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Construire une « arche de Noé » pour la conservation de la diversité végétale

French.china.org.cn | Mis à jour le 13. 07. 2022 | Mots clés : diversité végétale
Le Jardin botanique national de Chine à Beijing

Le 12 octobre 2021, lors de la 15e réunion de la Conférence des parties (COP15) à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, le président chinois Xi Jinping a déclaré que, pour renforcer la protection de la biodiversité, la Chine a commencé à mettre en place un système de jardins botaniques nationaux dans des lieux comme Beijing et Guangzhou.

Le 18 avril 2022, le Jardin botanique national de Chine a été officiellement inauguré à Beijing. « L’établissement d’un jardin botanique national dans la capitale est très commun dans le monde. Il s’agit d’une démarche au plus haut niveau pour protéger, étudier et mettre en valeur la biodiversité des plantes du pays », explique Zhou Zhihua, de l’Administration nationale des forêts et des prairies. Le 6 juin, le Conseil des affaires d’État a approuvé la création du Jardin botanique national à Guangzhou après l’ouverture du premier à Beijing.

La Chine est l’un des pays qui possèdent les végétaux les plus diversifiés du monde. Parmi plus de 300 000 espèces reconnues, la Chine en compte plus de 37 000. « Le Jardin botanique national de Beijing abrite plus de 15 000 taxons de plantes dont près d’un millier d’espèces rares et menacées, telles que le Metasequoia et le Davidia involucrata ; tandis que celui de Guangzhou conserve plus de 17 000 espèces, dont 643 plantes rares et menacées au niveau national, et plus de 80 % des plantes rares et menacées dans le sud du pays y ont été relocalisées et conservées », détaille M. Zhou. « La création de jardins botaniques nationaux dans le nord et le sud du pays marque une étape importante dans la conservation de la diversité végétale en Chine. »

Clematis fusca Turcz., une espèce que Lin Qinwen a découverte dans la zone touristique de Zushan à Qinhuangdao (Hebei). (PHOTO : YU JIE)

Nouvelles espèces de plantes

Le Jardin botanique national est une expansion et une intégration de l’Institut de botanique de l’Académie chinoise des sciences (Jardin sud) et du Jardin botanique de Beijing (Jardin nord). « Le Jardin sud est la plus ancienne institution de recherche globale en sciences végétales de Chine, avec six banques de germoplasme floral, notamment pour des pivoines, des nénuphars et des fougères sauvages », précise Lin Qinwen, ingénieur supérieur au Jardin botanique national et à l’Institut de botanique de l’Académie chinoise des sciences.

M. Lin se consacre à la collecte de plantes et à la recherche taxonomique depuis de nombreuses années. Il a pris près d’un million de photos de plus de 7 000 espèces végétales et a découvert dix nouvelles espèces. En janvier 2022, il a participé à une expédition de collecte de plantes sauvages à Medog, au Tibet, et a mis la main sur une plante jamais vue auparavant dans le canton de Gedang : « Chaque fois que je découvre une nouvelle espèce sur le terrain, c’est aussi excitant que de voir un nouveau-né ! » Les expéditions annuelles de recherche de deux ou trois mois sur le terrain lui ont fait prendre conscience de la valeur de ce travail. Au cours de la dernière décennie, environ 2 000 nouvelles espèces végétales ont été nommées chaque année dans le monde, dont 200 en Chine, soit un dixième du total.

Le travail d’expédition et d’introduction de plantes vivantes est l’une des tâches les plus essentielles d’un jardin botanique, il permet d’augmenter la collection de plantes vivantes du jardin et d’enrichir sa diversité végétale. « Il est possible de cultiver à Beijing de nombreuses plantes des monts Qinling [une chaîne de montagnes de la Chine centrale], c’est pourquoi on se rend souvent au mont Taibai [situé dans les monts Qinling], dans le Shaanxi, pour collecter des plantes. Il y a dix ans, en raison de la médiocrité des transports, il fallait sept ou huit jours pour traverser la montagne à pied, du versant nord au versant sud. Mais aujourd’hui, il est beaucoup plus facile de prendre un téléphérique depuis le versant nord pour atteindre la crête à 3 000 m d’altitude, d’où il est facile de traverser vers le versant sud, de sorte que trois jours suffisent pour un aller-retour », se réjouit M. Lin.

