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Hong Kong critique vertement Taipei sur sa gestion d’un suspect

French.china.org.cn | Mis à jour le 24. 10. 2019 | Mots clés : Hong Kong

Le gouvernement de la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong a sévèrement critiqué les autorités de Taiwan pour leur gestion « irresponsable » d’une affaire impliquant un résident hongkongais de 20 ans, Chan Tong-kai, suspecté dans une affaire de meurtre à Taipei. Cette affaire avait été un élément déclencheur des troubles sociaux qui durent depuis plusieurs mois à Hong Kong.

Le jeune homme s’était rendu volontairement aux autorités hongkongaises et avait avoué au cours d’une enquête le meurtre de sa petite amie Poon Hiu-wing − alors enceinte − à Taiwan en février de l’année dernière. Toutefois, il n’avait pu être condamné que pour blanchiment d’argent − ayant fait des retraits sur les comptes en banque de sa victime − mais pas pour meurtre, celui-ci ayant été commis en-dehors de la juridiction hongkongaise et Taiwan refusant son extradition. Chan Tong-kai a donc été remis en liberté mercredi matin, après avoir passé 18 mois en prison.

La requête de Taipei pour une application transjuridictionnelle de la loi dans l’affaire Chan montre son « irrespect le plus profond » à l’égard de la juridiction hongkongaise et est « totalement inacceptable », a déclaré mercredi le secrétaire hongkongais à la Sécurité, John Lee Ka-chiu, lors d’un Conseil législatif.

Les autorités taiwanaises devront porter l’entière responsabilité si la justice ne peut être rendue, du fait des barrières et des restrictions mises en place faisant obstruction à son extradition, a-t-il ajouté, accusant les autorités de Taiwan de rejeter la faute sur Hong Kong et d’êtres mues par des motifs politiques.

Mercredi, John Lee a également annoncé le retrait officiel du projet de loi sur les extraditions, qui avait déclenché des mois de manifestations anti-gouvernementales. L’affaire Chan a été citée par le gouvernement de la RAS comme la principale raison pour ce projet d’amendement, qui visait à supprimer les failles de la législation concernant les extraditions.

Les autorités taiwanaises ont émis un mandat à l’encontre de Chan et demandé au gouvernement de Hong Kong de lui remettre le fugitif. Or, celui-ci ne peut être extradé faute d’un traité d’extradition entre Taiwan et Hong Kong, et Taiwan refuse d’admettre Chan sur son territoire au titre de « visiteur ordinaire ».

Vendredi, la chef de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam Cheng Yuet-ngor, a reçu une lettre de Chan exprimant sa volonté de retourner à Taiwan pour répondre des accusations de meurtre à son encontre.

Taiwan avait précédemment refusé d’accepter Chan sur son territoire, insistant tout d’abord sur la signature d’un « cadre d’assistance mutuelle » juridique avec la RAS, tout en demandant à Hong Kong de fournir ses éléments dans ce dossier.

Cette affaire a pris une tournure inattendue mardi, le Conseil des affaires continentales de Taiwan proposant d’envoyer une escorte policière taiwanaise pour ramener Chan à Taiwan.

Mercredi, la dirigeante taiwanaise Tsai Ing-wen a reproché à Hong Kong d’être « réticente à exercer son pouvoir juridictionnel pour rendre justice à la famille de la victime ». Selon elle, Chan ne peut tout simplement pas prendre l’avion et se rendre aux autorités taiwanaises une fois sur l’île, mais il doit être arrêté à Hong Kong.

La secrétaire à la Justice de Hong Kong, Teresa Cheng Yeuk-wah, a rejeté fermement les allégations de Tsai Ing-wen, ajoutant que le Département de la justice de Hong Kong n’avait pas de base légale pour inculper Chan de meurtre ou pour le maintenir en détention.

« Cette affaire relève de la juridiction taiwanaise, car le meurtre s’est déroulé à Taiwan et presque toutes les preuves se trouvent à Taiwan », a-t-elle souligné, se référant au principe territorial de Hong Kong. Ce principe se conforme au droit international, selon lequel les gouvernements peuvent poursuivre en justice les crimes commis sur l’ensemble de leur territoire, mais ne peuvent pas exercer leur juridiction au-delà de leurs frontières.

Pour le gouvernement hongkongais, les policiers taiwanais n’ont pas le pouvoir de faire appliquer la loi à Hong Kong.

Mardi, Tam Yiu-chung, l’unique représentant de Hong Kong du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN), affirme que la requête de Taiwan place « la politique avant la justice ». D’après lui, il s’agit d’une tactique en vue des élections taiwanaises qui auront lieu en 2020.

Mercredi matin, Chan est donc sorti de prison en homme libre. Il a présenté ses excuses à la famille de la victime et demandé pardon aux habitants de Hong Kong, son affaire ayant été l’élément déclencheur de plusieurs mois de manifestations anti-gouvernementales.

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Source:french.china.org.cn