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Les experts rejettent la politisation de l’origine du virus qui entrave les efforts mondiaux

French.china.org.cn | Mis à jour le 22. 07. 2021 | Mots clés : politisation,origine du virus

La recherche de l’origine des virus, dont celle du nouveau coronavirus, est une entreprise extrêmement difficile et complexe, sujette à des incertitudes, mais une chose est sûre : cette quête doit être étayée par des preuves scientifiques, et non par des spéculations à caractère politique, ont souligné plusieurs experts.

« Chaque fois qu’une maladie infectieuse d’ampleur se déclare, l’une des premières questions soulevées par les scientifiques et le public est de savoir d’où elle vient », note Su Jingjing, professeure à l’École des sciences humaines de la santé de l’Université de Pékin.

« Remonter à l’origine d’un virus, comprendre comment il est introduit dans la population humaine et comment il se propage permet aux experts de médecine et de santé publique de mieux faire face à la maladie et de prévenir de futures épidémies », ajoute-t-elle.

Toutefois, la professeure rappelle que remonter à la source d’un virus nécessite de nombreuses recherches de terrain, des tests de laboratoire approfondis et « beaucoup de chance ».

Par exemple, il a fallu près de deux décennies aux scientifiques du monde entier pour parvenir à une première conclusion sur l’identité du « patient zéro » (le premier cas d’une épidémie) du VIH/sida, et la question reste controversée à ce jour.

De même, les scientifiques ne sont toujours pas en mesure de déterminer l’origine du virus Ebola, apparu dans les années 1970, ni celle du virus de la grippe qui contamine les humains depuis plus d’un siècle, note-t-elle.

Zhao Guoping, biologiste moléculaire et membre de l’Académie chinoise des sciences, souligne que la recherche de l’origine d'un virus doit reposer sur des preuves claires et permettant de tirer des conclusions, mais le processus de collecte et d’analyse pose de sérieux problèmes.

Selon lui, un premier type de preuves provient des domaines de l’étiologie, de la médecine clinique et de l’épidémiologie, qui s’attachent à des situations réelles, mais ces preuves peuvent être inexactes en raison de l’interférence humaine.

L’autre type de preuves se trouve dans les résultats du séquençage du génome ou des tests d’anticorps. Selon M. Zhao, ces résultats sont plus irréfutables, mais il est difficile « d’établir leurs liens » avec d’autres éléments de preuve.

« Le travail à mener pour remonter à l’origine comporte un certain nombre de facteurs qui échappent à notre contrôle. Certaines informations cruciales peuvent être perdues à jamais, ce qui signifie qu’il nous est impossible d’établir une chaîne complète de preuves », explique-t-il dans une interview accordée au journal Science and Technology Daily.

« Il arrive parfois que nous ne soyons pas en mesure d’aller au fond des choses, même après de très longues recherches, et qu’il soit uniquement possible de faire des déductions sur la base des informations disponibles », ajoute-t-il. « Le public doit avoir des attentes rationnelles ».

Le SRAS-CoV-2, le virus à l’origine de la maladie de COVID-19, a jusqu’ici présenté de formidables obstacles aux scientifiques qui s’efforcent d’en déterminer l'origine.

Liu Peipei, virologue au Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, a déclaré lors d’un point d’information que le « patient zéro » du COVID-19, ainsi que d’autres cas parmi les premières infections, pourrait avoir été asymptomatique et qu’il n'existe peut-être aucun dossier médical le concernant. Elle a appelé les chercheurs du monde entier à rechercher de manière proactive les premiers cas à travers le monde.

En ce qui concerne le séquençage du génome, une avancée qui fait consensus est la découverte du RaTG13, un coronavirus présent chez les chauves-souris de type petit rhinolophe et dont la composition génétique est identique à 96 % à celle du SRAS-CoV-2.

Mais dans son rapport, la mission de recherche sur les origines du virus organisée par l’Organisation mondiale de la santé et menée conjointement par des experts chinois et des experts de l’OMS en Chine au début de l’année, les coronavirus détectés chez les chauves-souris et les pangolins ne sont pas suffisamment similaires pour conclure que l’un d’entre eux est à l’origine du virus.

Le rapport indique que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour prélever et tester des échantillons d’animaux sauvages en Asie du Sud-Est et dans le reste du monde, où les enquêtes visant à identifier les coronavirus liés au SRAS-CoV-2 sont insuffisantes.

Su Jingjing, de l’Université de Pékin, souligne que la collecte d’échantillons de chauves-souris est une procédure qui prend du temps et que des précautions rigoureuses doivent être respectées pour éviter les infections.

« Il existe des rapports antérieurs sur la découverte de coronavirus liés au SRAS-CoV-2 en Thaïlande, au Japon et dans d’autres régions d’Asie », note-t-elle. « Ce travail est comparable à la recherche d’une aiguille dans une botte de foin ».

Les experts mettent en garde contre une politisation de l’origine du virus susceptible de rendre une tâche déjà herculéenne encore plus ardue. Certains gouvernements occidentaux ont tenté de relancer une fausse accusation selon laquelle un incident de laboratoire en Chine serait responsable de la transmission du virus à l’homme.

« L’enquête sur les origines d’un virus devrait reposer sur la science, la logique et la pensée rationnelle. Ce sont les scientifiques qui doivent être le fer de lance de ce travail, non pas les politiciens ou les agences de renseignement », affirme Mme Su.

« Impliquer les agences de renseignement dans le processus est une manœuvre flagrante de politisation de la question et ne fait qu’entraver la coopération internationale », note-t-elle en référence à une annonce du gouvernement américain.

Liang Wannian, professeur de santé publique à l’Université Tsinghua, qui a dirigé les experts chinois de l’équipe d’enquête ouverte par l’OMS sur l’origine du virus, a déclaré lors d’une précédente interview que la politisation de la question et la déformation des conclusions de l’équipe témoignaient d’un manque de respect envers les efforts des scientifiques et entravaient la lutte mondiale contre la pandémie.

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Source:french.china.org.cn