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La Chine engrange les dividendes des JO d’hiver de Beijing 2022
Le 4 février marque le premier anniversaire du début des Jeux olympiques d’hiver de Beijing et cette saison 2022/2023 des sports d’hiver aura été la première depuis l’organisation de ce grand rendez-vous sportif mondial. Au cours de cette année, on constate que l’enthousiasme des Chinois pour les sports d’hiver et les sites de tourisme et de villégiature hivernal n’a pas diminué, bien au contraire.
Les Jeux Olympiques d’hiver de Beijing 2022 ont pleinement intégré les sports d’hiver dans la vie des Chinois et permis une réutilisation optimale des sites olympiques. Faisant désormais partie du patrimoine des Jeux olympiques d’hiver, les sites sportifs sont devenus des lieux de choix pour tous ceux qui souhaitent s’adonner à leur pratique sportive favorite ou tout simplement s’initier à une discipline, quel que soit leur âge. Avec l’optimisation des mesures de prévention et de contrôle de la COVID-19, les sports d’hiver et autres activités hivernales font désormais partie des habitudes et jouent un rôle important dans le secteur touristique de nombreuses régions du pays. Les festivals et autres attractions culturelles relatives à la glace et à la neige ont aussi permis de donner une impulsion encore plus forte au développement économique dans les régions concernées. Car au-delà des sites olympiques de Beijing (Yanqing) et de la province du Hebei (Chongli), il existait déjà des domaines skiables réputés dans certaines régions du nord-est de la Chine où les sports d’hiver sont déjà particulièrement développés et qui bénéficient déjà d’une renommée internationale, comme dans la province du Jilin (domaine du lac Songhua et de Tonghua) et du Heilongjiang (Yabuli). Mais d’autres provinces se sont récemment ouvertes aux sports d’hiver. Ainsi dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang, le domaine skiable de Koktokai, dans la préfecture autonome kazakhe d’Ili, propose 28 km de pistes et trois remontées mécaniques pour un dépaysement total. Et dans la province voisine du Gansu, la base nationale des sports d’hiver de Baiyin, construite en 2019, où se sont entraînés les athlètes de ski de randonnée nordique et de biathlon pour les Jeux paralympiques de Beijing 2022, a fait le plein durant les congés de la fête du Printemps cette année.
Il s’agit d’une opportunité sans précédent pour les entreprises internationales qui souhaitent à la fois profiter des infrastructures chinoises et de l’engouement des consommateurs pour les sports d’hiver et le tourisme hivernal, et mettre ces sports à la portée du grand public. Il faut rappeler qu’avant l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver de Beijing 2022, le Plan d’action pour le tourisme hivernal (2021-2023) publié le 8 février 2021 par le ministère de la Culture et du Tourisme, la Commission nationale pour le développement et la réforme, et l’Administration générale des Sports, avait fixé l’objectif ambitieux de convertir plus de 300 millions de personnes à la pratique des sports d’hiver, tout en sensibilisant les Chinois à l’adoption de modes de vie plus sains et en ouvrant des perspectives de développement local et régional plus équilibré. De même, le 14e Plan quinquennal publié le 25 octobre 2021 a prévu de faire des Jeux olympiques d’hiver de Beijing un tremplin pour développer les sports d’hiver en Chine.
Les grandes marques internationales ne s’y sont pas trompées et proposent à des personnes à revenus moyens avides de nouveautés des biens allant des vêtements aux équipements, en passant par des services touristiques et sportifs diversifiés, et surtout, qui créent des emplois. Decathlon, par exemple, a déjà fait du marché chinois sa priorité et lors de la 4e édition de la Foire internationale d’importation de Chine trois mois avant les Jeux olympique d’hiver de Beijing, son stand consacré aux sports d’hiver avait fait grande impression. La société française avait même présenté un snowboard adapté aux tout-petits de 1 à 4 ans, un nouveau produit spécialement développé pour permettre de découvrir les joies de la glisse dès le plus jeune âge.
Il y a eu évidemment en 2022 un « effet JO », avec un impact positif sur le marché chinois des vêtements d’hiver. Selon les estimations du cabinet Statista, ce marché a engrangé un chiffre d’affaires de 725 millions de dollars, et des entreprises locales comme Snowfavor, Copozz et Free Ski Zone ont récemment accru leur offre pour répondre à la forte demande en ligne. A l’instar du marché des vêtements d’hiver, le secteur chinois du matériel de sports d’hiver (ski, snowboard, etc.) devrait atteindre 870 millions de dollars en 2023 et l’on anticipe un taux de croissance annuel composé de 4,94 % de 2023 à 2027. Une fenêtre d’opportunité s’offre donc aux entreprises internationales pour bénéficier de la croissance globale du secteur des sports d’hiver et du tourisme hivernal avant qu’il ne parvienne à maturité. On peut même anticiper un modèle chinois qui permettrait de contourner les écueils d’un développement trop rapide ou chaotique, comme en France dans les années 1970.
Cet « effet JO » devrait perdurer au cours de ces trois prochaines années, Beijing passant le relais à Milan Cortina pour l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2026. A cette date, le marché chinois aura acquis davantage de maturité, avec des infrastructures renforcées et un public plus avisé et davantage fidélisé, permettant au secteur de trouver un point d’équilibre et de garantir un seuil de rentabilité suffisant pour son développement durable et pérenne.
Jacques Fourrier (L’auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing)
Source:french.china.org.cn |