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Les mérites de l’approche dynamique zéro-COVID de la Chine
De nombreux médias occidentaux ont critiqué l’approche dynamique zéro-COVID de la Chine lorsque Shanghai vivait des heures sombres en mai dernier, expliquant qu’une telle approche ne pourrait pas permettre de contenir la pandémie et qu’elle serait difficilement applicable dans la durée en raison de la nature hautement infectieuse du variant Omicron. Rappelons cependant qu’il appartient à chaque pays de déterminer les mesures à prendre pour contenir la pandémie.
L’approche dynamique est une politique de santé publique qui a été mise en œuvre en Chine non seulement sur la partie continentale, mais aussi à Taïwan et dans les régions administratives spéciales de Hong Kong et Macao. Les autorités sanitaires de Taïwan ont malheureusement récemment abandonné l’approche dynamique, et l’île en subit désormais les conséquences et fait face à une forte augmentation des cas locaux, voire des décès.
Selon une étude de l’Université de Californie à Los Angeles publiée en avril, 30 % des personnes traitées contre le virus ont développé un « COVID long », ce qui pourrait peser lourdement sur les systèmes de santé publique du monde entier au cours des prochaines décennies. Par ailleurs, des pays comme l’Australie, Singapour et la République de Corée, qui avaient adopté la politique zéro COVID jusqu’à récemment, ont brusquement décidé de l’abandonner par crainte de risques politiques et économiques.
L’approche dynamique est une stratégie de contrôle strict et de suppression maximale des cas pour contenir la pandémie. Si elle génère des contraintes évidentes pour les gens pendant un certain temps, elle permet cependant de sauver des vies et de prévenir les cas graves de cette maladie potentiellement mortelle.
A l’opposé de l’approche dynamique, il y a l’approche « vivre avec le COVID-19 » qui est certes beaucoup moins gênante pour les gens mais qui tolère que certaines personnes infectées subissent de graves conséquences, voire même meurent de la maladie. Cette approche a été adoptée dans les pays où les libertés individuelles telles que le « droit de voyager » semblent être tenus en plus haute estime que le bien collectif, privilégié dans les sociétés asiatiques.
La partie continentale, Hong Kong, Macao et Taïwan doivent faire face à des conditions particulières qui justifient l’approche dynamique. La partie continentale, avec ses 1,4 milliard d’habitants, continue de se développer et modernise son système de santé publique, mais il faut garder en mémoire que près d’un cinquième des Chinois ont 60 ans ou plus. Par ailleurs, Hong Kong, Macao et Taïwan ont une très forte densité de population, ce qui constitue un risque supplémentaire de propagation du virus.
Il existe dans les pays occidentaux une idée erronée selon laquelle l’approche dynamique de la Chine vise à atteindre zéro infection. Mais Liang Wannian, chef du groupe d’experts sur la réponse au COVID-19 relevant de la Commission nationale de la santé de Chine, a clairement indiqué que l’approche dynamique zéro COVID avait pour objet de faire en sorte que la pandémie ne devienne pas incontrôlable.
Selon un article publié par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies en janvier 2022, cette approche « est une stratégie de transition à adopter après une stratégie de confinement réussie, lorsque la barrière immunitaire de la population n’est pas encore formée face au risque persistant d’importation du virus et de variants à transmission élevée ». Les auteurs de cet article ont souligné que « l’essentiel est de prendre des mesures efficaces et globales pour traiter de manière ciblée les cas locaux dans les plus brefs délais. »
Quoi qu’il en soit, le monde reste en état d’alerte élevée contre le COVID-19. La pandémie est loin d’être terminée. Mais prenons l’exemple de Macao. Certains commentateurs locaux ont déclaré que Macao avait jusqu’à présent eu de la « chance » de ne pas avoir eu un seul cas d’infection et d’être l’une des rares régions au monde sans un seul cas de décès du COVID. Il faut saluer le travail efficace des autorités de région administrative spécial et du gouvernement central dans la lutte contre le virus.
La levée progressive des restrictions à Shanghai et à Beijing permettra aux deux métropoles un retour à une certaine normalité dans un état de vigilance stricte et proactive. La reprise économique post-pandémique dépendra de la poursuite des mesures strictes de contrôle et de prévention du COVID-19, et la Chine semble bien mieux préparée pour remonter plus rapidement la pente que les pays occidentaux.
La lutte contre la pandémie n’est pas une tâche facile et les pays doivent effectuer des choix qui s’avèrent souvent être des compromis. L’approche dynamique zéro COVID de la Chine vise cet objectif. Il s’agit d'un ensemble complet de mesures donnant la priorité à la recherche des contacts, aux tests rapides, aux traitements immédiats et à la vaccination de masse, dans le but de freiner rapidement les infections et de maintenir la stabilité socio-économique. Il s’agit d'une approche par tâtonnement sujette à évaluations et ajustements en fonction des circonstances.
Aux Etats-Unis, le terme « résilience » est devenu une excuse toute faite pour justifier des mesures irresponsables, ou tout simplement, leur absence, mais le virus ne disparaîtra pas d’un coup de baguette magique. Plus inquiétant encore, cette approche relève du darwinisme social et donne un mauvais exemple à la communauté internationale, sapant les efforts mondiaux de lutte contre la pandémie. Rappelons que le COVID-19 a déjà tué plus d’un million de personnes aux Etats-Unis et plus de 2 millions de personnes en Europe, selon l’OMS, des chiffres dont les décideurs des économies les plus développées du monde ne devraient pas s’enorgueillir.
Par Jacques Fourrier (L’auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing depuis 25 ans)
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