La sonde Chang'e-5 s’est posée sur la Lune, jetant les bases d'une mission habitée

La combinaison atterrisseur-ascendeur de la sonde lunaire chinoise Chang'e-5 s’est posée avec succès mardi soir sur le massif volcanique du Mons Rümker, dans l'immense plaine volcanique Oceanus Procellarum, surnommée l’« Océan des Tempêtes », sur la face visible de la Lune, a annoncé l'Administration spatiale nationale chinoise (CNSA).

La combinaison atterrisseur-ascendeur de l’engin spatial a commencé à décélérer alors qu'elle était à environ 15 kilomètres au-dessus de la surface lunaire à 22h57 mardi. Le moteur à variance de poussée de 7500 newtons a été activé avec succès, réduisant la vitesse de 1,7 kilomètre par seconde à zéro.

La caméra à bord de l'atterrisseur a pris une photo de la zone d’alunissage lors de l'opération.

L'alunissage en douceur est survenu huit jours après le début de la dernière mission de sonde lunaire robotique de la Chine, qui a été lancée le 24 novembre avant l'aube depuis la province de Hainan, dans le sud de la Chine.

C’est le troisième alunissage réussi de la Chine sur le satellite naturel de la Terre, après un premier effectué par la sonde Chang'e-3 le 14 décembre 2013, et un premier alunissage historique sur la face cachée de la Lune par la sonde Chang'e-4 le 2 janvier 2019.

« La Chine est le seul pays à s’être posé sur la Lune depuis des décennies », a rapporté dimanche le journal The Hill, basé à Washington, tout en citant les récentes tentatives infructueuses de l'Inde et d'un groupe privé en Israël.

« La Chine est en avance, et de loin, dans la course moderne à la Lune. Le vainqueur de la course lunaire du XXIe siècle aura accès aux ressources de la Lune et se positionnera comme porte d'entrée vers le reste du système solaire, et sera ainsi propriétaire de l'avenir », a écrit le quotidien.

Les trois alunissages en douceur ont prouvé que la Chine avait accumulé une expérience d'ingénierie et technologique abondante, représentant l'avancement et la compétitivité de la recherche aérospatiale chinoise, a affirmé Song Zhongping, un analyste spatial et commentateur à la télévision.

Wang Yanan, rédacteur en chef du magazine Aerospace Knowledge, a déclaré au Global Times que « le taux de réussite de 100% atteint jusqu'à présent indique une technologie d'alunissage en douceur automatique hautement fiable et mature, que ce soit en matières de designs de trajectoire, de techniques de contrôle de la vitesse et de l'altitude ainsi que de prises de décisions intelligentes ».

Par rapport aux missions sans pilote menées dans les années 1970 par l'Union soviétique, qui ont subi plusieurs tentatives infructueuses au moment de se poser, l'équipe de recherche chinoise a garanti la sécurité des sondes avec d'innombrables expériences de simulation au sol et des designs méticuleux de nos scientifiques, a noté M. Wang.

Le site d'alunissage, selon les scientifiques, contient des roches et du sol âgés de 3,2 à 4 milliards d'années. Il n'a jamais été visité ni par une sonde ni par un humain, et l’on pense qu'il représente une opportunité importante pour que les scientifiques puissent mieux comprendre les activités volcaniques de la Lune.

La mission s'engagera dans une collecte d'échantillons de 48 heures avec une foreuse et une pelle. Au fur et à mesure que la pelle prendra du sol sur la surface lunaire, la foreuse creusera jusqu'à 2 mètres avec un bras robotique. Ensemble, ils collecteront environ 2 kilogrammes de matériel lunaire, qui seront stockés dans un conteneur à bord du véhicule d'ascension.

Des chercheurs chinois ont conçu un système de récupération avancé pour assurer une procédure de prélèvement d'échantillons fluide. Ils ont renforcé les capacités de forage et de dépoussiérage qui sont hautement adaptables au sol lunaire, et ont amélioré la stabilité du tube de forage en le protégeant avec une couche externe.

Le système de forage amélioré a atteint un taux de réussite de 70% pour la collecte d'échantillons intégraux, a déclaré la Société de sciences et technologies aérospatiales de Chine (CASC), développeur de la mission.

« Le prélèvement d'échantillons sur un corps céleste combine normalement la pelle et la foreuse, car les matériaux en surface sont généralement trop compliqués à analyser en raison de toutes sortes d'effets d'altération spatiale, et ce sont le sol et les roches souterraines qui sont les plus précieux pour l'étude », a expliqué Wang Yanan.

Les échantillons tubulaires qui seront prélevés jusqu'à 2 mètres de profondeur pourraient fournir une grande quantité de données géologiques, permettant des études plus poussées sur le contenu, les causes et le temps de formation du matériau.

Encore plus difficile, après l'alunissage en douceur et les prélèvements d’échantillons, l'ascendeur de la sonde décollera de la surface de la Lune, une première dans l'histoire aérospatiale de la Chine. Il retrouvera et s’arrimera plus tard au module orbital se trouvant sur l'orbite lunaire à environ 380 000 kilomètres de la Terre, ce qui n'a jamais été fait auparavant. La capsule de rentrée renverra ensuite le matériel lunaire vers le site d'atterrissage prédéfini dans la région autonome de Mongolie intérieure (nord de la Chine) pour une étude et des recherches plus approfondies.

Song Zhongping a indiqué estimer que la phase de lancement à la surface de la Lune et l'amarrage de l'ascendeur avec le module orbital, un défi sans précédent pour la série de sondes lunaires Chang'e, seront encore plus excitants, ajoutant qu’en cas de succès, l'importance de la mission ne serait pas moindre que celle d’une mission Apollo non habitée, autrefois la carte de visite des activités d'exploration lunaire humaine pendant la Guerre froide.

« Le lancement et le retour à partir de la surface de la Lune établiraient une base technologique et vérifieraient la viabilité des missions d'alunissage lunaire habitées, voire même la construction d'une base de recherche lunaire », ont déclaré des observateurs.

Bien que cette mission ait jeté une base solide pour les futures missions spatiales habitées, les observateurs ont souligné qu'il y avait encore un long chemin à parcourir. Les missions habitées auront une charge utile beaucoup plus lourde et un système plus complexe présentant des caractéristiques vitales telles qu'une température, un niveau de pression et un niveau d'oxygène appropriés, ce qui posera un grand défi pour l'alunissage en douceur de l’engin spatial.