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Un amendement pour mieux protéger les animaux sauvages

French.china.org.cn | Mis à jour le 12. 02. 2020 | Mots clés : amendement,protéger,animaux sauvages

La Chine prévoit d’amender la Loi sur la protection des animaux sauvages, afin de lutter contre ceux qui en font le commerce ou en consomment. La Commission des affaires législatives du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN) a fait savoir qu’un amendement avait été ajouté à l’agenda législatif de cette année.

Wang Ruihe, le directeur du Département de droit économique de la Commission a déclaré: « Les risques de sécurité pour la santé publique engendrés par le commerce et la consommation de ces animaux ont attiré un haut degré d’attention à travers le monde. L’épidémie de nouveau coronavirus s’est très vraisemblablement transmise aux humains à partir des animaux sauvages, avant de se propager d’humain à humain. »

« Afin d’assurer la santé et la sécurité de la population, mais aussi de renforcer la gestion des risques, la Commission a décidé d’améliorer les lois sur la protection des animaux sauvages et de renforcer la supervision de l’application de la loi pour combattre le commerce illégal d’animaux sauvages et éliminer la chasse excessive et la consommation indiscriminée de tels animaux », a-t-il souligné.

Wang Ruihe a noté que la Loi sur la protection des animaux sauvages, révisée en 2016, a fait de la protection de la faune une priorité. Il a appelé la population à suivre la réglementation et enjoint les départements gouvernementaux à mettre en œuvre une supervision stricte.

Selon lui, la loi actuelle a permis de clarifier les priorités de conservation, les utilisations régulées et la gestion stricte de la faune, mais celle-ci comporte encore quelques problèmes: « Les règles pertinentes pour soutenir cette loi n’ont pas été adoptées suffisamment rapidement et les méthodes, les directions, les normes et les réglementations techniques spécifiques pour protéger la faune doivent encore être adoptées. »

Le 24 janvier, 19 chercheurs universitaires chinois ont signé conjointement une initiative appelant à l’éradication du commerce illégal et de la consommation d’animaux sauvages. L’un d’entre eux est le professeur Lyu Zhi de l’Université de Beijing, qui a écrit une suggestion détaillée pour la gestion de l’utilisation de la faune. Deux jours plus tard, les autorités gouvernementales annonçaient l’interdiction du commerce d’animaux sauvages sur les marchés, dans les restaurants et sur les plateformes de e-commerce jusqu’à la fin de l’épidémie.

« Par rapport à l’épidémie de SRAS en 2003, la population chinoise a une plus grande conscience de la protection des animaux sauvages et le gouvernement lui accorde plus d’attention. […] Afin de combattre le commerce illégal d’animaux sauvages et de mettre un terme à leur consommation indiscriminée, le meilleur moyen est d’appliquer strictement la législation. Avec le temps, il est facile d’oublier les leçons du passé et les activités illégales pourraient faire leur réapparition », a-t-elle déclaré.

Selon elle, la consommation d’animaux sauvages n’est en aucun cas une nécessité et représente la plupart du temps une consommation de luxe. Certains croient dans les thérapies alimentaires, qui affirment que la consommation d’animaux sauvages est bonne pour la santé. D’autres veulent simplement exhiber leur richesse ou leur statut social.

Pour Zhang Li, professeur en biologie de la conservation à l’Université normale de Beijing, la législation est ce qu’il y a de plus important pour résoudre ce problème. Une enquête a ainsi montré que les facteurs majeurs ayant influencé la consommation et le commerce de l’ivoire ont par exemple été les appels du gouvernement et les lois, la culpabilité et l’effet de célébrité. La Chine a interdit le commerce d’ivoire à la fin 2017 et son succès a été en grande partie attribué à la législation. Le professeur estime que la Chine a fait du bon travail dans la protection de la biodiversité et des espèces en voie de disparition au cours de ces dernières années, avec notamment l’augmentation des réserves naturelles.

Les animaux sauvages représentent les animaux qui n’ont pas été domestiqués ou apprivoisés, et qui vivent habituellement dans un environnement naturel. L’élevage manuel d’animaux sauvages constitue toutefois une situation légèrement différente et impliquent l’alimentation, la fourrure, la médecine et la recherche scientifique. D’après l’agence d’information Xinhua, plus d’un million de personnes travaillent dans ce secteur, qui génère annuellement près de 50 milliards de yuans (6,6 milliards d’euros).

