Les nouvelles Routes de la soie soutiennent l’essor de l’Amérique latine

Les liens entre l’Amérique latine et la Chine vont de succès en succès avec l’expansion de l’initiative des nouvelles Routes de la soie, alors que les populations de part et d’autre renforcent les connexions et augmentent les échanges.

« Le moment est particulièrement propice pour les relations de la Chine avec l’Amérique latine. La pandémie de Covid-19 est désormais un peu mieux sous contrôle et le commerce se déroule de manière extrêmement rapide et dynamique, malgré les difficultés comme les prix du fret mondial », explique Henrique Reis, directeur des Relations internationales au sein du groupe China Trade Center. Basé à São Paulo, le groupe promeut le développement et le renforcement de la coopération commerciale, technologique et culturelle entre la Chine et le Brésil.

Le Brésil est l’un des pays dans la région, dont les performances commerciales avec la Chine ont atteint de nouveaux sommets et créé plus d’opportunités d’échanges culturels.

« Les échanges commerciaux entre la Chine et le Brésil ont réalisé un nouveau record l’année dernière, dépassant les 135 milliards de dollars (132 milliards d’euros) », note Henrique Reis. Les exportations vers la Chine ont augmenté de 29,4 % et atteint les 87 milliards de dollars. Près de 31 % des exportations brésiliennes ont été expédiées vers la Chine, qui est le principal partenaire commercial du Brésil.

L’Argentine voisine est également en train de renforcer ses liens avec la Chine. Le président argentin Alberto Fernández s’y est rendu cette année pour l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Beijing et pour marquer l’adhésion officielle de son pays à l’initiative menée par la Chine des nouvelles Routes de la soie.

« L’intégration de l’Argentine dans les nouvelles Routes de la soie est un jalon. L’Argentine fait face à une opportunité historique d’élargir les lignes de la coopération et du commerce avec la Chine », note Vicente Teruggi, directeur de projets à l’Observatoire sino-argentin, une organisation à but non lucratif basée à Buenos Aires.

Selon lui, cette opportunité ne se limite pas « à la coopération, aux finances et au commerce, mais elle permet également à l’Argentine d’apporter ses technologies, ses connaissances et ses produits à valeur ajoutée à tous les pays adhérant à l’initiative des nouvelles Routes de la soie ».

En 2021, le commerce entre la Chine et l’Argentine a atteint les 19,6 milliards de dollars, avec des exportations de l’Argentine dépassant les 6,1 milliards de dollars, soit une hausse d’environ 17 % en glissement annuel. En décembre 2021, l’Argentine a exporté plus de 36 000 tonnes de viande vers la Chine, soit trois fois plus qu’en janvier 2018, indique Delta Analysis, une société d’analyse opérant à Buenos Aires.

« Avec son entrée dans l’initiative des nouvelles Routes de la soie, l’Argentine se retrouve face à l’un des défis les plus importants de ces 20 dernières années. Il s’agit également d’une opportunité à saisir de façon stratégique et planifiée, et qui nécessite beaucoup de patience », estime Vicente Teruggi.

Dans la région andine, le commerce du Pérou avec la Chine augmente également à un rythme rapide. Les exportations de café depuis le Pérou vers la Chine ont plus que triplé entre 2018 et 2021 et dépassent les 1,4 milliard de dollars. Les opportunités sont également en plein essor pour les produits locaux, comme par exemple le quinoa, une céréale andine.

D’après le gouvernement péruvien, le commerce entre le Pérou et la partie continentale de la Chine en 2021 a augmenté de 39 %, atteignant pratiquement 31 milliards de dollars, en grande partie soutenu par les produits minéraux et les produits issus de la pêche. Dans le même temps, le commerce avec la Région administrative spéciale de Hong Kong a augmenté de 72 %.

« La Chine a été la première destination des exportations du Pérou en 2021, en grande partie grâce aux matières premières et aux produits agro-industriels », explique Ramón Abásolo, un analyste politique basé à Lima.

La Colombie également augmente ses échanges économiques avec la Chine. A l’instar d’autres pays comme l’Uruguay, elle ambitionne en outre de signer un accord de libre-échange avec la Chine d’ici la fin de cette année.

« La relation économique entre l’Amérique latine et la Chine entre dans une nouvelle étape, qui promet un développement plus important pour la région », note pour sa part David Castrillon, enseignant chercheur en relations internationales à l’Université Externado de Colombie.

Les accords de libre-échange et l’Initiative des nouvelles Routes de la soie aident l’Amérique latine et la Chine à s’intégrer de façon approfondie.

« Ce qui était autrefois une relation strictement commerciale s’est désormais élargie et approfondie vers de nouveaux domaines, comme l’exportation de produits de consommation et de services, le financement et la participation dans les projets de construction, ou encore le financement d’entreprises publiques et privées », souligne David Castrillon.

L’ancien ministre péruvien des Affaires étrangères, Óscar Maúrtua, estime que la Chine revêt une grande importance dans la région et que les nouvelles Routes de la soie sont la clé permettant à la Chine de parvenir à ses objectifs internationaux.

« La puissance a prédominé dans la région méditerranéenne au XIXe siècle et dans la région atlantique au XXe siècle. Au XXIe siècle, elle prédomine dans la région pacifique et la Chine a un rôle transcendant », affirme Óscar Maúrtua.

Selon lui, « la Chine s’est imposée en Amérique latine face à l’attitude méprisante de la précédente administration américaine entre 2017 et 2020 [et] les nouvelles Routes de la soie projettent la Chine au niveau mondial ».