Les adolescents cherchent toujours de nouvelles façons de célébrer leur 18e anniversaire, et c'est vraiment le cas pour Hu Wenyi, une étudiante de la province du Gansu, dans le nord-ouest de la Chine.
Il y a deux ans, pour marquer son entrée dans l'âge adulte, Hu Wenyi a choisi une façon différente de célébrer l'événement : s'inscrire en ligne pour devenir donneuse volontaire d'organes et faire don de son corps à la science.
Cette jeune fille âgée de 20 ans, étudiante de l'Université des études étrangères de Lanzhou, s'est rendue la semaine dernière à la filiale de la Société de la Croix-Rouge du Gansu, où elle a signé des formulaires afin de remplir les dernières formalités d'enregistrement de son don volontaire.
Le nombre de Chinois qui s'inscrivent pour devenir donneurs d'organes a augmenté ces dernières années, et les jeunes sont particulièrement motivés. Selon les données du Centre d'administration des dons d'organes, plus de 5,01 millions de personnes se sont inscrites pour devenir donneurs d'organes au début septembre, contre 25.000 en 2015.
Au Gansu, les donneurs d'organes et de leur corps âgés entre 18 et 29 ans représentent plus de 63,4% du nombre total des donneurs inscrits, a indiqué Hou Chunrui, chef du bureau de promotion de la santé de la filiale de la Société de la Croix-Rouge du Gansu.
"Les jeunes générations bien éduquées rompent le tabou de parler des sujets liés à la mort, tels que le don d'organes et les funérailles écologiques", explique Mme Hou, notant que cela illustre le développement de l'éducation à la vie en Chine.
Cui Hao, âgé de 20 ans, a décidé de s'inscrire pour devenir donneur d'organes et faire don de son corps à la suite du décès soudain de son ami dans un accident de la route il y a six mois. En proie au chagrin pendant des mois, M. Cui a pris conscience de la fragilité de la vie.
"C'est la première fois que je faisais l'expérience de la douleur de la mort, ce qui m'a fait réfléchir sur le sens de ma vie", indique-t-il. Ayant surmonté sa peine, M. Cui a convaincu ses parents de soutenir sa décision, qui, espère-t-il, aidera d'autres personnes à ne pas être tourmentées par la douleur de la mort.
"La vraie mort d'une personne, c'est quand personne au monde ne se souvient d'elle", estime Fu Yansong, un étudiant de 21 ans qui s'est inscrit comme donneur d'organes. "Si d'autres personnes peuvent vivre mieux et plus longtemps avec mes organes, c'est comme si ma vie se prolongeait d'une autre manière".
Alors que M. Fu veut prolonger la valeur de sa vie au-delà de la mort, Mlle Hu espère sensibiliser le public à l'importance de faire don de son corps pour faire avancer la science.
Mlle Hu, étudiante en troisième année de médecine à l'université, qualifie les cadavres de "professeurs silencieux". Elle note que, bien que le nombre de donneurs d'organes augmente, beaucoup rejettent encore l'idée de faire don de leur corps à la recherche médicale et à l'enseignement de la médecine, car les Chinois considèrent traditionnellement que le corps d'une personne doit rester intact après la mort.
Les "professeurs silencieux" jouent un rôle irremplaçable dans l'enseignement de la médecine et la recherche médicale. Ils peuvent donner aux étudiants en médecine une véritable compréhension du corps humain", explique-t-elle.
Sans surprise, sa décision de faire don de son corps a suscité l'opposition de ses parents, mais elle a finalement réussi à les convaincre de la soutenir.
"La décision n'a pas été prise à la hâte ou par pessimisme, mais après une longue délibération sur le sens de la vie", ajoute-t-elle.







