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Texte intégral : Conférence de presse du Premier ministre Li Keqiang
La 5e session de la XIIIe Assemblée populaire nationale a tenu une conférence de presse au Grand Palais du Peuple le 11 mars 2022 dans la matinée. Le Premier ministre du Conseil des Affaires d’État Li Keqiang a rencontré la presse et répondu aux questions des journalistes chinois et étrangers sur l’invitation du porte-parole de la présente session Zhang Yesui.
Dans ses remarques d’ouverture, le Premier ministre Li Keqiang a salué et remercié les journalistes d’avoir couvert les sessions de l’APN et de la CCPPC. Il a ensuite ouvert la conférence de presse qui s’est tenue en visioconférence par contrainte sanitaire.
The Associated Press : L’économie chinoise passe progressivement d’une croissance rapide à une croissance durable, équitable et verte. En 2021, le gouvernement chinois a adopté des mesures pour réduire la dette dans le marché immobilier et réglementer l’économie numérique. Cette année, le gouvernement chinois s’est fixé l’objectif d’une croissance de 5,5%, un objectif ambitieux aux yeux de nombreux économistes, vu le contexte de COVID-19 et le conflit en Ukraine. Est-ce que le gouvernement chinois procédera cette année à des ajustements de court terme pour favoriser la croissance plutôt que de promouvoir une réforme structurelle et de réduire des émissions de carbone ? Comment équilibrer ces différents objectifs ? Sur la question ukrainienne, de quelle manière les relations économiques et commerciales importantes sino-européennes et sino-américaines seront prises en compte dans la réponse chinoise à cette crise ? Craignez-vous que le soutien chinois à la Russie n’ait des impacts sur ces relations de même que sur l’économie chinoise ?
Premier ministre Li Keqiang : Vous avez posé une question sur la croissance de la Chine. En 2021, la taille économique de la Chine a dépassé 110 000 milliards de yuans RMB. La croissance se poursuit sur une base élevée. Voyons ce qui se passe dans le monde. Pour une économie aussi grande, ce sera une tâche difficile de maintenir une croissance moyennement rapide. Vous dites que 5,5% est un objectif ambitieux aux yeux de beaucoup d’économistes. Je me souviens que lors de la conférence de presse de l’année dernière, un journaliste m’a demandé si l’objectif de 6% était relativement bas. En effet, sur la base relativement faible de l’économie chinoise en 2020, il était possible de pouvoir réaliser une croissance de 8%, même plus. Mais nous nous étions fixé l’objectif de 6% en laissant les portes ouvertes à plus de marges de manœuvre en vue d’une meilleure performance. Notre politique macroéconomique, y compris sur les plans budgétaire, monétaire et de l’emploi, s’est fixée sur la base de l’objectif de 6%. Le taux de déficit et le ratio de la dette au PIB ont ainsi été réduits. Cela nous donne encore davantage de marges d’action pour cette année face aux nouveaux défis.
En 2020, malgré une situation tellement sérieuse, nous avons refusé la politique de liquidités excessives. De 2021 à février 2022, malgré un niveau d’inflation élevé dans beaucoup de pays, la Chine a connu un accroissement du CPI de moins de 1%, grâce à notre politique macroéconomique pertinente. Notre politique macroéconomique est adoptée en fonction des conditions nationales de la Chine. Je n’ai pas l’intention de faire des commentaires sur les mesures prises par d’autres pays.
En 2021, sous la ferme direction du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) rassemblé autour du Camarade Xi Jinping et grâce aux efforts conjugués du peuple chinois, nous avons accompli nos tâches et objectifs principaux en matière de développement économique et social et jeté ainsi une base solide au développement de cette année. En 2022, l’économie chinoise fait face à une nouvelle pression baissière et à de nouveaux défis, avec un environnement complexe et changeant et la montée des incertitudes. Une croissance de 5,5% sur la base d’un PIB dépassant 100 000 milliards de yuans RMB équivaut à la taille d’une économie intermédiaire. Il y a dix ans, sur la base d’un PIB de 50 000 milliards de yuans RMB, une croissance de 10% équivalait à 6 000 à 7 000 milliards de yuans RMB. Mais aujourd’hui, 5,5% de croissance signifie en terme nominal 9 000 milliards de yuans RMB. C’est comme si l’on grimpait une montagne. Pour une montagne de 1 000 mètres, 10% de trajet, c’est 100 mètres seulement. Mais pour une montagne de 3 000 mètres, 5% de trajet représente déjà 150 mètres. Et plus on est proche du sommet, plus la pression atmosphérique diminue et moins il y aura d’oxygène. La croissance peut donc sembler plus lente, mais elle a en réalité un poids plus important.
Nous travaillerons à atteindre l’objectif d’environ 5,5%. C’est une stabilité sur la base élevée qui constitue en elle-même un progrès. Ce sera une tâche difficile qui nécessite le soutien des politiques macroéconomiques. Par exemple, sur le plan budgétaire, nous prévoyons cette année un taux de déficit de 2,8%, soit 200 milliards de yuans RMB de moins par rapport au niveau de 2021. Dans le même temps, nous augmenterons les dépenses budgétaires. Vous pourriez demander d’où vient cette somme d’argent. Comme je l’ai dit dans le Rapport d’activité du gouvernement, l’argent vient des bénéfices excédentaires d’institutions financières publiques et de monopoles d’État des deux exercices précédents, ainsi que des prélèvements sur le fonds de stabilisation et de régulation du budget central. Les dépenses devraient ainsi augmenter de plus de 2 000 milliards de yuans RMB par rapport à 2021. Cette somme d’argent sera pour la plupart utilisée dans la réduction des impôts et frais, notamment le remboursement d’impôts. C’est comme apporter davantage d’oxygène à ceux qui grimpent la montagne. De plus, nous adopterons de multiples mesures sur les plans financier et de l’emploi.
