La visite réussie de Xi Jinping en Russie a été « d'importance mondiale »

Le président chinois Xi Jinping est rentré à Beijing mercredi soir après avoir conclu une visite d'État en Russie, alors que des experts ont avancé que « les deux déclarations conjointes signées par la Chine et la Russie montrent cette fois que le partenariat stratégique reste solide comme le roc et continuera de profiter non seulement aux deux peuples sur tous les fronts, mais continuera aussi à promouvoir la paix mondiale et l'amélioration de la gouvernance mondiale ».

« Sur la crise ukrainienne, la Chine et la Russie sont parvenues à des consensus importants, notamment en convenant que les buts et principes de la Charte des Nations Unies doivent être observés et que le droit international doit être respecté ». Les analystes ont affirmé que « les consensus entre les deux pays ont créé une fondation pour lancer un processus de paix potentiel », et la Chine continuera selon eux de s'engager avec d'autres membres clés de la communauté internationale et les parties concernées pour discuter plus avant d’une possible médiation.

« Les relations sino-russes vont bien au-delà du cadre bilatéral et sont cruciales pour le monde et l'avenir de l'humanité », a déclaré M. Xi lors d'une conférence de presse conjointe avec le président russe Vladimir Poutine mardi. Des experts ont soutenu qu'« un partenariat stratégique solide entre les deux grandes puissances apporte une certitude au monde et pourrait renforcer et reconstruire l'équilibre des pouvoirs entre les grandes puissances », qui a été selon eux « gravement endommagé par les États-Unis ces dernières années », ce qui sera important pour la paix mondiale en général.

Chaque rencontre entre les principaux dirigeants des deux pays « est un catalyseur qui peut accélérer la coopération », a déclaré mercredi Andrey Kortunov, directeur général du Conseil russe des affaires internationales.

C'est un signal puissant aux bureaucrates de l'État, aux diplomates, au secteur privé, aux institutions de la société civile et à d'autres secteurs importants qu'ils doivent accélérer leurs interactions et porter leur coopération à un nouveau niveau, a ajouté M. Kortunov.

Li Haidong, professeur à l'Institut des relations internationales de l'Université des affaires étrangères de Chine, a affirmé mercredi au Global Times que « la visite de M. Xi montre qu'en plus de guider le développement des relations bilatérales, la Chine assume également la responsabilité d'une grande puissance pour se coordonner avec une autre grande puissance sur une question d'intérêt mondial ».

« La clé pour que les objectifs et les principes de la Charte des Nations Unies soient effectivement observés est que les grandes puissances puissent se coordonner entre elles et résoudre leurs problèmes via la coordination. Et à l'heure actuelle, aucune autre grande puissance à part la Chine ne peut remplir ce devoir », a soutenu M. Li.

Un partenariat global

Dans la « Déclaration conjointe de la République populaire de Chine et de la Fédération de Russie sur l'approfondissement du partenariat stratégique global de coordination pour la nouvelle ère », les deux parties ont souligné que les relations sino-russes ne sont pas le type d'alliance militaro-politique que l'on a pu voir pendant la Guerre froide, mais transcendent un tel modèle de relations d'État à État et ont une nature de non-alliance, de non-confrontation et ne ciblent aucune tierce partie.

Des experts chinois ont avancé que cela « clarifie une fois de plus que le partenariat sino-russe n’aura pas de confrontation de bloc à bloc contre l'alliance dirigée par les États-Unis, comme les médias occidentaux l'ont mal interprété ». Selon eux, « si la Chine avait l'intention de s'aligner sur la Russie et de combattre l'Occident avec elle, alors les pays occidentaux verraient une image différente, plutôt que de voir la Chine faire des efforts pour arbitrer la crise ukrainienne et continuer à communiquer avec toutes les parties concernées ».

Ces experts ont prétendu que « la raison pour laquelle les États-Unis et certaines alliances militaires dirigées par les États-Unis en Europe et dans la région Asie-Pacifique, comme l'OTAN et AUKUS, ont été critiqués dans la déclaration est que la Chine et la Russie sentent toutes deux le danger d'une nouvelle Guerre froide ainsi que l'hostilité venant d’un même pays ».

