Des groupes civiques, des politiciens et des représentants de l'industrie à Taïwan protestent contre la visite de Nancy Pelosi

Des groupes civiques, des politiciens et des représentants d’entreprises et de l'industrie de Taïwan ont protesté mardi contre la possible visite de la présidente de la Chambre des États-Unis, Nancy Pelosi, face à une escalade draconienne des tensions militaires dans le détroit de Taïwan, après que des médias américains et taïwanais ont révélé lundi que l‘élue américaine de 82 ans (qui est la n°3 dans l’ordre de succession s’il arrivait quoi que ce soit au président américain Joe Biden) devrait arriver sur l'île mardi soir.

L'Association concentrique patriotique chinoise, basée à Taipei, est descendue dans la rue sur un site près de l'hôtel Grand Hyatt dans le district de Xinyi, où Mme Pelosi devrait séjourner. La foule variait de quelques centaines à environ 1000 personnes de divers groupes civiques, selon les organisateurs.

Gu Xijun, le vice-président de cette association, a déclaré au Global Times que les protestations et les boycotts « accompagneront Mme Pelosi partout où elle apparaîtra à Taïwan ».

Zhang Xiuye, une autre résidente de Taïwan qui a participé au rassemblement, a avancé que « les politiciens américains créent constamment des tensions à travers le détroit et utilisent Taïwan comme leur guichet automatique ».

Selon elle, « si nous n'avertissons pas les Yankees à Taïwan, alors nous serons comme Tsai Ing-wen qui acquiesce à ce qu’ils disent. […] Les deux côtés du détroit de Taïwan forment une seule famille, et nous pouvons nous asseoir et parler sans que les Américains n'interfèrent. Nous espérons sincèrement une réunification rapide. »

Wu Cherng-dean, président du Nouveau parti pro-réunification, a déclaré mardi que le parti était fermement opposé à la visite de Mme Pelosi à Taïwan, avançant que Mme Pelosi « nuisait à Taïwan sans lui apporter aucun avantage ».

M. Wu a soutenu que la visite de Mme Pelosi « plongerait Taïwan dans un incendie et transformerait l'île en champ de bataille ».

Des médias basés à Taïwan ont rapporté que plusieurs groupes voulaient organiser des rassemblements de protestation à l'Institut américain de Taïwan (AIT), à l'aéroport de Songshan et à l'hôtel Grand Hyatt lors de la visite de Mme Pelosi.

Quelques groupes civiques taïwanais se sont rassemblés devant l'AIT dès lundi après-midi, des centaines de personnes tenant des pancartes avec des slogans tels que « Sorcière américaine, pars de Taïwan, Chine » et « Va-t-en, fauteuse de troubles Nancy Pelosi ! », après que des médias américains et taïwanais ont révélé que Mme Pelosi atterrirait à Taipei mardi soir et resterait à Taipei pendant la nuit.

La Bourse de Taïwan a plongé de 250 points en début de séance mardi matin, avec l’entreprise Taïwan Semiconductor Manufacturing Co (TSMC) en baisse de plus de 2%. Des médias basés à Taïwan ont affirmé que « la confiance des investisseurs dans les actions taïwanaises était ébranlée par les tensions géopolitiques croissantes causées par la possible visite de Mme Pelosi ».

Lin Por-fong, directeur du « Third Wednesday Club » de Taïwan, un groupe d'entreprises basé à Taipei avec environ 80 membres, a avancé que Taïwan devrait « refuser courageusement la visite de Mme Pelosi pour éviter d'être impliqué dans des conflits, voire une guerre », a rapporté le média local udn.com (réputé pour soutenir la coalition pan-bleue de l’opposition, ndlr).

« La paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan et dans la région Asie-Pacifique constituent la pierre angulaire du développement économique de Taïwan », a déclaré mardi Hsu Shu-po, président de la Chambre de commerce de Taïwan, dans un communiqué. Il a avancé qu'il n'y avait « aucun avantage tangible pour Taïwan de cette visite ».

Chiu Yi, un expert trans-détroit basé à Taïwan, a affirmé mardi au Global Times que « les résidents rationnels de Taïwan connaissent la gravité de la situation et seront profondément perturbés ».

« Mme Pelosi parle de soutenir Taïwan mais est en fait une cause de catastrophe. Sa visite pourrait créer la crise inter-détroit la plus grave depuis des décennies », a soutenu M. Chiu, qui a exhorté Tsai Ing-wen à annoncer publiquement que « Mme Pelosi n'est pas la bienvenue sur l'île ».

M. Chiu a avancé que « parce que Lin Chih-chien, membre du Parti démocrate progressiste (DPP, au pouvoir) et ancien maire de Hsinchu, est embourbé dans des allégations de plagiat, le DPP sera désavantagé lors des prochaines élections locales ». Par conséquent, « Mme Tsai tient à profiter de la visite de Mme Pelosi pour attiser le “populisme anti-chinois”, comme elle l'a fait lors des troubles sociaux à Hong Kong en 2019 », a-t-il prétendu.

« Le DPP peut gagner dans les urnes, mais ses gains ne sont pas solides, car en cas de conflit militaire, ses gains supplémentaires deviendront négatifs », a avancé mardi Chang Ya-chung, président de l'école Sun Yat-sen et membre du principal parti d'opposition de Taïwan, le Kuomintang (KMT).

Le China Times, journal basé à Taïwan (également connu pour soutenir la coalition pan-bleue, ndlr), a avancé que « les autorités du DPP envisageaient d'annuler la visite, mais que Mme Pelosi aurait insisté ».

« Cela prouve une fois de plus que Taïwan n'est qu'un pion des États-Unis et n'a pas le droit d'être d'accord ou pas d'accord », a prétendu M. Chang.

« L'île est également devenue un échiquier sur lequel se produisent des affrontements et des conflits entre la Chine et les États-Unis », a affirmé M. Chang, notant que « c'est toutefois Taïwan qui devra en supporter les conséquences ».

Selon le China Times, l'ancien chef du KMT Hung Hsiu-chu a déclaré mardi que c'était maintenant le septième mois du calendrier lunaire, où de nombreux fantômes et monstres apparaissent dans les contes traditionnels. « Que Dieu vous bénisse, il vaut mieux qu'il ne se passe rien. »

M. Hung s'est moqué du fait qu'après l'arrivée de Mme Pelosi, le gouvernement dirigé par le DPP pourra la recevoir avec un « goût de la maison » avec des normes élevées, dont du porc enrichi en ractopamine importé des États-Unis.