Les politiques adoptées cette année ne visent pas seulement les besoins immédiats. Elles sont basées sur la situation actuelle mais visent également le long terme. Elles ne s’appliquent pas au prix des intérêts futurs et sont donc durables. Comme vous l’avez dit, la Chine fait face également à d’autres défis comme le changement climatique, la disparité de revenus et les dettes. Nous prendrons des mesures fortes pour y répondre en 2022 et au-delà. Les mesures sont en train d’être mises en place. La modernisation de la Chine est un travail de longue haleine et nous résoudrons les problèmes survenus au cours du développement par le développement.
Vous avez également posé une question sur la situation en Ukraine. Actuellement, la situation en Ukraine attire beaucoup d’attention. La Chine en est profondément préoccupée et attristée. Nous espérons sincèrement voir l’apaisement de la situation et un retour rapide à la paix. La Chine applique depuis toujours une politique étrangère d’indépendance et de paix, et ne vise jamais les tierces parties dans le développement de ses relations bilatérales avec les autres pays. Nous développerons les relations de coopération avec toutes les parties sur la base du respect mutuel et du bénéfice mutuel, en vue d’apporter davantage de stabilité au monde.
Reuters : Depuis l’attaque de la Russie en Ukraine, il y a 2 millions de réfugiés et des centaines de victimes parmi les civils. Les gens s’inquiètent aussi du risque d’une escalade nucléaire. Mais la partie chinoise refuse toujours de condamner l’acte de la Russie et de le qualifier d’invasion. Est-ce que la Chine, quoi qu’il en soit, ne la condamnera jamais ? La Chine est-elle prête à fournir des soutiens économiques et financiers supplémentaires à la Russie qui fait face à des sanctions ? Si elle le fait, s’inquiète-t-elle des impacts négatifs d’éventuelles sanctions imposées par d’autres pays ?
Premier ministre Li Keqiang : Comme je viens de le dire, la Chine poursuit depuis toujours une politique étrangère d’indépendance et de paix. Sur la situation en Ukraine, nous estimons que la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être respectées, que les buts et principes de la Charte des Nations Unies doivent être observés, et que les préoccupations sécuritaires légitimes de tous les pays doivent être prises au sérieux. C’est dans cet esprit que nous faisons notre jugement, et nous entendons jouer un rôle positif avec la communauté internationale pour le retour à la paix.
La situation actuelle en Ukraine inquiète, et il faut faire le maximum d’efforts pour soutenir la Russie et l’Ukraine dans leurs efforts de surmonter les difficultés pour poursuivre les négociations en vue d’aboutir à la paix. Nous soutenons et encourageons tous les efforts favorisant le règlement pacifique de la crise. L’urgence pour le moment est d’éviter l’escalade, voire le dérapage de la situation. Sur ce point, il y a un consensus dans la communauté internationale et entre toutes les parties.
La Chine appelle au maintien de la plus grande retenue sur cette question pour prévenir une crise humanitaire de grande envergure. La Chine a déjà avancé une initiative sur la situation humanitaire en Ukraine et continuera de fournir des aides humanitaires à l’Ukraine.
L’économie mondiale étant déjà pénalisée par la COVID-19, les sanctions pèseront lourd sur la reprise mondiale et ne profiteront à aucune partie. La Chine entend faire ses propres efforts constructifs pour préserver la paix et la stabilité et promouvoir le développement et la prospérité dans le monde.
CNBC : Selon les études menées par l’Institut national pour la finance et le développement, la réduction de frais est la mesure de soutien la plus efficace pour les petites entreprises, suivie de la réduction d’impôts. Avez-vous des chiffres exacts pour montrer dans quelle mesure la réduction d’impôts et de frais a contribué à l’économie ? Quelles sont les considérations pour les gouvernements locaux face au ralentissement du développement du secteur immobilier et à ses impacts sur les revenus ? Concernant la consommation, le gouvernement envisage-t-il d’adopter des mesures comme l’émission des coupons de consommation ?
Premier ministre Li Keqiang : Une conclusion doit être appuyée par des théories et des pratiques. Les pratiques de ces dernières années démontrent que la réduction d’impôts et de frais donnent les effets les plus directs. L’année dernière, j’ai eu des discussions avec une dizaine d’entrepreneurs à l’Est de la Chine. Ils m’ont raconté des difficultés qu’ils avaient rencontrées et exprimé leur souhait que le gouvernement adopte davantage de politiques de soutien macroéconomiques. Je leur ai répondu que le gouvernement central avait des politiques en réserve, qu’il fallait les utiliser de manière ciblée et qu’ils avaient le choix entre trois options : l’investissement massif qui pourrait apporter plus de commandes, l’émission des coupons de consommation qui pourrait stimuler directement la consommation et la réduction d’impôts et de frais qui permettrait de stabiliser l’emploi et de promouvoir l’investissement et la consommation. Il y avait un petit moment de silence, puis ils ont répondu unanimement : « Nous choisissons la troisième option, car c’est la mesure la plus directe, la plus équitable et la plus efficace. » Les rapports que j’ai reçus cette année montrent que l’allègement fiscal reste la première attente de la plupart des entrepreneurs auprès du gouvernement. Cela démontre que les mesures doivent être appliquées là où il y a un besoin urgent, tout comme l’engrais doit être utilisé à la racine, car une racine robuste permet d’avoir un grand arbre.