Le raisin de la montagne Baihua, une plante en voie de disparition endémique de Beijing qui est relocalisée et préservée par le Jardin botanique national

La relocalisation et la préservation des plantes rares et menacées sont également une mission importante pour le Jardin botanique national. Par exemple, le raisin de la montagne Baihua, connu comme le raisin le plus « solitaire » du monde, est en voie d’extinction, car il ne reste que deux spécimens sauvages. « Grâce à la relocalisation et à la préservation, nous avons réussi à élever un certain nombre de jeunes plants pour assurer la survie et la pérennité de l’espèce », se félicite M. Lin. Il indique que le raisin de la montagne Baihua n’est pas un cas isolé ; il est urgent de sauvegarder certaines plantes sauvages menacées en raison de la destruction de leur habitat, de la surexploitation, du changement climatique, des espèces exotiques envahissantes et de leur propre reproduction limitée. « Pour les nouvelles espèces qui restent à découvrir, il nous faut les identifier et les conserver avant qu’elles ne disparaissent à jamais. C’est une course contre le temps pour protéger les populations végétales de la Terre. »

À l’avenir, le Jardin botanique national prévoit de collecter plus de 30 000 espèces végétales vivantes, couvrant 80 % des familles et 50 % des genres des espèces végétales de Chine, soit 10 % du total mondial ; il envisage également de collecter cinq millions de spécimens de plantes représentatives des cinq continents, couvrant 100 % des familles et 95 % des genres de Chine.

Rétablissement des réserves

« En racontant les histoires des plantes qui sont étroitement liées à nos vies, nous transmettons à notre public une connaissance plus approfondie de la préservation des plantes et nous lui faisons comprendre que certaines plantes sont importantes pour nos vies et doivent être protégées par tous », poursuit M. Lin. Depuis l’ouverture du Jardin botanique national, plusieurs conférences de vulgarisation scientifique sont organisées chaque mois au musée des sciences, pour la plus grande joie de son conservateur, Wang Kang. Docteur de l’Institut de botanique de l’Académie chinoise des sciences, il a visité de célèbres jardins botaniques en Europe et aux États-Unis, y a étudié et travaillé, et s’est engagé dans la vulgarisation scientifique, l’étude des ressources en plantes sauvages et la domestication des plantes depuis de nombreuses années.

Wang Kang, conservateur du musée des sciences du Jardin botanique national

La relocalisation des plantes est actuellement le principal moyen de protéger la biodiversité du Jardin botanique national. Dans le futur, plus de 85 % des plantes sauvages de Chine et toutes les espèces clés de plantes sauvages de protection seront relocalisées et protégées. Il ne s’agit pas simplement d’introduire des espèces rares et menacées dans le Jardin botanique, mais aussi de mener des recherches scientifiques sur les espèces menacées sur la base de la relocalisation et de la préservation, d’effectuer des interventions contre les facteurs menaçants ainsi que de réaliser des travaux de préservation en termes de nombre d’individus et de diversité génétique. « Lorsque les conditions seront réunies, les jardins botaniques procéderont à un retour ordonné des espèces dans la nature afin de favoriser la reconstitution saine des populations sauvages », affirme M. Wang.

Depuis la fin du siècle dernier, en se basant sur le catalogage exhaustif des espèces, le travail de terrain et l’évaluation du statut en voie de disparition des plantes supérieures en Chine, le Jardin botanique national s’est concentré sur la collecte de plantes vivantes et la recherche en biologie de la préservation sur des taxons tels que les gymnospermes et les orchidées. Il a collecté plus de 2 000 espèces d’orchidées vivantes du monde entier en accordant une attention particulière aux espèces menacées telles que Cypripedium macranthum Sw., Lonicera oblata Hao ex Hsu et H. J. Wang et le raisin de la montagne Baihua.

