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Hong Kong:la pratique réussie du principe « un pays, deux systèmes » au cours de ces 25 dernières années sert de tremplin pour passer un nouveau cap
Le 1er juillet 1997, Hong Kong était rétrocédée à la Chine avec un statut de région administrative spéciale (RAS) régie par le principe « un pays, deux systèmes » pendant 50 ans, l’objectif étant l’unification nationale, conformément aux modalités exprimées dans la déclaration commune sino-britannique signée en 1984 par Deng Xiaoping et Margaret Thatcher. En contre partie, les autorités chinoises s’engageaient à maintenir les systèmes économique et législatif de la RASHK pendant cette durée, c’est-à-dire jusqu’en 2047, sur la base de la Constitution de la République populaire de Chine et de la Loi fondamentale de la RASHK, toutes deux étant le socle constitutionnel de la RASHK.
Il est de circonstance 25 ans plus tard de célébrer la réussite du principe « un pays, deux systèmes » et de dresser un bilan des 25 années de cette pratique qui a permis à Hong Kong de se développer et de prospérer tant en conservant son statut spécial, et de s’intégrer plus profondément à la partie continentale au niveau politique et économique.
Personne n’aura cependant oublié la période récente de chaos qui a fait la une de l’actualité mondiale et testé la détermination des autorités centrales à garantir la prospérité et la stabilité de Hong Kong. Dans un article intitulé « Nos 25 ans » publié dans le journal hongkongais Wen Wei Po, John Lee Ka-chiu, le nouveau chef exécutif de la RAS, est revenu ces derniers jours sur ces événements largement alimentés par des forces extérieures remettant en cause le principe « un pays, deux systèmes » et qui ont gravement nui à la RAS et à ses habitants. Grâce à une série de mesures décisives prises par le gouvernement central, d’abord avec la promulgation de la Loi sur la sécurité nationale le 30 juin 2020, puis avec la réforme électorale en 2021, Hong Kong est passée du chaos à la stabilité, notamment en appliquant le principe selon lequel « les patriotes administrent Hong Kong ». Et avec la stabilité retrouvée et le respect du principe « un pays, deux systèmes » réaffirmé avec vigueur par le nouveau chef de l’exécutif, tous les ingrédients sont désormais réunis pour que la ville reprenne le chemin de la croissance et évite les écueils politiques de ces dernières années. Cette stabilité est en effet primordiale en cette période délicate de reprise post-Covid, dans un contexte d’incertitude géopolitique, de protectionnisme et de nouvelle guerre froide larvée initiée par les Etats-Unis.
C’est dans cet esprit que plusieurs programmes regroupant la RAS et le sud-est de la Chine pour mieux les intégrer ont été décidés au plus haut niveau. C’est clairement l’objectif du projet de la Grande baie Guangdong-Hong Kong-Macao lancé officiellement en 2016 autour du delta de la rivière des Perles afin d’établir une zone très urbanisée et de niveau technologique élevé. C’est un des projets phares qui vise à rapprocher les grands centres manufacturiers et technologiques de Guangzhou, Shenzhen, Dongguan, Foshan, Zhongshan, Zhuhai, Jiangmen, Huizhou et Zhaoqing, de Hongkong et de Macao pour en faire des pôles de la croissance chinoise dans le cadre de la « double circulation ».
Depuis, le gouvernement central a mis l’accent sur la construction d’infrastructures et une intégration de plus de plus poussée. La ligne Guangzhou-Shenzhen-Hongkong a été mise en service fin septembre 2018. Un mois plus tard a été inauguré l’un des ponts les plus longs du monde, reliant Zhuhai (une zone économique spéciale de la province du Guangdong) à Macao et à Hongkong. Cette volonté intégratrice s’est concrétisée dans le domaine douanier pour faciliter le transit et de dédouanement des marchandises, ainsi que la libre-circulation des personnes et de la main-d’œuvre, et les mesures incitatives pour la création d’entreprises et attirer les personnes qualifiées dans les secteurs émergents et de l’innovation, notamment dans l’économie numérique.
Un exemple témoignant de l’intégration poussée entre la RAS et la partie continentale est le projet récent « Eastern Data and Western Computing » visant à transférer les données des régions orientales prospères vers des centres urbains plus pauvres mais plus spacieux de l’Ouest pour leur traitement et leur stockage, et à créer des centres de calcul. En mai 2021, la Commission nationale du développement et de la réforme a validé la construction de huit de ces centres, dont l’un se trouve dans la région de la Grande baie.
Hong Kong est désormais bien placée pour saisir les opportunités d’intégration dans le plan de développement global du pays et se connecter au reste du monde afin d’assurer son statut de ville internationale. Mais des défis persistent.
Lors d’un symposium en ligne sur les réalisations, les expériences et les perspectives de la pratique du principe « un pays, deux systèmes », organisé le 21 mai par l’Académie chinoise des sciences sociales, Xi Junjian, directeur de l’Institut de recherche de Hong Kong et Macao relevant du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao du Conseil des affaires d’Etat, a souligné des problèmes profondément enracinés de Hong Kong, comme le chômage structurel, la crise du logement et des écarts de richesse qui se creusent. Autant de facteurs qui se répercutent sur la stabilité générale.
Ce sera à M. Lee, qui entrera officiellement en fonction le 1er juillet, de relever ces défis. Il s’est engagé à renforcer le statut de Hong Kong en tant que centre de la finance internationale, du commerce, du transport maritime, des lois internationales et de la consultation sur les différends dans la région Asie-Pacifique, tout en explorant de nouvelles opportunités pour améliorer la compétitivité de la ville. A l’avenir, Hong Kong s’est donné notamment pour objectif de se développer en tant que centre mondial d’innovation et hub aérien, ainsi que dans les échanges culturels et dans le droit de propriété intellectuelle.
La tâche du nouveau chef de l’exécutif ne sera pas aisée dans le contexte pandémique actuel. C’est pour cette raison que l’intégration régionale et le soutien du gouvernement central sont essentiels pour que Hong Kong conserve son statut unique. Toutes les conditions sont désormais réunies pour que la pratique réussie du principe « un pays, deux systèmes » au cours de ces 25 dernières années serve de tremplin pour passer un nouveau cap.
Par Jacques Fourrier (L’auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing depuis 25 ans)
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