Selon ce que j’ai lu, certains s’inquiètent que la réduction d’impôts et de frais, mise en place depuis des années, n’ait des effets moins efficaces que par rapport aux années précédentes. La politique d’allègement fiscal d’ampleur que nous avons adoptée pour cette année combine le remboursement de crédit de TVA et la réduction d’impôts et de frais, qui représente au total 2 500 milliards de yuans RMB. Même en 2020 où l’économie chinoise subissait les impacts les plus graves, l’ampleur de la politique était du même ordre et nous avons tenu bon. Cette fois nous avons restructuré notre politique en accordant la priorité au remboursement de crédit de TVA. Nous avons mis en place un remboursement anticipé et le solde de crédit de TVA sera remboursé une fois pour toutes aux acteurs du marché, avec un montant total de plus de 1 500 milliards de yuans RMB. Si cela fonctionne bien, nous redoublerons d’effort dans ce sens.
Le remboursement de crédit de TVA privilégiera les micro et petites entreprises, car elles sont nombreuses, couvrent des domaines vastes et embauchent un grand nombre de personnes. Et ce sont elles qui rencontrent aujourd’hui les plus grandes difficultés de financement. Elles pourront se faire rembourser le solde du crédit de TVA une fois pour toutes avant la fin juin. Pour les secteurs manufacturier, des services, de la R&D et d’autres secteurs clés, tous les problèmes de crédit de TVA seront réglés d’ici fin d’année. Et le surplus du crédit de TVA des micro et petites entreprises sera remboursé sur la base mensuelle. Lors de mes discussions avec des membres de la CCPPC, un entrepreneur m’a dit que par rapport aux autres mesures comme la réduction d’impôts et de frais et l’investissement, le remboursement de crédit de TVA avait les effets les plus rapides et les plus efficaces. Pour monter un projet, il faut du temps et il y a des formalités à remplir, mais le remboursement de crédit de TVA revient à injecter directement des liquidités aux entreprises, ce qui permet de répondre à leur besoin le plus urgent. Une action concrète vaut mieux que mille mots. Il faut absolument faire tous les efforts pour mettre en œuvre effectivement cette mesure cruciale.
L’allègement fiscal représente des réductions de recettes, mais permet en fin de compte d’augmenter les recettes budgétaires. L’année dernière, les recettes venant de nouveaux contribuables sur le marché était supérieures au montant de la réduction d’impôts, ce qui est vérifiable. À partir de 2013, nous avons adopté la réforme sur le TVA orientée vers la réduction d’impôt, et les impôts ont été réduits de 8 700 milliards de yuans RMB. Mais les recettes du budget national qui étaient d’environ 11 000 milliards de yuans RMB en 2013 ont presque doublé pour atteindre 20 000 milliards en 2021. Les entreprises qui ont bénéficié de ces mesures ont vu leur rentabilité accroître. C’est comme remplir le vivier, plus l’eau est profonde, plus les poissons sont nombreux. Les mesures d’allègement fiscal ont permis de protéger et d’augmenter les rentrées fiscales et de développer les acteurs du marché.
Vous avez également mentionné les nouvelles difficultés rencontrées par les autorités locales, et nous l’avons constaté. C’est pour cela que le transfert de paiement des instances centrales aux instances locales a augmenté de 18% pour atteindre 9 800 milliards de yuans RMB, une croissance rarement vue depuis des années. Pour le remboursement de crédit de TVA, c’est le gouvernement central qui prendra en charge la majeure partie, et les autorités locales doivent également participer à l’effort. Les sommes remboursées iront directement aux entreprises. Vu les difficultés rencontrées par les échelons de base, les fonds venant des finances centrales arriveront directement aux municipalités et districts et les échelons inférieurs. Les autorités locales doivent économiser chaque centime et donner aux acteurs du marché l’intégralité des fonds, tout en s’efforçant de leur apporter plus de soutien financier.
Phoenix TV : L’année dernière, les élections du Comité électoral et du 7e Conseil législatif ont eu lieu dans la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong. Cette année, il y aura l’élection du 6e Chef de l’exécutif. Cette élection qui se déroulera sous le nouveau système électoral attire une attention particulière dans le contexte où la situation sanitaire à Hong Kong ne présente toujours pas de signe d’amélioration. Quels sont vos commentaires là-dessus ?
Premier ministre Li Keqiang : Face à une situation sanitaire sévère, le gouvernement de la RAS de Hong Kong a décidé, conformément à la loi, de reporter l’élection du 6e Chef de l’exécutif pour se concentrer sur la lutte contre la COVID-19. Nous le comprenons et le soutenons complètement. Le gouvernement central suit tous les jours de très près la situation sanitaire à Hong Kong. La santé et la sécurité des Hongkongais lui tiennent beaucoup à cœur. Le gouvernement de la RAS doit assumer les responsabilités principales dans la riposte sanitaire, et le gouvernement central lui apportera tout son soutien.
Nous continuerons d’appliquer de manière complète, exacte et résolue les principes d’« un pays, deux systèmes », d’« administration de Hong Kong par les Hongkongais » et d’un haut degré d’autonomie. Le renouvellement du gouvernement de la RAS de Hong Kong se fera dans le strict respect des dispositions pertinentes de la Loi fondamentale. Nous espérons que le gouvernement de la RAS pourra unir et conduire les Hongkongais de tous les milieux pour continuer de développer l’économie, d’améliorer le bien-être social et de consolider et renforcer le statut de Hong Kong en tant que centre financier, commercial et de transport maritime international, en vue de maintenir la prospérité et la stabilité sur le long terme à Hong Kong.
CCTV : Actuellement, nous constatons des anticipations incertaines, la réduction de postes d’emploi dans certains secteurs et le licenciement dans certaines entreprises. Pourtant, dans le même temps, le nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail ne cesse de s’accroître. Cette année, quelles mesures prendra le gouvernement pour stabiliser l’emploi ?
