ukraine a un impact significatif sur l'Europe », a-t-il ajouté.

En février, la Chine a publié un document de position en 12 points intitulé « Position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne », appelant « à la cessation des hostilités et à la reprise des pourparlers de paix, à la fin des sanctions unilatérales et à l'abandon de la mentalité de Guerre froide ».

« La proposition de paix en 12 points de la Chine a gagné une reconnaissance et une attention généralisées de la part de la communauté internationale », ont soutenu des experts chinois. « Alors que l'Europe a payé un lourd tribut en raison du conflit russo-ukrainien et que les voix dominantes en Europe reconnaissent désormais la nécessité d'une autonomie stratégique, elles sont désireuses de promouvoir la paix et les négociations pour atténuer les effets néfastes de la crise ».

Dans un article intitulé « Nous ne pouvons pas perdre la Chine, selon des dirigeants de l'UE », publié sur la version européenne du site Politico, un responsable de l'UE a déclaré que « la Chine n'est pas parfaite, mais nous pourrions en avoir besoin un jour », ajoutant que « plusieurs États membres partagent cette évaluation ». Lors du Conseil européen qui s’est tenu les 24 et 25 mars, le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel a appelé à un engagement continu avec Beijing pour tenter de rapprocher la partie chinoise de l’UE.

« La Chine est dans une position unique pour promouvoir la résolution pacifique de la crise ukrainienne », a affirmé dimanche Cui Hongjian, directeur du Département des études européennes à l'Institut chinois des études internationales.

« Les pays européens savent que la Chine a non seulement la capacité, mais a également montré sa volonté d'offrir une proposition de paix pour la crise ukrainienne. Ils veulent exprimer la position de l'Europe sur la question », a avancé M. Cui.

« Désormais, la Chine et l'Europe ont la possibilité de travailler ensemble. Cependant, l'ampleur des progrès et la possibilité de nouvelles percées dépendent des discussions futures », ont souligné des observateurs.

« Il est prévisible que les États-Unis exerceront une influence sur les relations et la coopération sino-européennes en raison de leur profonde implication dans la crise ukrainienne », ont déclaré des experts chinois.

« Les États-Unis continueront à utiliser les mécanismes de l'OTAN pour maintenir leur position de base dans le conflit. En fin de compte, les États-Unis espèrent que le conflit se poursuivra, car ils pensent pouvoir en tirer des avantages significatifs », a prétendu M. Gao. Selon lui, « les États-Unis ne veulent pas voir la Chine jouer un rôle positif dans le conflit russo-ukrainien, notamment en tant que promoteur de la paix qui construit une approche différente du modèle américain pour la résolution des différends internationaux. »

« À ce stade, il reste à voir si l'Europe pourra résister à cette pression et poursuivre véritablement ses propres intérêts », ont avancé des experts chinois.