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C’est une véritable épopée que la Chine a vécue et traversée depuis 1949, un bouleversement comme sans doute l’humanité n’en a jamais connu dans son histoire, permettant à un pays à l’échelle d’un continent de retrouver son statut passé et, au-delà, d’obtenir une reconnaissance mondiale quasi-unanime pour ses accomplissements et ses réussites sur le plan intérieur et international.
L’isolement subi de la Chine au cours des trois décennies après 1949 a été rompu par la politique de réforme et d’ouverture à la fin des années 1970, après une période de soubresauts qui a déterminé les dirigeants de l’époque à privilégier le développement et la modernisation. C’est le début du « miracle chinois » de l’émergence de la Chine, avec des taux de croissance à deux chiffres.
La crise financière internationale de 2008 a marqué un véritable changement de paradigme, mettant en relief la nécessité de revoir radicalement le modèle de croissance et les mécanismes de gouvernance mondiale.
Pour tous les observateurs, l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce a permis de propulser le pays au rang de première puissance commerciale. Longtemps qualifiée d’« usine du monde », la Chine a su rapidement adopter des mesures fortes à la fois pour ouvrir davantage son économie et renforcer substantiellement sa présence sur les cinq continents, mais aussi pour progresser dans la chaîne de valeur, et concevoir et innover dans l’offre de produits et services à forte valeur ajoutée. La dynamique s’est cependant interrompue fin 2008, forçant la Chine à adopter des plans de relance dans un premier temps, puis à proposer un modèle alternatif de développement non seulement aux pays émergents et en développement, mais aussi à un nombre sans cesse plus important de pays développés, notamment en Europe.
Ce modèle alternatif de coopération économique, politique et commercial a gagné en popularité dans le cadre de nombreux mécanismes et organisations, des BRICS à l’Organisation pour la coopération de Shanghai (OCS), du Forum pour la coopération sino-africaine à l’ASEAN. Depuis 2013 avec l’initiative de « La Ceinture et la Route », le gouvernement et les entreprises mettent les bouchées doubles pour faire de l’aire eurasiatique d’un côté, et des pays d’Asie du Sud-Est, d’Asie du Sud et d’Afrique de l’autre, des zones de prospérité partagées grâce au financement et à l’interconnexion des infrastructures et autres biens publics. Cette initiative chinoise titanesque est inédite dans l’histoire humaine et regroupe un nombre sans cesse croissant de pays, et des pays développés, plutôt réticents au départ, s’y arriment, l’Italie étant le dernier exemple en date.
Alors que la Chine se fait le champion du multilatéralisme et du libre-échange, les Etats-Unis versent du côté du l’unilatéralisme et du protectionnisme comme par un effet de bascule. Un phénomène qui ne cesse de s’accentuer alors que la Chine poursuit son ouverture et se pose de plus en plus comme un recours et un élément modérateur et équilibrant dans le système économique et commercial mondial.
C’est dans ce contexte que s’inscrivent les relations sino-françaises de la nouvelle ère. Tout comme le président chinois Xi Jinping, le président français Emmanuel Macron est un fervent défenseur du libre-échange et du multilatéralisme. Alors que les deux pays ont célébré cette année le 55e anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques, des perspectives prometteuses s’ouvrent non seulement dans les domaines traditionnels de la diplomatie, de la culture, et du commerce et des investissements, mais aussi dans la coopération dans les technologies de pointe et les chaînes de valeur industrielle. Le projet d’éco-ville de Wuhan est un exemple en miniature du potentiel de collaboration et de partage des savoirs et de compétences. De même, la coopération en pays-tiers, principalement avec les pays africains, laisse entrevoir des perspectives de développement substantielles. La France, et au-delà, les pays de l’Union européenne, doivent saisir les opportunités offertes par la Chine pour établir les bases d’un modèle de développement gagnant-gagnant, inclusif, et juste.
Au moment où la République populaire de Chine s’apprête à célébrer le 70e anniversaire de sa fondation, le monde devra garder en mémoire que la Chine aspire au développement pacifique comme elle l’a toujours fait, et que son objectif final est l’avènement d’une communauté de destin de l’humanité.
Jacques Fourrier (l’auteur est un journaliste et commentateur français basé à Beijing)
Source:french.china.org.cn |