Premier ministre Li Keqiang : L’emploi concerne non seulement le bien-être de la population, mais aussi le développement du pays. Il génère des revenus, apporte l’espoir et crée de la richesse pour la société. En 2021, lors de mes visites dans des entreprises, un responsable d’entreprise m’a dit que beaucoup de ses employés lui demandaient en août de payer à l’avance leurs salaires pour qu’ils puissent payer les frais de scolarité de leurs enfants en septembre. Cette année, avant la Fête du Printemps, quand je me suis rendu dans des villages au Nord-Ouest du pays, un agriculteur m’a dit que chaque année, il devait payer plus de 10 000 yuans pour un de ses enfants qui va à l’université et plus de 8 000 yuans pour un autre qui va au lycée. Il ne gagne pas assez en travaillant la terre. Et il est obligé d’aller travailler en ville. Je suis touché par ces hommes et femmes qui travaillent dur. L’emploi non seulement touche à la vie de leurs familles, mais aussi assure un avenir meilleur à leurs enfants.
Cette année, nous renforcerons la politique macroéconomique et les politiques budgétaires et monétaires seront axées sur l’emploi. La priorité à l’emploi fait partie de la politique macroéconomique et nous adopterons des mesures d’accompagnement dans ce sens. Chaque année, nous devons créer au moins 11 millions d’emplois urbains et il est préférable d’en créer 13 millions. À mon avis, le plein emploi permet de libérer la potentialité de la croissance économique de la Chine. Par exemple, en 2020, vu les graves impacts de la COVID-19, nous ne nous sommes pas fixé d’objectif chiffré de la croissance du PIB. Mais nous avons clairement défini l’objectif de créer plus de 9 millions d’emplois urbains et nous avons réussi à en créer plus de 11 millions. Ce qui a permis une croissance positive de 2,2% de l’économie chinoise. La Chine était la seule à réaliser une croissance positive parmi les principales économies du monde.
En 2022, il y aura 16 millions de nouveaux demandeurs d’emploi en ville et 10,76 millions de nouveaux diplômés universitaires, tous battant un nouveau record. Près de 300 millions de travailleurs migrants et des militaires démobilisés ont besoin de trouver du travail. Par ailleurs, comme il y a des entreprises fermées, il faut penser à la réinsertion. Les nouveaux demandeurs d’emploi sont en progression. Il faut créer de nouvelles plateformes, adopter des mesures de soutien comme la formation et faire valoir le rôle du marché pour régler les problèmes de l’emploi. Ces dernières années, nous avons travaillé à promouvoir l’entrepreneuriat et l’innovation et à encourager le développement de nouvelles technologies, de nouvelles activités économiques, de nouveaux modèles et de nouveaux moteurs de croissance. Nous croyons en la sagesse de chacun. Quand les atouts et talents de toute la population sont valorisés, le marché du travail débordera de vitalité.
Je pense également à nos travailleurs flexibles, qui sont au nombre de plus de 200 millions et qui travaillent sous différentes formes et dans de nombreux secteurs. Pour la Chine qui est un pays en développement, le travail flexible existera pour longtemps. Beaucoup de travailleurs flexibles travaillent dur, qu’il vente ou qu’il pleuve. Des gouvernements locaux leur offrent des services pour faciliter leur travail. S’agissant de la protection de leurs droits et intérêts et de leur accès à la protection sociale, le gouvernement doit améliorer les politiques y relatives pour attacher une ceinture de sécurité à ces livreurs express. C’est ainsi que le travail flexible et d’autres nouvelles formes de travail pourront non seulement répondre aux besoins imminents, mais aussi stimuler la vitalité du marché et la créativité dans toute la société.
Agence EFE : Cela fait déjà deux ans depuis l’éclatement de l’épidémie. La Chine est restée fermée au monde pendant tout ce temps. J’aimerais savoir pendant combien de temps la politique de « zéro COVID » est viable pour la Chine. Y a-t-il une feuille de route pour ouvrir la Chine au monde dans un avenir prévisible ?
Premier ministre Li Keqiang : La COVID-19 est l’ennemi commun de toute l’humanité. Depuis son apparition il y a deux ans, il y a eu plusieurs variants de virus. Nous devons encore mener des études approfondies sur le virus. Et la protection vaccinale et la R&D des médicaments efficaces doivent être renforcées. À l’heure actuelle, la communauté internationale doit renforcer la solidarité et la coopération, et faire preuve mutuellement de plus de compréhension et de tolérance afin de créer ensemble des conditions favorables au retour à la normale du monde entier.
La Chine a toujours concilié le contrôle sanitaire et le développement économique et social, et travaillé à renforcer les échanges et la coopération internationaux. En fonction de l’évolution de la situation sanitaire et des caractéristiques du virus, nous travaillerons à adopter des mesures plus scientifiques et mieux ciblées pour la prévention et le contrôle de l’épidémie, à garantir la vie et la santé de la population,et à assurer l’ordre normal de la vie et de la production ainsi que la sécurité des chaînes industrielles et d’approvisionnement.
Depuis l’apparition de la COVID-19, j’ai eu des entretiens avec des responsables d’organisations internationales et des multinationales et des entrepreneurs. Ils ont tous exprimé leur souhait de maintenir les échanges commerciaux nécessaires. Nous avons déjà mis en place des « voies rapides » et des « corridors verts » pour assurer les activités normales des entreprises et des projets aux maillons clés. Nous continuerons d’accumuler des expériences et nous adapterons rapidement aux éventuels changements pour assurer la circulation ordonnée et sans entrave des biens et des personnes.