M. Li a affirmé que les relations sino-russes reflètent que la coordination est la clé de l'équilibre et de la confiance mutuelle entre les grandes puissances, ajoutant que la Chine souhaitait développer des relations stables et fructueuses avec d'autres grandes puissances comme les États-Unis et l'Union européenne (UE), et « nous espérons que les relations de la Chine avec d'autres puissances majeures ne s'affecteront pas mutuellement ».

Dans la déclaration, les deux parties ont convenu de renforcer la coopération dans l'application de la loi, notamment en empêchant les « révolutions de couleur » et en réprimant les « trois forces », dont le Mouvement islamique du Turkestan oriental, le crime organisé transnational ainsi que la criminalité économique et liée à la drogue. La déclaration montre que la Chine et la Russie continueront de coordonner les affaires au Moyen-Orient et en Afrique.

La déclaration indique que « les deux pays partagent de larges consensus sur les questions de diplomatie et de sécurité et qu’ils continueront à se soutenir dans leurs efforts pour promouvoir la gouvernance mondiale et sauvegarder la paix mondiale ». Il y aura probablement plus d'actions directes et conjointes entre les deux parties sur le contre-terrorisme et davantage de coopération en matière de renseignement pour la sécurité politique, selon des experts.

MM. Xi et Poutine ont également signé mardi au Kremlin la « Déclaration conjointe du président de la République populaire de Chine et du président de la Fédération de Russie sur le plan de développement pré-2030 concernant les priorités de la coopération économique sino-russe ».

« Ce sommet a également été un signal que le partenariat stratégique entre Moscou et Beijing reste solide comme le roc, ce qui est particulièrement important dans l'environnement international très volatil et instable », a déclaré M. Kortunov.

Méditation de la crise en Ukraine

Les États-Unis ont publié mardi des commentaires sur la déclaration conjointe sino-russe. Selon le site Internet de la Maison Blanche, John Kirby, porte-parole de la sécurité nationale de la Maison Blanche, a déclaré que « le dirigeant chinois doit exhorter la Russie à mettre fin à son invasion de l'Ukraine si la Chine veut jouer un rôle constructif dans la résolution de la guerre ».

Des analystes chinois ont prétendu que « les États-Unis tentent en réalité de rendre un cessez-le-feu plus difficile et veulent mettre fin au processus de paix dès le début, car ils savent que leur appel n'est pas réaliste pour le moment. S'ils interdisent à Kiev d'envisager un cessez-le-feu et des pourparlers, l'effusion de sang continuera simplement et le risque d'escalade demeurera ».

Li Haidong a allégué que « la principale raison pour laquelle le conflit a éclaté entre la Russie et l'Ukraine est que le paysage de la sécurité géopolitique en Europe a été ruiné par les États-Unis, et maintenant les États-Unis s'opposent ouvertement à un cessez-le-feu et refusent d'arrêter d'ajouter de l'huile sur le feu. Cela prouve simplement que les États-Unis veulent rendre un cessez-le-feu impossible afin que le conflit dure le plus longtemps possible ».

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva doit se rendre en Chine la semaine prochaine. M. Lula a récemment déclaré aux médias qu'il avait salué la visite de M. Xi en Russie, notant que « c'est déjà une excellente nouvelle que la Chine s'y soit rendue, une bonne nouvelle », et qu'il discuterait avec M. Xi d’une possible médiation.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré en février qu'il se rendrait en Chine début avril, en partie pour « demander l'aide de la Chine pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Le fait que la Chine s'engage dans des efforts de paix est une bonne chose », a indiqué M. Macron aux médias.

« Il est prévisible que la Chine se coordonnera avec davantage de partenaires dans le monde pour des efforts de médiation », ont avancé des experts. « Après avoir atteint un consensus avec la Russie, la Chine s'engagera avec d'autres grandes puissances ayant une influence clé comme le Brésil et la France, restera en contact avec l'Ukraine, et pourrait également solliciter des suggestions d'autres parties neutres clés comme l'Inde et la Turquie, pour jeter les bases du cessez-le-feu et processus de paix qui partage le consensus international », ont soutenu des analystes.

« À ce moment-là, si les États-Unis s'opposent toujours au cessez-le-feu, alors le monde verra clairement qui se tient du côté de la paix et qui s'oppose à la grande majorité de la communauté internationale », ont avancé ces experts.