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Volontaire à Shanghai : « J'ai aidé des Américains qui ne parlaient pas chinois à acheter de la nourriture »
Responsable de bâtiment, directeur de groupe, chargé d'achats de nourriture… Avant le confinement, ces fonctions n'auraient pas évoqué grand-chose à la plupart des habitants de Shanghai. Mais aujourd'hui, quasiment tous ont des échanges réguliers avec leur responsable de bâtiment ou avec les bénévoles de leur quartier, qui jouent un rôle important en se chargeant d'assister au bon déroulement des tests PCR et autotests antigéniques, de faire le lien avec les comités de quartier, de distribuer les vivres et de connecter les groupes d'achat de gros.
Wang Qianwen est une Shanghaienne ordinaire qui s'est portée volontaire pour diriger les efforts des bénévoles de son immeuble et coordonner les achats alimentaires. Au cours d'un entretien téléphonique avec China.org.cn, elle a décrit sa vie actuelle dans la mégapole.
Sa famille de cinq personnes habite une communauté résidentielle de 4500 habitants en confinement depuis le 1er avril. Au début du mois, un cas positif a été découvert dans la communauté, ce qui signifie qu'en vertu de la règle dite du « 7 + 7 », tous les habitants doivent observer un isolement à domicile de sept jours, suivi de sept jours de confinement moins strict avec sorties possibles au sein de la communauté résidentielle. Toutefois, la découverte successive de plusieurs cas positifs a remis les compteurs à zéro à plusieurs reprises, transformant le principe de « 7 +7 » en cycle sans fin. Malgré l'impossibilité de sortir, la famille de Wang Qianwen a suffisamment à manger dans son appartement, car elle avait fait des stocks importants avant le confinement, auxquels sont venues s'ajouter les distributions gratuites organisées dans le quartier ainsi que les provisions obtenues grâce aux groupes d'achat de gros mis en place par le comité de quartier, les gestionnaires de la communauté et quelques individus. Elle a également été heureuse de recevoir des marchandises envoyées par son employeur, le groupe L'Oréal.
Le 4 avril, elle a rejoint l'équipe de bénévoles de sa communauté résidentielle. « À ce moment-là, la communauté venait d'être confinée, j'ai entendu qu'on cherchait des bénévoles pour apporter les livraisons d'achats de groupe devant chaque porte. C'était pendant les jours fériés de la fête de Qingming, j'avais du temps libre, donc je me suis portée volontaire », se souvient-elle. Sa mère avait été responsable d'immeuble avant elle, et elle trouve que Wang Qianwen lui ressemble beaucoup, étant toujours enthousiaste pour participer à la vie de sa communauté.
Les tâches des bénévoles se répartissent en plusieurs volets, à savoir la livraison des marchandises, la distribution des autotests et le suivi des résultats, ainsi que l'organisation des provisions en achat de gros et la permanence au moment des tests PCR de la communauté. « Nous devons transmettre au plus vite sur les groupes de discussion WeChat du voisinage le lien vers les initiatives d'achat de gros des gestionnaires de la communauté, car il faut pouvoir commander dès que possible. Nous faisons aussi les comptes des quelques achats organisés par le comité de quartier, car le nombre de résidents concernés est élevé et cela représente beaucoup de travail. Je forme ensuite une petite équipe, avec une personne chargée des résultats des autotests antigéniques quotidiens, un responsable des achats alimentaires du comité de quartier, et un responsable des achats du bureau de gestion de la communauté. Je demande aussi à trois membres masculins de l'équipe de m'aider à acheminer sacs et colis. » Avec son expérience, Wang Qianwen sait déjà gérer méticuleusement ces diverses tâches complexes.
Elle a indiqué estimer que pour bien remplir son travail de bénévole, la motivation et le calme sont essentiels. « On est confrontés à de nombreuses situations différentes, par exemple des personnes âgées ou des enfants qui tombent malades, des femmes enceintes dont le travail approche… Il faut pouvoir en informer immédiatement le comité de quartier et trouver des solutions en se consultant les uns et les autres. Là où les fournitures étaient relativement insuffisantes, c'est pour aider les résidents qui se trouvent émotionnellement en détresse et qui peuvent tenir des propos très forts sous le coup de l'émotion. Nous devons savoir rester calmes, comprendre le fond du problème et apporter notre assistance. »
Elle raconte que les relations de voisinage ont atteint une proximité jamais vue auparavant. « La coordination fonctionne particulièrement bien dans notre bâtiment, les problèmes ont pu être résolus au plus vite, c'est très satisfaisant et significatif. Tous les jours, une chose qui me fait chaud au cœur se produit. Par exemple, les voisins échangent entre eux selon leurs besoins, ils n'ont qu'à mentionner dans le groupe WeChat ce dont ils manquent et une solution est généralement trouvée. Deux Américains qui sont arrivés à Shanghai l'an dernier vivent dans le bâtiment, ils ne parlent pas bien chinois, je les ai aidés à acheter des provisions. Ils se sont montrés très reconnaissants envers les bénévoles et m'ont dit qu'ils souhaitaient m'offrir un gâteau et du vin pour me remercier lorsque l'épidémie sera terminée. »
En tant que témoin direct de la situation sur place, elle estime qu'il y a encore beaucoup de choses à améliorer dans la réponse et la gestion de l'épidémie à Shanghai. Les moyens de subsistance de la population pourraient être mieux assurés, et la ville devrait se pencher tout particulièrement sur les groupes vulnérables et prêter attention à la santé mentale de la population. « Nous devons tous tenir bon et traverser cette épreuve ensemble, l'épidémie sera un jour une chose du passé », souligne-t-elle.
Source:french.china.org.cn |