Agence Xinhua : Ces dernières années, l’environnement d’affaires s’est amélioré en Chine avec la multiplication considérable des acteurs du marché et un accès plus facile aux services du gouvernement. Cependant, il existe encore des problèmes qui perturbent les activités des entreprises. Que fera encore le gouvernement pour améliorer le climat d’affaires et stimuler la vitalité et la créativité des acteurs du marché ?
Premier ministre Li Keqiang : Ces dix dernières années, le Conseil des Affaires d’État a tenu chaque année au niveau national une réunion sur la réforme des fonctions du gouvernement et l’amélioration de l’environnement d’affaires. J’ai également noté que de nombreux gouvernements locaux ont consacré leurs premières réunions de l’année à l’amélioration du climat d’affaires. Réformer les fonctions du gouvernement, c’est comme améliorer le sol pour le développement des acteurs du marché. Réduire les impôts et les frais, c’est de le fertiliser et de l’arroser. Promouvoir l’entrepreneuriat et l’innovation, c’est de permettre aux acteurs du marché de s’enraciner et de grandir. En libérant la créativité de la population et la vitalité des acteurs du marché, nous pourrons injecter un grand dynamisme à l’économie chinoise. Cela exige du gouvernement des réformes courageuses pour que les départements gouvernementaux ne tournent pas autour de leurs propres intérêts mais aident effectivement les acteurs du marché à croître et à prospérer.
Toucher aux intérêts est plus difficile que de toucher à l’âme. Ces dernières années, nous avons été persévérants dans la promotion de la réforme basée sur le marché et de celle des fonctions du gouvernement. Par exemple, nous avons décentralisé ou supprimé l’approbation de près de 1 000 licences administratives, et il n’existe désormais plus aucune licence non administrative. Auparavant, pour monter une entreprise, il fallait des dizaines de jours même plus de cent jours pour remplir toutes les formalités requises. Aujourd’hui, cela ne prend en moyenne que quatre jours, voire même un jour dans certaines régions. Environ 90% des services administratifs sont accessibles en ligne, sur portable ou de manière interprovinciale. Ce faisant, nous avons fait tomber les barrières des intérêts et changé de mentalité. Et nous poursuivrons ces mesures pour apporter des bénéfices aux entreprises et à la population.
Grâce aux efforts inlassables que nous avons déployés ces dernières années pour améliorer l’environnement d’affaires, il y a aujourd’hui en Chine 150 millions d’acteurs du marché, soit 100 millions de plus par rapport à il y a dix ans. La plupart d’entre eux sont des entreprises privées, y compris 100 millions d’auto-entrepreneurs, dont le rôle ne doit pas être sous-estimé, car leur travail touche le quotidien de nombreuses familles et aide à stimuler la consommation. Lors de mes discussions avec des chefs d’entreprises aux sessions de la CCPPC, ils m’ont dit que c’était exactement les micro et petites entreprises et les auto-entrepreneurs qui soutenaient la circulation de l’économie et que sans eux, les grandes et moyennes entreprises ou même les entreprises d’État ne peuvent pas prospérer.
Quand il y a des réformes courageuses, un bon climat d’affaires et des acteurs de marché florissants, le développement économique est vigoureux. C’est le cas dans de nombreuses villes chinoises où l’économie est prospère. Dans le même temps, je voudrais souligner que nous accordons la même importance à la simplification administrative qu’au renforcement de la supervision. La simplification administrative ne veut pas dire la réduction des responsabilités et la déréglementation ne signifie pas la suppression de toute réglementation. La supervision est un devoir que doit remplir le gouvernement. Il faut lutter fermement contre la contrefaçon, la fraude et l’escroquerie, et surtout, renforcer la régulation des secteurs qui touchent à la vie, à la santé et aux intérêts de la population, comme l’alimentation, les médicaments, la sécurité au travail et la finance, et punir tous les actes illégaux et toutes les irrégularités. Aujourd’hui, avec le développement de nouvelles formes d’activités économiques et de nouveaux modes de développement, nous devons perfectionner sans cesse nos règlements et nos approches en matière de supervision pour que tous les acteurs du marché puissent bénéficier des conditions de concurrence et de développement justes et équitables.
Bloomberg : Il y a 50 ans, la visite en Chine du Président américain Richard Nixon a ouvert l’ère de l’engagement des États-Unis avec la Chine. L’année dernière, l’administration Biden a déclaré la fin de cette ère, et les deux pays entrent dans une période d’intense compétition. Partagez-vous cette appréciation ? Les phénomènes tels que l’interdiction de la vente de semi-conducteurs américains en Chine et l’interdiction de l’introduction en bourse américaine des entreprises chinoises deviendront-ils de plus en plus courants ?
Premier ministre Li Keqiang : Il y a 50 ans, la Chine et les États-Unis ont brisé la glace et entamé la marche de la normalisation de leurs relations. Durant le demi-siècle écoulé, les relations entre les deux pays sont toujours allées de l’avant malgré les problèmes qui ont parfois surgi. Nous espérons que les deux parties pourront, conformément au consensus dégagé par les deux Chefs d’État lors de leur entretien en visioconférence de la fin de l’année dernière, poursuivre les principes de respect mutuel, de coexistence pacifique et de coopération gagnant-gagnant, gérer adéquatement les divergences de manière raisonnable et constructive, et respecter les intérêts vitaux et les préoccupations majeures de part et d’autre. Ces deux parties doivent après tout multiplier le dialogue et la communication. Comme elles ont déjà ouvert la porte l’une à l’autre, elles ne doivent pas la refermer, et encore moins procéder à un « découplage ».
