Les semences développées en Chine, un élément crucial de la sécurité alimentaire nationale, ont attiré l’attention des dirigeants. Leur sécurité se place au sommet de l’agenda gouvernemental aux côtés d’autres aspects de la sécurité économique, allant de l’approvisionnement en énergie à l’autosuffisance technologique.
Dimanche dernier, le président Xi Jinping a souligné le rôle crucial des « semences chinoises » pour assurer la sécurité alimentaire du pays.
« La sécurité alimentaire de la Chine ne peut être sauvegardée que lorsque les ressources alimentaires sont fermement détenues dans nos mains. […] Afin d’assurer l’autosuffisance et un meilleur contrôle des ressources en semences dans notre pays, l’autonomie doit être accomplie dans la technologie des semences », a déclaré Xi Jinping lors de l’inspection d’un laboratoire de semences à Sanya, dans la province méridionale chinoise de Hainan.
Encouragées par cette nouvelle, les actions liées à la production de semences ont augmenté lundi de 9 %, selon les données du fournisseur chinois d’informations financières Hithink RoyalFlush Information Network. En comparaison, l’indice Shanghai Composite a clos la journée en baisse de 2,61 %.
D’après les spécialistes du secteur et les experts en biotechnologies, la crise alimentaire mondiale latente dans le contexte de la crise ukrainienne ne submergera pas la Chine. Elle ne représente pas non plus une menace à sa sécurité en matière de semences, car près de 95 % des céréales récoltées dans le pays, comme le riz et l’orge, sont cultivées en utilisant des semences développées en Chine.
Des avancées fondamentales ont également été accomplies dans certains secteurs engorgés, comme le maïs, le soja, les poulets à griller et les porcs reproducteurs, aidant à réduire encore davantage la dépendance vis-à-vis des importations dans un contexte de risques géopolitiques croissants.
Des semences développées en Chine
« Ce n’est qu’en maîtrisant la compétitivité fondamentale des semences que nous pouvons contrôler les procédures pertinentes. Qu’il s’agisse de la division des intérêts, de la structure industrielle ou même de la tarification, tout repose sur l’indépendance des semences », explique Jiang Zhimin, le directeur adjoint du Bureau administratif de la Cité des sciences et technologies de la baie de Yazhou à Sanya.
Le Laboratoire des semences de la baie de Yazhou a été établi en mai 2021 au sein de la Cité des sciences et technologies de Nanfan, laquelle est dédiée à l’innovation de la reproduction, aux services réglementaires, ainsi qu’à la coopération et aux échanges.
Jiang Zhimin note que le laboratoire donne également à chaque semence une identité qui peut être détectée, aidant à mieux protéger la propriété intellectuelle des semences. La bataille pour l’auto-suffisance en semences est depuis longtemps une mission clé pour la Chine. Chaque année, entre septembre et mai, plus de 8000 scientifiques et travailleurs agricoles de 700 institutions se rassemblent dans la Cité des technologies de Nanfan, située à Sanya dans la province méridionale chinoise de Hainan.
Nanfan, qui signifie « reproduction dans le Sud » en mandarin, constitue la plus grande base de sélection agricole dans le sud de la Chine. Elle vise à créer un nouveau cadre pour l’innovation et le développement dans le secteur des semences, en se basant sur les sciences et technologies.
La base de sélection des semences, qui abrite aujourd’hui les filiales de 607 entreprises agricole dont la société chinoise Yuan Long Ping High-Tech Agriculture et l’entreprise allemande spécialisée dans la sélection des semences KWS, a créé des semences qualifiées par certains de « miraculeuses », comme des variétés à ultra-hauts rendements et du coton résistant aux parasites.
Lu Yuping, le vice-président de Yuan Long Ping et directeur général de la start-up Longping Biotechnology (Hainan), note que son entreprise est parvenue à développer une semence de maïs hybride pouvant être récoltée toute l’année, contre trois saisons auparavant, marquant une avancée majeure dans le renforcement de la production de maïs et « l’enrichissement de l’assiette des Chinois ».
La société Yuan Long Ping High-Tech Agriculture, nommée d’après le « père du riz hybride » Yuan Longping, est l’une des 10 plus grandes entreprises de semences au monde en matière de ventes. Une autre entreprise chinoise dans ce Top 10 est le groupe Syngenta, qui a été racheté et consolidé par les entreprises d’Etat ChemChina et Sinochem.
Au cours de sa visite d’inspection à Sanya dimanche dernier, Xi Jinping a appelé à porter l’esprit des scientifiques et des chercheurs des anciennes générations, notamment celui de Yuan Longping. Le président a également appelé à réaliser des efforts soutenus dans le développement du secteur des semences du pays.
Selon Lu Yuping, le maïs est aujourd’hui la culture céréalière et fourragère la plus importante au monde. L’escalade de la situation entre la Russie et l’Ukraine, qui représentent conjointement plus de 20 % de l’approvisionnement mondial en maïs, pousse les prix alimentaires mondiaux vers des niveaux records. L’Ukraine fournit près de 30 % des importations de la Chine en maïs et le pays a importé 7,32 millions de tonnes de maïs depuis l’Ukraine en 2021.
Les ressources de la Chine en semences de maïs n’étaient auparavant ni abondantes ni robustes, et la production des semences de maïs et de soja développées indépendamment par la Chine était de 40 à 60 % de celle des autres pays, note Lu Yuping. Grâce à la technologie de modification génétique, les rendements du maïs et du soja peuvent être augmentés de 15 à 30 %, du fait de l’existence de nouvelles avancées génétiques rendant les céréales résistantes aux mauvaises herbes et aux parasites.
Li Xinhai, le directeur général de l’Institut de recherche en biotechnologie de l’Académie chinoise des sciences agricoles, indique que les entreprises et les instituts de Chine ont développé des variétés de maïs génétiquement modifiées résistantes aux insectes, qui répondent aux normes nationales.
« Ces variétés sont cultivables dans le nord-est et le nord de la Chine. De tels développements ont brisé le monopole des entreprises de semences étrangères sur les brevets liés aux gènes de résistance aux insectes, posant de solides fondations pour l’industrialisation à venir », note-t-il.
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