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La fièvre olympique atteint son paroxysme à Beijing
A chaque compte à rebours suffit sa poussée de fièvre olympique. On ne compte désormais plus en jours, mais en heures, le début de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de Beijing 2022 et l’excitation est à son comble. L’attente n’aura pas été vaine car depuis que la candidature de la capitale chinoise à leur organisation a reçu le feu vert du Comité international olympique le 31 juillet 2015, une énorme machine s’est mise en branle. Trois sites – la zone centrale de Beijing, le mont Xiaohaituo dans l’arrondissement de Yanqing, à plus d’une centaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale, et Chongli à Zhangjiakou, dans la province du Hebei – ont été désignés et les travaux ont rapidement débuté. La pandémie de COVID-19 début 2020 a marqué un tournant, suscitant à la fois des inquiétudes, mais renforçant la détermination de la Chine à offrir un spectacle mémorable tout en garantissant la sécurité des délégations et des spectateurs.
Seule ville à avoir organisé les Jeux olympiques d’été et d’hiver, Beijing n’a pas voulu simplement s’inspirer de 2008 et reproduire ce qui avait fait son succès à l’époque. Car les temps ont évolué. La crise climatique, l’emprise du numérique et les préoccupations environnementales ont pris le pas sur les grands projets pharaoniques et dispendieux.
La Chine a donc fait savoir que ces Jeux d’hiver seraient verts et high-tech et que la priorité sera accordée au développement du secteur des sports d’hiver, avec un objectif de 300 millions de pratiquants à terme.
Les résultats sont impressionnants et l’on constate que le vert se marie bien avec le blanc. Il y a d’abord la réutilisation des anciens sites des JO d’été de 2008 en obéissant à des normes environnementales strictes et en faisant appel à des technologies nouvelles qui permettent d’abaisser la consommation énergétiques ainsi que le rejet de CO2, principalement pour les épreuves de glace. Pour les épreuves de neige dans des zones de montagne, l’accent a été mis sur la protection de l’environnement et de l’écosystème pour réduire dans la mesure du possible l’impact des sites et des compétitions. Fini donc le bétonnage immodéré des sites olympiques de ces dernières décennies qui défiguraient les sites montagneux, et place à l’harmonie entre l’homme et la nature et à des concepts architecturaux élégants et sobres dans le respect des critères environnementaux et écologiques.
L’utilisation tous azimuts des technologies aura contribué à faire de ces Jeux un succès planétaire. Il y a bien sûr le TGV qui relie Beijing à Zhangjiakou en une heure, le bien nommé « Olympic Express » ainsi que les innovations au service de l’environnement et des économies en énergies et en ressources, mais c’est surtout l’utilisation du numérique qui retient l’attention. Les mesures de prévention et de contrôle de l’épidémie ont conduit le Comité d’organisation à faire appel aux technologies du numérique pour minimiser les risques. De la retransmission des épreuves au contrôle sur les sites de compétition, tout a été mis en œuvre pour s’assurer que les Jeux se dérouleront dans les meilleures conditions de sécurité tout en garantissant que la fête ne sera pas gâchée et que les spectateurs pourront profiter du spectacle. C’est donc à grand renfort d’intelligence artificielle et de mégadonnées que Beijing s’est préparée à ce grand rendez-vous sportif qui est aussi un défi technologique de premier ordre. Nul doute qu’il servira de modèle pour les prochaines éditions.
Comment ne pas évoquer enfin la fièvre des sports d’hiver qui monte depuis quelques années en Chine. Les petites stations du nord de la capitale chinoises qui étaient encore confidentielles dans les années 2000 sont désormais prises d’assaut par des citadins au pouvoir d’achat croissant et qui aspirent à des loisirs de plein air à aux sensations fortes. C’est d’ailleurs une des raisons invoquées par Thomas Bach, le président du Comité international olympique, pour accorder l’organisation des JO à la capitale chinoise : développer le secteur des sports d’hiver en Chine. C’est chose faite, le président chinois Xi Jinping ayant d’ailleurs annoncé l’an passé un objectif de 300 millions de pratiquants. Les entreprises étrangères sont d’ailleurs au rendez-vous et elles espèrent, comme Decathlon par exemple, avoir une part substantielle du gâteau, sans parler de leur participation dans les activités liées aux sports d’hiver et au tourisme hivernal. Une manne que la Chine doit exploiter dans le cadre de sa transition vers une économie des services de haute qualité.
Par Jacques Fourrier (L’auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing depuis 25 ans)
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Source:french.china.org.cn |