La Chine et les États-Unis sont tous les deux membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Ils sont respectivement le plus grand pays en développement et le plus grand pays développé. Bien gérer leurs relations est dans l’intérêt des deux peuples. De nombreux défis planétaires actuels exigent la coopération et des efforts conjoints de la Chine et des États-Unis. Nous estimons que la coopération sino-américaine est bénéfique aux deux pays et au monde entier.
Il est inévitable que la Chine et les États-Unis aient des divergences, vu leurs différences importantes en termes de système social, d’histoire, de culture et de stade de développement. Mais nous estimons que la coopération doit être le courant principal, car la paix et le développement dans le monde en dépendent. S’il y a une concurrence économique et commerciale entre nos deux pays, elle doit être saine et équitable. L’année dernière, le volume des échanges commerciaux sino-américains a dépassé 750 milliards de dollars américains, soit une augmentation de près de 30% en glissement annuel. Cela montre que la coopération sino-américaine couvre de vastes domaines et recèle un potentiel énorme. Si les États-Unis assouplissent les restrictions d’exportation à l’égard de la Chine, ce volume pourra encore s’accroître, au profit des deux pays et des deux peuples. La Chine entend travailler avec la partie américaine à élargir la voie de la coopération et à rechercher des bénéfices de long terme.
China News Service : Nous voyons que ces deux dernières années, à cause de la COVID-19, de petits restaurants et d’autres petits commerces ont dû fermer leurs portes, et que des secteurs comme la restauration, le tourisme, la vente au détail et le transport de passagers ont été gravement touchés par l’épidémie. Dans le Rapport d’activité du gouvernement, vous avez dit vouloir stabiliser les acteurs du marché et soutenir l’emploi. Quelles sont les mesures concrètes que le gouvernement prendra cette année pour aider ces secteurs particulièrement touchés ?
Premier ministre Li Keqiang : Depuis le début de la COVID-19, c’est le secteur des services, surtout les services impliquant un contact physique avec le public, qui a été le plus grièvement touché. Dans ce secteur, il y a beaucoup de micro, petites et moyennes entreprises qui ont souvent une trésorerie limitée et sont obligées de bien calculer leurs dépenses pour pouvoir survivre. Elles ont donc rencontré beaucoup de difficultés et n’ont parfois pas pu tenir face à l’épidémie. Les aider, c’est soutenir l’emploi, car les 100 millions d’auto-entrepreneurs ont engendré près de 300 millions de postes d’emploi. Malgré leur taille, ces acteurs sont tout à fait essentiels sur le marché. Nous devons les aider sans tarder, car il sera trop tard d’arroser une plante si sa racine est déséchée.
Pour ces secteurs particulièrement touchés, nous avons adopté plus de 40 mesures d’accompagnement. Par exemple, la restauration, le tourisme, le transport de passagers et le secteur culturel pourront bénéficier de 180 milliards de yuans RMB en remboursement de l’impôt. Et à part le soutien budgétaire, les institutions financières doivent assurer un renouvellement de prêts rapide pour les entreprises prometteuses. De plus, nous encourageons les collectivités locales qui en ont les moyens de les soutenir, avec la réduction ou l’exemption temporaires des loyers et des frais d’électricité. Cela permettra aussi aux propriétaires de garder les clients.
Actuellement, la consommation reste faible, surtout en ce qui concerne la consommation hors ligne. Comme vous pouvez l’imaginer, l’économie est dynamique lorsque les rues sont animées et les commerces sont florissants. Ce n’est pas une bonne chose de voir les commerces fermer leurs portes, et cela en plus touche à la vie quotidienne de la population. Il faut donc aider ces secteurs particulièrement touchés à tenir bon, cela aussi pour rendre le quotidien de la population plus agréable et l’économie chinoise plus vigoureuse.
ET Today of Taiwan : Dans le contexte où l’épidémie continue à se propager et que les facteurs d’incertitude et d’instabilité se multiplient dans les relations inter-détroit, que fera la partie continentale pour gérer la situation inter-détroit et préserver et promouvoir le bien-être des populations des deux côtés du détroit ?
Premier ministre Li Keqiang : Notre principe directeur à l’égard de Taiwan est clair. Je l’ai déjà exposé dans le Rapport d’activité du gouvernement, à savoir, poursuivre le principe d’une seule Chine et le Consensus de 1992, s’opposer fermement aux activités sécessionnistes visant l’« indépendance de Taiwan » et promouvoir le développement pacifique des relations inter-détroit et la réunification de la patrie.
Les compatriotes des deux rives du détroit sont membres d’une même famille, et ces liens fraternels ne sauraient en aucun cas être coupés. Nous continuerons de partager les opportunités de développement avec les compatriotes de Taiwan, et nous accorderons le même traitement aux compatriotes de Taiwan venus dans la partie continentale, leur apporterons des assistances concrètes et répondrons à leurs préoccupations. Tant que les compatriotes des deux rives du détroit avancent dans l’unité vers l’avenir, nous pourrons promouvoir un développement pacifique des relations inter-détroit et bénéficier ensemble du grand renouveau de la nation chinoise.
Lianhe Zaobao : L’année 2022 est la dernière année de l’actuel gouvernement. Pendant plus de quatre ans écoulés, quels sont les principaux accomplissements réalisés par le gouvernement ? Quel est le plus grand défi qu’il a rencontré ? Maintenant que l’économie chinoise fait face à des pressions sans précédent, quelles seront les politiques prioritaires du gouvernement en cette dernière année de son mandat pour mieux stabiliser la confiance du public et répondre aux attentes de la population ?
