Opposition à la mise sur liste noire des entreprises chinoises de hautes technologies

La décision du gouvernement américain d’ajouter 33 entreprises et institutions technologiques chinoises à sa « liste des entités » risque de nuire aux intérêts des fournisseurs aux Etats-Unis et d’entraver la coopération technologique internationale, notamment avec la récession économique mondiale déclenchée par la pandémie de nouveau coronavirus.

Le Département du commerce des Etats-Unis a placé des entreprises et des institutions, incluant l’entreprise de cybersécurité Qihoo 360 Technology, la start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle Cloud-Walk Technology et le Centre de recherche en science numérique de Beijing, sur une liste les empêchant d’acheter des composants à des entreprises américaines sans l’approbation du gouvernement.

L’entreprise Qihoo 360 a fait savoir dans un communiqué qu’elle s’opposait fermement à cette décision, ainsi qu’à la politisation des activités entrepreneuriales et de la recherche et développement technologique.

Elle a indiqué que la sanction du gouvernement américain, qui essaie ainsi d’affaiblir les capacités de défense cybersécuritaire de la Chine, ne bénéficierait qu’aux organisations impliquées dans l’attaque de systèmes informatiques et aurait un impact négatif sur la cybersécurité mondiale.

« Même si notre ajout à la liste des entités engendrera quelques problèmes pour notre activité, cela n’aura pas d’influence majeure sur nos opérations quotidiennes, ni n’interrompra notre engagement à fournir une protection sécuritaire pour nos clients », précise le communiqué.

Raymond Wang, un partenaire de la société de conseils Roland Berger, estime que cette mesure montre que le gouvernement américain est en train de lancer une attaque plus large sur les entreprises et les institutions technologiques chinoises, ce qui pourrait engendrer un « découplage » des technologies chinoises et américaines.

« D’un côté, la Chine est le plus grand marché pour les fournisseurs américains de technologies; de l’autre, elle possède également des technologies fondamentales, dont les Etats-Unis ont besoin. Le découplage ne bénéficie donc à aucun des deux pays, ni au reste du monde, notamment dans le contexte de lutte contre l’épidémie de Covid-19 et de relance économique », note-t-il.

« Seules la coopération et la concurrence dans un marché équitable peuvent apporter le meilleur à la population mondiale », affirme-t-il, ajoutant que les entreprises chinoises devront désormais se tourner vers des fournisseurs de remplacement.

Xiang Ligang, le directeur général de l’Information Consumption Alliance (une association de l’industrie des télécommunications), a déclaré que même si cette mesure aura un effet négatif à court terme sur les entreprises technologiques chinoises, elle nuira aussi aux intérêts des fournisseurs américains.

Les entreprises placées sur cette liste noire se concentrent principalement sur l’intelligence artificielle (IA) et la reconnaissance faciale, dans lesquelles les entreprises américaines de semi-conducteurs, comme Nvidia et Intel, ont largement investi. « Ce sont les entreprises américaines de semi-conducteurs, qui subiront le plus l’impact de cette interdiction », souligne-t-il.

Dans le même temps, ces restrictions devraient motiver encore davantage les entreprises de hautes technologies chinoises à renforcer leurs propres capacités d’innovation technologique et de R&D, explique Xiang Ligang, ajoutant que les entreprises chinoises doivent s’efforcer de maîtriser les technologies fondamentales.

Parmi les dizaines d’entreprises technologiques chinoises placées sur la liste des entités figurent le géant chinois des télécommunications Huawei Technologies et ses entreprises affiliées, le constructeur de supercalculateurs Sugon, le pionnier en IA iFlytek, l’entreprise de vidéosurveillance Hikvision, ainsi que les startups spécialisées dans les technologies de reconnaissance faciale SenseTime et Megvii Technology.

La semaine dernière, le Département du Commerce des Etats-Unis a adopté de nouvelles règles, qui pourraient empêcher Huawei et ses fournisseurs d’utiliser les technologies américaines pour concevoir et produire des semi-conducteurs.