L’objectif de croissance du PIB de la Chine est « pragmatique et réalisable »

La Chine a fixé son objectif de croissance du PIB à environ 5% pour cette année, ce qui, selon des analystes, est « pragmatique » et « réalisable ».

Le chiffre réel pourrait s'avérer encore plus élevé, ont-ils déclaré, suggérant que le pays devrait mettre en œuvre des politiques macroéconomiques plus ciblées pour stimuler la consommation et prévenir une inflation élevée, afin de promouvoir une croissance stable.

Ils ont également indiqué qu’une croissance stable en Chine devrait aider à soulager les pressions sur la croissance mondiale, car les économies développées risquent de tomber en récession tout en souffrant d'une inflation élevée cette année.

L'objectif de croissance a été révélé dans le Rapport d'activité du gouvernement, que le Premier ministre chinois Li Keqiang a présenté dimanche lors de la réunion d'ouverture de la première session de la 14e Assemblée populaire nationale (APN), à Beijing.

Le président Xi Jinping, qui est également secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et président de la Commission militaire centrale, a assisté à la réunion.

Le rapport, qui a été soumis à l’APN pour délibération, suggère que la Chine fasse avancer son effort de modernisation, promeuve un développement de haute qualité, équilibre mieux la prévention du COVID-19 avec le développement social et économique, approfondisse de manière globale la réforme et l'ouverture, et renforce vigoureusement la confiance des marchés.

La Chine renforcera l'intensité et l'efficacité d'une politique budgétaire proactive, et mettra en œuvre une politique monétaire prudente de manière ciblée, selon le Rapport d'activité du gouvernement.

En plus de suggérer un objectif de croissance du PIB pour cette année, le rapport a également relevé son ratio déficit/PIB projeté à 3% et a ciblé un taux d'inflation d'environ 3%.

Le pays visera également à créer environ 12 millions d'emplois urbains cette année et s'est fixé un objectif d'environ 5,5% pour le taux de chômage urbain.

La Chine continuera également à encourager et à soutenir le développement du secteur privé ainsi qu’à intensifier ses efforts pour attirer les investissements étrangers, selon le rapport.

« L'objectif de PIB est conforme au principe de “chercher le progrès tout en assurant un développement stable” », a déclaré Bai Jingming, chercheur à l'Académie chinoise des sciences fiscales. « C'est réalisable, et cela laisse de la place pour faire face à d'éventuels risques. »

Comparé à la croissance du PIB de 3% l'an dernier, l'objectif de cette année n'est pas élevé, compte tenu du fort rebond de la consommation et de la reprise initiale des investissements après que le pays a optimisé sa politique de réponse au COVID-19 en janvier, a soutenu M. Bai.

« L'objectif de croissance de la Chine pour cette année est très pragmatique et contribuera à consolider les fondamentaux économiques du pays », a affirmé Raymond Zhu, président du Comité de la Chine orientale et centrale chez CPA Australia, un important organisme comptable.

Zhou Maohua, analyste macroéconomique à la China Everbright Bank, a déclaré : « L'objectif est assez solide, car certaines attentes du marché le placent au-dessus de 6%. La Chine est donc capable de l'atteindre ».

Des économistes ont suggéré que, compte tenu des nombreux défis auxquels la Chine est confrontée, tels que le ralentissement économique et la forte inflation dans le monde développé, le pays doit mettre en œuvre des politiques macroéconomiques ciblées pour assurer une croissance stable.

« Davantage d'efforts doivent être déployés pour soutenir, par exemple, les petites et micro-entreprises, promouvoir le secteur privé pour augmenter les revenus des gens et renforcer leur confiance, et soutenir les secteurs du commerce extérieur, étant donné la possibilité d'un ralentissement de la croissance mondiale », a avancé Zhou Maohua.

Zhang Yansheng, chercheur en chef au Centre chinois pour les échanges économiques internationaux, a déclaré : « La Chine doit promouvoir le développement du commerce extérieur de haute qualité et améliorer l'environnement des affaires, et l'accent devrait être mis sur la liste négative pour l'industrie des services ».

Compte tenu de la faible croissance mondiale attendue cette année, il est également très important pour la Chine de stimuler la demande intérieure, a-t-il souligné.

Nouriel Roubini, professeur d'économie à l'Université de New York, a indiqué la semaine dernière que l'économie mondiale pourrait souffrir d'une inflation élevée, d'une flambée des taux d'intérêt et d'une récession économique, et a prévu que les principales économies développées pourraient tomber en récession.

Face au contexte d'une éventuelle récession dans les économies développées, la solide croissance de la Chine après l'optimisation de sa politique contre le COVID-19 cette année profitera au reste du monde, ont soutenu des analystes.

« La réintégration de la deuxième économie mondiale dans le monde aura forcément un effet positif sur la croissance mondiale », a déclaré John Edwards, le commissaire britannique au commerce pour la Chine, dans une interview accordée au China Daily.