Premier ministre Li Keqiang : Depuis quatre ans, la situation internationale a connu des changements complexes. Sur le plan intérieur, il y avait aussi de multiples problèmes et difficultés. Je pense que le plus grand défi, c’est l’épidémie de COVID-19 qui a porté un coup dur à l’économie. Face à ces défis, nous n’avons pas choisi la facilité. Nous les avons affrontés courageusement et fait le maximum d’efforts.
Je me souviens que lors de ma première conférence de presse dans cette salle en ma qualité de Premier ministre, j’ai dit clairement que la tâche fondamentale du gouvernement était de développer l’économie, d’améliorer le bien-être de la population et de promouvoir la justice sociale. Il nous faut suivre la grande voie, mettre le peuple au cœur de nos préoccupations et apporter des bénéfices à tous. Nos actions doivent être guidées par l’aspiration du peuple. Ces dernières années, nous avons persévéré dans notre effort pour promouvoir une gouvernance novatrice, maintenu le fonctionnement de l’économie dans des marges raisonnables pour faire face aux fluctuations économiques cycliques, et travaillé notamment à ce que la politique macroéconomique réponde directement aux besoins des acteurs du marché. Nous avons poursuivi fermement la réforme, simplifié les procédures administratives, préservé la justice,favorisé l’émergence et le développement des acteurs du marché et de nouveaux moteurs de développement et libéré la vitalité du marché et la créativité de la société. Nous avons continué d’accorder la priorité à l’emploi en tenant compte des réalités nationales et de veiller à garantir le bien-être fondamental de la population. Nos efforts sont reconnus par le peuple, mais nous sommes aussi conscients que notre travail laisse à désirer dans certains secteurs par rapport à ses attentes.
Comme vous l’avez dit, l’année 2022 est la dernière année de l’actuel gouvernement et aussi de mon mandat en tant que Premier ministre. Nous faisons encore face à une situation complexe et sérieuse et à de nombreux défis et difficultés. Dans le Rapport d’activité du gouvernement comme dans mes réponses précédentes, j’ai présenté les mesures à prendre pour y faire face. Mes collaborateurs et moi-même travaillerons inlassablement pour remplir notre mission et honorer nos engagements par des actions concrètes.
Je suis convaincu que sous la ferme direction du Comité central du PCC rassemblé autour du Camarade Xi Jinping et grâce au soutien agissant des différents milieux de la société, surtout aux efforts conjugués de tous les Chinois, l’économie chinoise surmontera des difficultés, et nous réaliserons les principaux objectifs de développement économique et social de cette année et jetterons une base solide au futur développement.
Quotidien du Peuple : Ces dernières années, le revenu par tête d’habitant en Chine augmente d’année en année, mais il y a encore beaucoup de personnes qui ont toujours l’impression que la vie est difficile, notamment dans le contexte où l’épidémie a eu un impact assez grave sur le bien-être fondamental de la population. Quelles mesures le gouvernement prendra-t-il cette année pour améliorer les conditions de vie de la population ?
Premier ministre Li Keqiang : Ces dernières années, le revenu des habitants augmente presque au même rythme que le PIB. Mais la Chine reste un pays en développement marqué par un grand écart de développement entre la ville et la campagne. L’accès égal au service public sera un long processus. En début de cette année, les services compétents m’ont fait un rapport sur les dix grandes attentes de la population, dont la plupart concernent les besoins élémentaires de la population,notamment des agriculteurs. Le gouvernement doit toujours mettre le développement de l’économie au service de la garantie et de l’amélioration des conditions de vie de la population. Nous ferons tous nos efforts dans la mesure de nos possibilités pour réaliser cet objectif.
Les recettes fiscales chinoises ont atteint 20 000 milliards de yuans RMB,mais elles restent insuffisantes dans certains cas. Depuis dix ans consécutifs,nous avons travaillé à faire en sorte que les dépenses publiques pour l’éducation représentent au moins 4% du PIB. Ce n’est pas du tout chose facile. Nous avons surtout concentré ces ressources à l’éducation obligatoire et aux régions rurales. Comme il y a encore 760 millions d’habitants dans les régions rurales, nous devons continuer d’investir dans l’éducation obligatoire dans les régions rurales et éloignées. En plus, nous avons mis en place le plus grand réseau du monde d’assurance maladie de base qui couvre 1,4 milliard d’habitants, mais ce système reste d’un niveau modeste. Ainsi, cette année nous augmenterons les subventions budgétaires de 30 yuans RMB par personne. Nous avons mis en place un système d’assurance maladies graves qui consiste à acheter des assurances commerciales pour les maladies graves avec l’argent de l’assurance maladie de base. Ainsi, les assurés peuvent se faire rembourser, en cas de certaines maladies graves, 300 000 à 500 000 yuans RMB, voire plus dans certaines régions. En moyenne, 70% des frais de soins médicaux peuvent désormais être remboursés en ville et à la campagne. Avec le développement économique du pays, nous continuerons d’élever ce taux de remboursement. Nous veillerons surtout à consolider les acquis de la lutte contre la pauvreté en accordant un soutien et une aide particuliers à ceux qui sont redevenus pauvres à cause des maladies ou à ceux qui sont appauvris par des maladies graves.
Le bien-être de base est étroitement lié à la vie quotidienne de la population. Actuellement, plus de 100 millions de personnes travaillent, passent leur vie de retraite ou font des études dans une province autre que leur région d’origine et doivent faire des déplacements interprovinciaux pour régler leurs affaires. Ainsi, l’accomplissement transprovincial des formalités est devenu un nouveau besoin incompressible. Cette année, nous adopterons une nouvelle mesure, celle de la carte d’identité électronique. Avec un téléphone portable, nous pourrons remplir facilement les formalités en scannant un QR Code. Bien sûr, nous travaillerons aussi à faciliter la vie des personnes qui n’utilisent pas de smartphone, surtout des personnes âgées. En même temps, nous veillerons à protéger la sécurité des données personnelles et la vie privée des citoyens.
