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Covid-19 : des échantillons antérieurs sont nécessaires dans les recherches sur l’origine du virus

French.china.org.cn | Mis à jour le 13. 08. 2021 | Mots clés : Covid

Plus de données et d’études rétrospectives sur les traces du Covid-19 en 2019 ou avant devraient être étudiées pour obtenir une image plus claire de ses origines mystérieuses, affirment les scientifiques de nombreux pays, alors que les éléments de preuve s’accumulent aux Etats-Unis et en Italie, suggérant que le coronavirus était déjà apparu dans de nombreux pays avant son apparition dans la ville chinoise de Wuhan.

Cette dernière révélation provient d’un article rédigé par un groupe de chercheurs universitaires notamment italiens et américains, soumis pour publication dans le journal The Lancet. D’après ce rapport, qui n’a pas fait l’objet d’un examen par des pairs, les chercheurs auraient découvert des preuves que le coronavirus circulait en Lombardie vers la fin du mois de juin et août 2019, soit plusieurs mois avant sa détection par de précédentes études scientifiques dès novembre 2019 en Italie.

Les chercheurs ont analysé 156 échantillons sur 435, isolé l’ARN de prélèvements de gorge et d’urine, effectué un séquençage de Sanger (une méthode utilisée pour déterminer l’ordre des nucléotides dans un brin d’ADN) et détecté ses mutations, afin d’estimer la date d’émergence du virus.

« L’article ne dit toutefois pas quelles sont les origines du coronavirus », indique Sayaka Miura, un professeur associé du Département de biologie de l’Université Temple, qui a participé à la rédaction de cet article. Selon elle, « la découverte du virus en Italie à l’été 2019 signifie que le virus se propageait déjà rapidement au moins en Italie, soit bien avant son apparition en Chine ».

Elle admet qu’il faudrait toutefois plus de données de 2019 et plus d’études rétrospectives d’un grand nombre de pays différents pour mieux comprendre la propagation initiale du nouveau coronavirus.

Une apparition antérieure, sur plus de sites

A la question de savoir si cette nouvelle étude des chercheurs italiens contribuerait à la prochaine phase des recherches sur l’origine du nouveau coronavirus, un expert étranger proche de l’équipe de l’OMS travaillant sur les origines du virus, qui souhaite rester anonyme, explique que « chaque découverte est utile, mais les scientifiques doivent rester prudents vis-à-vis des résultats de cet article, afin de s’assurer que ses résultats sont fiables ».

Une étude sur plus de 24 000 échantillons prélevés pour un programme de

recherche des Instituts américains de la santé entre le 2 janvier et le 18 mars 2020 suggèrent que 7 personnes dans 5 Etats — l’Illinois, le Massachusetts, le Mississippi, la Pennsylvanie et le Wisconsin — pourraient avoir été infectées bien avant que les premiers cas confirmés aux Etats-Unis n’aient été détectés le 21 janvier 2020.

« Pour la prochaine phase des recherches sur l’origine du nouveau coronavirus, l’OMS doit établir un plan clair pour enquêter dans les pays qui ont détecté des cas antérieurs à ceux de Wuhan. […] Il faut prélever des échantillons des patients ayant eu une pneumonie entre 2018 et 2019, voire avant », note Zeng Guang, un ancien épidémiologiste en chef du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies.

Sur Twitter, certains internautes ont récemment partagé leurs expériences de symptômes « très similaires » au Covid-19 en décembre 2019 ou avant. D’après le Global Times, un habitant de Littlehampton aux Etats-Unis a partagé sur Twitter son expérience d’une maladie contractée en 2019, qu’il suspecte d’avoir été le Covid-19.

Un grand nombre d’internautes ont partagé des histoires similaires. Mardi dernier, « Kate Wilton », qui apparaît comme habitant en Grande-Bretagne, a indiqué sur Twitter avoir été infectée par « une maladie semblable à la grippe, avec des infections thoraciques épouvantables en novembre 2019 », au cours de laquelle elle aurait perdu « le goût et l’odorat ».

En mai 2020, Michael Melham, le maire de Belleville dans le New Jersey, a déclaré sur Fox News avoir commencé à présenter des symptômes à la suite d’une conférence à Atlantic City, deux mois avant que le premier cas confirmé des Etats-Unis ne soit enregistré dans l’Etat de Washington.

Selon lui, un grand nombre de personnes ayant assisté à cette conférence l’ont contacté et eux-aussi ont fait l’expérience de symptômes grippaux extrêmes. Michael Melham raconte qu’à ce moment-là, il n’y avait pas de test pour le Covid-19, mais ce qu’il a eu l’a durement éprouvé, le faisant se sentir « comme un héroïnomane en cours de sevrage ».

Sayaka Miura note que d’après leur précédente étude sur le coronavirus, ils pensaient que l’ancêtre commun le plus récent du virus se propageait probablement à travers le monde plusieurs mois avant et après que les premiers cas de Covid-19 n’aient été détectés en Chine.

Liang Wannian, qui a dirigé l’équipe chinoise au cours de l’enquête conjointe sur les origines du coronavirus menée avec l’OMS en Chine, estime également que l’OMS devrait réaliser la prochaine phase de son étude dans les pays où la transmission du virus a été identifiée avant sa détection à Wuhan.

La politisation brouille la recherche scientifique

Les recherches sur les origines du virus ont été constamment obstruées par la pression politique de certains pays, en premier lieu par les Etats-Unis. Washington ne s’est épargné aucun effort pour accuser la Chine d’être à l’origine du nouveau coronavirus, alors même que Beijing a accueilli l’OMS sur son territoire pour qu’elle réalise son enquête sur les origines du virus.

Le 2 août, Michael McCaul, un élu républicain à la Chambre des représentants des Etats-Unis et membre de son Comité des affaires étrangères, a publié un rapport polémique accusant la Chine d’occulter délibérément ce qui se passait à l’Institut de virologie de Wuhan en 2019.

Ce rapport a été vertement critiqué par un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères comme étant « basé sur des mensonges montés de toutes pièces et sur des faits déformés, sans fournir aucun élément de preuve ».

« Ce rapport n’est ni crédible, ni scientifique. [...] Nous enjoignons aux Etats-Unis de respecter les faits et la science, mais aussi de se concentrer sur la lutte contre le Covid-19 et le sauvetage des vies, plutôt que de s’engager dans des manipulations politiques sous le prétexte de l’épidémie et de rejeter la faute sur les autres », a raillé le porte-parole.

La politisation américaine des recherches sur l’origine du virus contraste fortement avec l’attitude rigoureuse des scientifiques. « A ce stade, la question majeure est d’établir la façon dont [le virus] a débuté, au moins pour éviter de nouvelles pandémies d’origine zoonotique. [...] Il ne s’agit pas d’une tâche triviale, comme le montre les difficultés à comprendre les origines d’autres pandémies, comme le SIDA ou encore la première épidémie de SRAS », souligne Jonathan Stoye, le directeur de la division virologie de l’Institut Francis Crick en Grande-Bretagne.

Selon lui, les accusations ne sont d’aucune aide et « ne font que renforcer les difficultés à mener à bien ces recherches ».

« Ce processus [de recherche sur les origines du virus] doit être collaboratif et pleinement transparent. C’est peut-être un peu naïf de ma part, mais je crois sincèrement que nous devons mettre de côté les différences politiques ou culturelles pour résoudre cette question, pour le bénéfice de la population du monde entier », conclut-t-il.

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Source:french.china.org.cn