Lyu Zhi suggère que le gouvernement mette en place une enquête globale sur les centres d’élevage légaux et les établissements d’exploitation faunique pour assurer une gestion adéquate, mais aussi qu’il suspende temporairement les nouveaux permis autorisant le domptage et l’élevage d’animaux sauvages. Il s’agit d’identifier ceux ayant un permis qui chassent les animaux sauvages sous couvert de les élever manuellement et de révoquer leurs qualifications.

Néanmoins, elle affirme qu’avec une technologie d’élevage manuel développé, la deuxième génération filiale d’animaux sauvages peut être autorisé à entrer sur le marché, de la même façon que les animaux domestiques: « Le fait est que dans certaines régions moins développées de Chine, l’élevage manuelle d’animaux sauvages et leur commerce est un moyen de subsistance essentiel pour les fermiers et les petites entreprises. Le gouvernement devrait les aider à changer de profession le plus rapidement possible », explique-t-elle.

Lyu Zhi estime toutefois qu’avec les prises de conscience des consommateurs, le marché pour les animaux sauvages et leur élevage manuel deviendront de plus en plus anecdotiques.

Zhang Li rappelle que l’utilisation d’animaux sauvages existe depuis longtemps et que certaines régions réalisent des profits par l’intermédiaire de ce secteur. Aujourd’hui, du fait du développement rapide de l’économie chinoise, la population n’a plus besoin d’élever des animaux sauvages pour assurer ses revenus.

Il affirme également que les permis pour le domptage et l’élevage d’animaux sauvages doivent être gérés rigoureusement. Pour les espèces ayant une croissance lente, comme les serpents et les tortues, certaines personnes continuent d’en chasser des sauvages et de les vendre comme étant élevés manuellement: « Il est important de proposer une liste nominative indiquant quels animaux peuvent être élevés manuellement. Pour certaines espèces ayant une expérience approfondie et faisant l’objet d’un élevage manuel à large échelle, comme le cerf axis dans le nord-est de la Chine, il s’agit de décider si ce sont des animaux sauvages ou non », ajoute-t-il.

La consommation d’animaux sauvages existe également dans d’autres pays et cet incident en lui-même nous fait réfléchir sur ce type de consommation. Dans certains pays étrangers, il existe des problèmes comme le commerce international d’animaux sauvages, la chasse en brousse et les animaux exotiques.

Selon lui, du fait de l’augmentation de l’activité humaine au cours des 50 dernières années, une grande surface de l’habitat des éléphants d’Asie a disparu, ce qui a engendré une augmentation des interactions entre les éléphants et les humains, et par conséquent, une augmentation du nombre d’accidents.

A la source de la maladie

« La plupart des animaux sauvages ont transporté des virus et des germes infectieux depuis de nombreuses générations. Pourquoi cette épidémie survient-elle ici et maintenant? Lorsque tout cela sera fini, il devra y avoir une enquête sur la cause multifactorielle de l’épidémie », interroge Kang Ai’li, la directrice exécutive pour l’Asie de la Wildlife Conservation Society.

Selon elle, les animaux sauvages n’ont en général pas de contact entre eux dans la nature et ils évitent également les contacts avec les êtres humains. Toutefois, le marché des produits de la mer à Wuhan a offert un environnement unique pour le nouveau virus. Les photos du marché diffusées en ligne montrent que différentes espèces animales se retrouvent entassées dans un espace étroit et humide, sans ventilation. Les vendeurs illégaux d’animaux sauvages ignorent par ailleurs les quarantaines et n’avertissent pas les acheteurs sur les risques hygiéniques.

D’après Kang Ai’li, la Chine a réalisé des progrès importants dans la protection des animaux sauvages au cours de ces dernières années et les experts communiquent régulièrement avec leurs homologues d’autres pays. La Chine peut tirer parti des expériences fructueuses des pays occidentaux et Kang Ai-li appelle notamment à impliquer davantage les forces non-gouvernementales, que ce soit en matière de conseil ou de supervision.

D’autre part, le secteur vétérinaire en Chine se concentre majoritairement sur les animaux domestiques et les animaux de zoo, et seuls quelques vétérinaires sont spécialisés dans la recherche sur les maladies d’animaux sauvages. Il est essentiel d’augmenter le nombre de vétérinaires qui traitent les animaux sauvages, mais aussi d’améliorer la capacité du secteur.

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Source:french.china.org.cn