Pour garantir les conditions de vie de base de la population, nous devons faire de grands efforts dans la mesure des possibilités, et surtout le faire avec soins. Nous devons agir en fonction des conditions réelles sur le terrain, et prêter une oreille attentive à la population. La question du bien-être social concerne le sentiment, l’opinion et même l’adhésion de la population. La responsabilité du gouvernement est de répondre à l’aspiration du peuple et de régler ses problèmes afin de lui offrir une vie heureuse.
Je voudrais aussi souligner que la protection des droits et intérêts légitimes de la population est une responsabilité impérative du gouvernement populaire. Récemment, dans certaines régions, il y a eu des cas de graves atteintes aux droits et intérêts des femmes. Nous sommes affligés et indignés de ce que les victimes ont vécu. Nous poursuivrons en responsabilités ceux qui ignorent les droits et intérêts de la population et punirons sévèrement les criminels du trafic de femmes et d’enfants. Assurer la sécurité de la population et améliorer ses conditions de vie sont deux choses indissociables. Les gouvernements de divers échelons doivent faire de ces deux tâches leurs responsabilités fondamentales dans l’exercice du pouvoir.
Kyodo News : Le gouvernement chinois, qui travaille à réaliser l’objectif de la prospérité commune, a établi des feux rouges pour prévenir l’expansion désordonnée du capital, et surtout renforcé la régulation sur les grandes entreprises Internet. Des investisseurs étrangers craignent que pour réaliser la prospérité commune, le gouvernement chinois ne renforce les restrictions sur les comportements des entreprises. Comment le voyez-vous ? Que ferez-vous pour apaiser les inquiétudes des investisseurs ?
Premier ministre Li Keqiang : La réalisation de la prospérité commune nécessite un effort collectif. La politique de l’ouverture sur l’extérieur n’a pas changé et ne changera jamais. Cela est clairement affirmé dans la Loi sur les investissements étrangers. S’il y a des changements, ce sera des changements en faveur de l’élargissement de l’ouverture, de l’investissement et du commerce.
Les entreprises étrangères implantées en Chine, tout en réalisant leur propre développement, ont apporté des investissements, des canaux de commercialisation et des produits qui répondent aux besoins des consommateurs chinois. C’est mutuellement bénéfique. Pourquoi limiter ces activités ? Tout à l’heure, j’ai parlé de la réforme des fonctions du gouvernement, en soulignant la simplification administrative, la conciliation entre la déréglementation et la réglementation, l’amélioration des services publics, et la nécessité de lutter contre les monopoles, la concurrence déloyale et l’expansion désordonnée du capital. L’objectif est de soutenir les entreprises qui développent leurs activités en vertu de la loi et de veiller à ce que toutes les entreprises, quelle que soit la forme de propriété qu’elles prennent, qu’elles soient chinoises ou étrangères, puissent être traitées sur un pied d’égalité et bénéficier des conditions de concurrences équitables. Nous espérons que les entreprises connaîtront un développement sain et régulier.
La Chine est un pays tellement grand qu’il existe des cas particuliers de différentes sortes. Mais dans l’ensemble, l’économie chinoise est profondément intégrée dans l’économie mondiale. L’import-export des marchandises représente plus d’un tiers du PIB chinois. Les importations contribuent à hauteur de plus de 70% aux industries. La Chine demeure le deuxième marché d’importations du monde depuis dix ans consécutifs et le premier pays en termes de commerce des marchandises depuis cinq ans. Certes, la Chine œuvre encore à passer du bas et moyen de gamme vers le segment haut de gamme dans les chaînes industrielles. Mais cela signifie également que nos industries et notre consommation avancent vers un plus haut niveau, que le marché chinois recèle un grand potentiel et qu’il y a de grands espaces pour toutes sortes d’investissement.
Nous avons signé avec des pays concernés l’Accord du Partenariat économique régional global (RCEP), qui est entré en vigueur cette année. Il s’agit de construire la plus grande zone de libre-échange au monde. Nous saisirons les opportunités ainsi offertes et continuerons de promouvoir le libre-échange et de veiller à un traitement égal pour les entreprises d’État, les entreprises privées et les entreprises étrangères, pour que la Chine demeure toujours une destination privilégiée des investisseurs étrangers.
Je tiens à affirmer clairement que quelques soient les aléas internationaux, la Chine poursuivra inébranlablement l’élargissement de son ouverture, tout comme le fleuve Changjiang et le fleuve jaune qui ne changeront pas de direction. Depuis plus de 40 ans, la Chine réalise des progrès à travers la réforme et se développe dans l’ouverture. Tout ce qui va dans le sens de l’élargissement de l’ouverture de haut niveau, nous sommes prêts à le faire. Dans le même temps, nous œuvrerons fermement à préserver le système commercial multilatéral, car cela bénéficie également à notre propre développement.
Les plus de 40 ans d’ouverture sur l’extérieur ont profité au développement de la Chine et apporté des bénéfices au peuple chinois et au monde entier. C’est une porte qui nous ouvre aux opportunités. Nous ne la refermerons jamais.
La conférence de presse s’est tenue en visioconférence reliant la Grande Salle dorée au 2e étage du Grand Palais du Peuple avec le Centre de presse pour les sessions de l’APN et de la CCPPC au Media Center Hotel. La conférence de presse a duré environ 130 minutes.
Source:Ministère des Affaires Etrangères de la République populaire de Chine |