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Le renforcement des relations sino-russes

French.china.org.cn | Mis à jour le 19. 09. 2019 | Mots clés : relations sino-russes

La Chine et la Russie s’attendent à une dynamique forte pour une coopération de haute qualité, caractérisée par des projets comme la recherche spatiale et l’économie numérique, alors que les relations bilatérales ont atteint un niveau « nouveau et spécial » au cours d’une visite de trois jours du Premier ministre chinois Li Keqiang en Russie. 

Li Keqiang devrait rencontrer le président russe Vladimir Poutine mercredi et cette rencontre soulignera le fait que les relations sino-russes « sont entrées dans un niveau nouveau et spécial », note l’agence d’information russe TASS. 

La visite du Premier ministre chinois, à l’invitation de son homologue russe Dmitry Medvedev, a débuté lundi. Mardi, Li Keqiang et Dmitry Medvedev ont coprésidé la 24e Rencontre régulière entre les chefs de gouvernement chinois et russe. 

A la suite de cette rencontre, les deux dirigeants ont signé un communiqué conjoint, ainsi qu’une série de documents coopératifs concernant les investissements, l’agriculture, l’énergie et l’innovation scientifique.

Cette visite de Li Keqiang survient en amont du 70e anniversaire de l’établissement des liens diplomatiques sino-russes. 

Il s’agit d’une continuation de la dynamique positive établie au cours de la visite du président Xi Jinping en Russie au mois de juin. Les deux présidents avaient alors élevé les liens bilatéraux au niveau de « partenariat stratégique global de coordination pour une nouvelle ère ». 

« Depuis cette visite du mois de juin, les Chinois et les Russes sont plus enclins qu’avant à renforcer les échanges commerciaux, comme nous avons pu le voir dans le cas des bombardiers stratégiques et du projet du pont sur le fleuve Amour », explique Yury Tavrovsky, un professeur à l’Université russe de l’Amitié des Peuples (URAP).

La construction de ce pont − le premier à relier les deux pays − devrait être achevée en 2020. 

Au mois de juillet, la Chine et la Russie ont aussi réalisé leur première patrouille conjointe dans le nord-est de l’Asie, avec deux bombardiers H-6K déployés par la partie chinoise et deux bombardiers Tu-95 déployés par la partie russe.

« La coopération pragmatique entre la Chine et la Russie survient dans de multiples dimensions de haute qualité », a noté Li Keqiang au cours d’une conférence de presse ayant suivi sa rencontre avec Dmitry Medvedev. 

« La Chine et la Russie ont non seulement réalisé des avancées fondamentales dans les domaines traditionnels comme l’énergie, mais elles ont de plus enregistré des succès notables dans les domaines émergents comme le e-commerce transfrontalier et l’innovation scientifique », a noté le Premier ministre.

En 2018, le commerce entre la Chine et la Russie a atteint un record de 107 milliards de dollars (97 milliards d’euros), enregistrant une croissance annuelle de 27,1 %. 

Dans le cadre des nouveaux accords, la Chine et la Russie s’efforceront de faire doubler le commerce bilatéral d’ici 2024, un objectif fixé par Xi Jinping et Vladimir Poutine lors de la visite du président chinois en Russie au mois de juin. 

Les points forts de la coopération

Dans le communiqué conjoint, la Chine et la Russie se sont accordées à mieux aligner l’initiative des nouvelles Routes de la soie proposée par la Chine avec l’Union économique eurasiatique menée par la Russie.

La Chine a par ailleurs réaffirmé son soutien à la 7e Exposition sino-russe qui se déroulera en 2020 en Russie. 

Les deux parties se sont engagées à développer l’accès de leurs produits agricoles réciproques sur leur marché. 

Un élément clé de la coopération sino-russe dans le dernier communiqué conjoint est la « haute qualité », affirme Xiao Bin, un chercheur associé de l’Institut des études sur la Russie, l’Europe orientale et l’Asie centrale affilié à l’Académie des sciences sociales de Chine (ASSC).

Les mécanismes afférents doivent être mis en place pour stimuler le développement de haute qualité des relations bilatérales, notamment un mécanisme consultatif sur les obstacles au commerce et à l’investissement, sur la supervision du marché et sur la protection des droits de propriété intellectuelle, souligne-t-il.

La Chine et la Russie vont faire des efforts pour augmenter la compatibilité et l’interopérabilité de leurs systèmes de navigation mondiale par satellite, à savoir BeiDou pour la Chine et GLONASS pour la Russie, afin de mieux servir le développement des deux pays avec une qualité plus élevée. 

Un autre domaine notable pour la coopération est la haute technologie et l’économie numérique: « La Chine présente une échelle plus vaste et a débuté plus tôt que la Russie en ce qui concerne l’économie numérique. Dans le même temps, la Russie possède un avantage dans les technologies et elle est prête à coopérer avec la Chine à cet égard », indique Xiao Bin.

Oleg Ivanov, le vice-recteur à la recherche de l’Académie diplomatique basée à Moscou affiliée au ministère russe des Affaires étrangères, note que la recherche spatiale est un autre exemple des avancées dans la coopération sino-russe. 

Au cours de la visite de Li Keqiang, les deux parties se sont accordées pour mettre en place un Centre conjoint de données sur la recherche lunaire et spatiale, mais également de coordonner la mission russe de l’orbiteur Luna26 et la mission de recherche chinoise sur les régions polaires de la Lune Chang’e7.

« Cette percée fondamentale indique que d’un côté, les deux pays ont atteint un niveau technologique avancé de leur coopération. De l’autre, ils ont confiance l’un dans l’autre et prévoient de travailler dans des domaines très prometteurs sur le long terme », explique M. Ivanov.

Les relations dans un contexte plus large

Alors que la visite du Premier ministre chinois en Russie s’est principalement concentrée sur le développement de la coopération économique, les analystes estiment que le besoin de renforcer les relations entre les deux parties survient dans un contexte de guerre commerciale initiée par les Etats-Unis contre la Chine et de sanctions imposées sur la Russie par les pays occidentaux menés par les Etats-Unis.

Pour Oleg Ivanov, la Russie et la Chine aspirent à une transformation pacifique vers un monde multipolaire, en évitant les conflits et plus encore les guerres. Les deux pays doivent faire face au défi consistant à ajuster les relations dans le cadre d’un environnement en évolution avec le rôle progressivement déclinant des Etats-Unis et le désir de ces derniers de préserver un monde unipolaire.

La Chine et la Russie se sont accordées pour mettre en œuvre un plan de coopération sur le soja. 

Ce plan pour approfondir le commerce de soja a été initié à la mi-juillet, alors que la Chine cherchait des remplacements au soja américain depuis le début de la guerre commerciale. A la fin du mois, la Chine avait approuvé les importations de soja depuis l’ensemble de la Russie.

Les exportations de soja vers la Chine seront bénéfiques pour la Russie, affirme Cui Heng, un chercheur postdoctoral du Centre des études sur la Russie affilié à l’Université normale de la Chine de l’Est. 

Selon lui, la Russie comble depuis longtemps les insuffisances laissées par les Etats-Unis sur le marché de la consommation de la Chine, notamment par le biais des produits agricoles.

« La production agricole est importante pour le développement de l’Extrême-Orient russe et la Russie a facilité [les exportations] avec son programme de l’Hectare extrême-oriental », souligne-t-il.

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Source:french.china.org.cn