14e Plan quinquennal : un coup d’envoi pour l’édification intégrale d’un pays socialiste moderne

Le premier ministre chinois Li Keqiang a lu pour délibération devant les députés le Rapport d’activité du gouvernement au nom du Conseil des affaires d’Etat dans la matinée du 5 mars à l’occasion de la réunion d'ouverture de la quatrième session de la 13e Assemblée populaire nationale (APN) au Grand Palais du Peuple à Beijing, en présence de Xi Jinping et des autres dirigeants chinois. 

Dressant le bilan de l’année écoulée et annonçant le travail de l’année en cours, M. Li a aussi souligné les résultats obtenus lors du XIIIe Plan quinquennal (2015-2020), une période de fort développement socio-économique durant laquelle « le grand renouveau de la nation chinoise a fait un grand pas en avant ». Sur la base des Propositions du Comité central du Parti communiste chinois sur l’élaboration du XIVe Plan quinquennal de développement économique et social et des objectifs pour 2035, M. Li a présenté les grandes lignes du Projet de programme du XIVe Plan quinquennal de développement économique et social et des objectifs pour 2035.

Trois idées-forces sont à retenir : qualité et innovation sur le plan économique, équilibre et harmonie sur le plan social, et bien-être et sécurité sur le plan matériel. Durant cette période, la priorité sera accordée à la « double circulation » et la poursuite et l’approfondissement de la réforme et de l’ouverture, deux piliers qui contribueront à faire de la Chine un pays socialiste moderne à l’horizon 2035. 

L’économie reposera plus que jamais sur deux piliers pour assurer à la fois sa stabilité et son développement : la qualité de la croissance des principaux indicateurs et l’innovation pour faire face aux nombreux enjeux, notamment en matière de recherche fondamentale, de sciences et technologies, et de montée en puissance des secteurs émergents. 

Le volet social accorde une importance particulière à l’équilibre, qu’il s’agisse non seulement de réduire les disparités régionales, de poursuivre le redressement rural, ou d’améliorer la stratégie de nouvelle urbanisation, mais aussi de contribuer à l’existence harmonieuse entre l’homme et la nature. 

L’aspect matériel, non des moindres, est essentiel pour accroître le sentiment de bien-être et de sécurité de la population, aussi bien au niveau individuel en termes de protection sociale, de santé, d’emploi et d’éducation, qu’au niveau national, en termes d’autosuffisance alimentaire et de sécurité énergétique et technologique notamment, mais aussi en se donnant les moyens de garantir la protection de la sûreté de l’Etat. 

Pour concrétiser ces trois idées-forces, la Chine propose depuis l’année dernière un recentrage autour du concept de « double circulation » : en se basant sur le circuit national, il s’agit « de promouvoir de façon synergique le renforcement du marché intérieur et l’édification de la puissance commerciale, et de former une force d’attraction puissante pour les ressources et les facteurs de production internationaux en s’appuyant sur le circuit économique national, afin de promouvoir l’interaction dynamique entre les circuits national et international ». En d’autres termes, comme le précise le Rapport d’activité du gouvernement, il faut à la fois élargir la demande intérieure et approfondir la réforme structurelle du côté de l’offre, stimuler la demande par l’innovation et par une offre de haute qualité, et ainsi « lancer un cercle vertueux de l’économie nationale ». Le second pilier sur lequel l’édifice tout entier va pouvoir s’ériger, c’est la poursuite et l’approfondissement de la réforme et de l’ouverture. La réforme concerne évidemment tous les pans de l’activité économique, notamment en matière de concurrence et d’environnement des affaires, tout comme elle vise à améliorer sans cesse les systèmes et mécanismes institutionnels, administratifs et commerciaux afin d’optimiser la structure économique de la Chine. L’ouverture, notamment avec les zones de libre-échange et l’accès au marché chinois, mais aussi avec l’initiative de « la Ceinture et la Route » va de pair avec une mondialisation à la fois inclusive, durable et mutuellement bénéfique et l’avènement d’une communauté de destin pour l’humanité. 

L’architecture du XIVe Plan quinquennal que Li Keqiang a présenté dans le Rapport d’activité du gouvernement peut se caractériser métaphoriquement par une armature conçue pour durer et étayée par des contreforts qui soutiennent tout l’édifice : cette armature est politique et ses contreforts, économiques, sociaux et matériels. L’édifice qui se construit ainsi sous nos yeux n’est autre que la Chine de 2035, un pays socialiste moderne. 

par Jacques Fourrier (L’auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing)