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La cinquième session plénière du 19e Comité central du Parti communiste chinois (PCC) en octobre 2020 a décidé d’encourager la consommation et de renforcer son rôle fondamental pour soutenir le développement économique. Le 14e Plan quinquennal (2021-25) s’adaptera à la tendance générale de la montée en gamme de la consommation et libérera davantage le potentiel de consommation d’1,4 milliard de Chinois afin de jeter les bases d’un développement de haute qualité.
Des transformations structurelles
Les statistiques de ces dernières années montrent que la consommation en Chine a augmenté tant quantitativement que qualitativement, particulièrement dans les services. Malgré l’impact temporaire du COVID-19, la tendance à long terme reste inchangée, qu’il s’agisse de la santé, des soins médicaux, de la culture, du tourisme, de l’éducation et de l’information.
Selon le Bureau national des statistiques, la consommation de services représentait 42,6 % de la consommation totale en 2017. Ce chiffre était de 44,2 % en 2018 et de 45,9 % en 2019, montrant les transformations dans les modes de consommation traditionnels et l’élargissement du potentiel du marché chinois. En 2019, les ventes au détail de biens de consommation étaient de 41 200 milliards de yuans (6 310 milliards de dollars). Elles devraient dépasser 50 000 milliards de yuans (7 660 milliards de dollars) en 2025 si l’on s’en tient à une progression annuelle moyenne de 5 % au cours de la période du 14e plan quinquennal.
La libération du potentiel de consommation constituera un moteur important de la croissance économique. Depuis 2014, la contribution de la consommation au PIB est supérieure à celle de l’investissement. En 2019, elle a contribué pour 57,8 % au PIB. Au taux de croissance actuel, on estime que la consommation en Chine se situera dans une fourchette de 60 à 65 mille milliards de yuans (9 190 à 9 950 milliards de dollars) en 2025, soit une contribution supérieure à 60 %.
Des réformes pour répondre aux défis
La consommation en Chine est confrontée à des défis majeurs : l’offre ne répond pas à la demande ; quand elle le fait, la qualité n’est pas au rendez-vous ; et quand elle l’est, les marques ne sont pas suffisantes. Au cours du 14e plan quinquennal, tant la révolution industrielle que l’innovation des modèles commerciaux doivent se concentrer sur la mise à niveau de la consommation et faire avancer une nouvelle réforme structurelle du côté de l’offre basée sur les nouvelles modalités de consommation.
Pour répondre à la demande croissante de services, la Chine doit ouvrir davantage ses secteurs et attirer davantage d’investissements privés. Il existe d’énormes lacunes dans les domaines de l’éducation, de la santé, des soins infirmiers ainsi que des services verts et personnalisés, tous susceptibles de connaître une nouvelle révolution commerciale.
A titre d’exemple, le marché chinois de l’éducation dépassera 16 000 milliards de yuans (2 450 milliards de dollars) d’ici 2030 et 50 000 milliards de yuans (7 660 milliards de dollars) d’ici 2050, selon un rapport de China Minsheng Banking. Pour la santé, le marché sera de 15 000 milliards de yuans (2 300 milliards de dollars) d’ici 2030, de 29 000 milliards de yuans (4 440 milliards de dollars) en 2040 et de 37 000 milliards de yuans (5 670 milliards de dollars) en 2050. Des chiffres qui suscitent l’intérêt des investisseurs privés. L’ouverture du marché des services doit donc être considérée comme un élément majeur de la réforme structurelle du côté de l’offre.
Libérer le potentiel du groupe à revenu intermédiaire
La libération du potentiel de consommation est liée aux revenus, au réajustement des politiques ainsi qu’aux innovations institutionnelles.
Il faut d’abord maintenir la croissance durable des revenus et élargir le groupe à revenu intermédiaire, qui compte 400 millions de personnes. Il s’agit donc de doubler ce chiffre en stimulant l’esprit d’entreprise, en adoptant des plans d’actionnariat des salariés et en protégeant les droits de propriété intellectuelle. Outre la mise à niveau de la structure de consommation, cela stimulera également la croissance économique mondiale.
Il faut aussi adopter une double dynamique d’urbanisation de type nouveau et de revitalisation rurale. Les zones rurales ont un énorme potentiel de consommation, mais la principale contrainte est que les droits fonciers des agriculteurs ne sont pas suffisamment clairs et que la part de leurs revenus de la propriété reste encore très faible. En 2017, cette part dans le revenu total disponible des urbains était de 8,11 %, mais pour les ruraux, elle n’était que de 2,26 %, obligeant les autorités à intervenir pour l’accroître. De plus, un système universel de services publics urbains et ruraux intégrera davantage de ruraux au groupe à revenu intermédiaire.
Il faut enfin accélérer le réajustement de la structure fiscale pour réduire la pression et augmenter le pouvoir d’achat. Le système fiscal actuel repose encore principalement sur les impôts indirects. Cela impose un lourd fardeau aux entreprises, qui contribuent à hauteur de 90 % aux recettes fiscales. De plus, la pression sur les groupes à revenu intermédiaire et faible est plus lourde que celle qui pèse sur les groupes à revenu élevé. Pour s’adapter à la tendance de la transformation économique et élargir le groupe à revenu intermédiaire, la structure fiscale doit donc être modifiée et la part des impôts directs réhaussée dès que possible.
(L'auteur est directeur du Centre de recherche économique de l’Institut chinois pour la réforme et le développement)
Source:Beijing Information |