Un spécimen de Cypripedium macranthum Sw., qui survit à Beijing après y avoir été implanté

« En 2004, le Jardin botanique de Beijing a lancé une étude sur la relocalisation et la préservation du genre Cypripedium à Beijing, permettant à cette espèce menacée de refleurir dans les hautes montagnes de Beijing », indique M. Wang. Il ajoute que depuis 2016, l’équipe de recherche sur la préservation du Jardin botanique de Beijing s’est également rendue dans la réserve naturelle nationale de Huanglong au Sichuan, située dans les monts Hengduan, pour mener des recherches sur la préservation des orchidées locales, y réintégrant quelque 4 000 semis d’orchidées alpines tempérées entre 2019 et 2020.

En outre, l’équipe a également collaboré avec les réserves naturelles de Sanjiangyuan (Qinghai), du massif du Changbai (Jilin) et d’Ergun (Mongolie intérieure) pour des recherches sur la préservation et la réimplantation des orchidées rares et menacées, et a obtenu de bons résultats. « Des gens ordinaires ont commencé à décorer leur maison avec de nombreuses orchidées, et c’est l’un des sens premiers de la préservation », conclut M. Wang.

Le système des jardins botaniques

En 1883, une plante de Qingyuan, dans le Guangdong, a été baptisée Primulina tabacum Hance par le Jardin botanique royal d’Angleterre. Elle n’a pas été revue dans la nature pendant plus de 100 ans. Ce n’est qu’en 2000 que le personnel du Jardin botanique de Chine méridionale à Guangzhou a découvert la plante en huit endroits au cours de recherches sur le terrain, poussant chaque fois aux embouchures de grottes karstiques, où la concentration de dioxyde de carbone est très élevée. Les chercheurs du jardin ont ramené des échantillons et les ont cultivés sous serre.

Primulina tabacum Hance, une espèce sauvage menacée de disparition au niveau national I

« Nous l’étudions comme plante modèle, car elle a une forte fonction d’adsorption, ce qui est important pour atteindre le double objectif en matière de carbone, ainsi que pour la recherche sur le changement climatique de notre pays, explique Ren Hai, directeur du Jardin botanique de Chine méridionale relevant de l’Académie chinoise des sciences. Nous avons cultivé 50 000 plants de Primulina tabacum Hance, dont plus de 5 000 ont survécu dans la nature. »

M. Zhou avance qu’il y a environ 200 jardins botaniques en Chine et que beaucoup de travail a été fait au fil des ans pour la préservation des plantes menacées. Jusqu’à présent, environ 24 000 espèces de plantes ont été collectées, relocalisées et préservées, dont 12 500 plantes indigènes ; 120 espèces de plantes sauvages de très petites populations, telles que Cycas debaoensis Y.C.Zhong, C.J.Chen, Pachylarnax sinica (Y. W. Law) N. H. Xia & C. Y. Wu et Abies beshanzuensis M. H. Wu, ont été sauvées et protégées ; les populations de certaines espèces menacées se sont progressivement reconstituées.

En 2015, le Jardin botanique tropical de Xishuangbanna a créé le Centre de recherche sur la biodiversité de l’Asie du Sud-Est au Myanmar, formant une équipe scientifique conjointe entre la Chine et le Myanmar. Après neuf expéditions sur le terrain à grande échelle, plus de 700 nouvelles espèces de plantes et d’animaux ont été découvertes, devenant un modèle de coopération régionale dans la recherche sur les espèces pour la Chine et l’Asie du Sud-Est. Le Jardin botanique Sun Yat-sen à Nanjing et le Jardin botanique du Missouri, aux États-Unis, ont créé des « jardins jumeaux » ; le Jardin botanique de Wuhan a mis en place un centre de recherche conjoint entre la Chine et l’Afrique afin d’apporter un soutien technique aux pénuries alimentaires et à la pollution environnementale en Afrique ; et le Jardin botanique de Xianhu (à Shenzhen) a organisé une conférence botanique internationale pour discuter de l’avenir avec les chercheurs en botanique du monde entier.

« Les jardins botaniques nationaux représentent le plus haut niveau de recherche de la diversité végétale, de préservation et d’utilisation des espèces végétales dans un pays », fait remarquer M. Zhou. En plus de Beijing et de Guangzhou, un certain nombre de jardins botaniques nationaux de haut niveau seront construits à travers le pays à l’avenir. « Il y a environ 4 000 espèces de plantes menacées en Chine, et le système des jardins botaniques en cours de construction sera leur “arche de Noé”. »


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Source:La Chine au Présent