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Le Yuanmingyuan répare pour la première fois de grandes porcelaines endommagées

French.china.org.cn | Mis à jour le 23. 05. 2019 | Mots clés : Yuanmingyuan ,porcelaines

Il était difficile d'imaginer quel genre de pièce de porcelaine bleue et blanche pouvait être composée de 132 fragments de poterie jusqu'à ce que le Vieux Palais d'Été de Beijing, ou Parc Yuanmingyuan, commence récemment son projet « Restoring 1860 ».

C'est la première fois que le jardin impérial de la dynastie Qing (1644-1911) effectue un travail de restauration à grande échelle de vestiges de porcelaine découverts dans le parc.

Situé dans le nord-ouest de Beijing, le parc Yuanmingyuan abrite une vaste collection d'architecture et de vestiges historiques délicats qui ont malheureusement été incendiés et pillés par les troupes britanniques et françaises, lors de l’invasion de la Chine par la force expéditionnaire anglo-françaisependant la seconde guerre de l'opium en 1860.

Les travaux de restauration du premier ensemble de vestiges -un flacon à tabac à priser, un tabouret, deux bols et deux morceaux de carreaux émaillés- sont presque terminés.

Chen Hui, directrice du département d'archéologie de l'administration Yuanmingyuan, a souligné dans le Global Times que, dans la langue chinoise, le caractère qui veut dire « restauration » et « réveil » est la même phrase.

« Nous espérons que le projet "Restoring 1860" pourra aider à restaurer la gloire de l'humanité enfouie dans l'histoire et à la montrer aux gens. Il représente le renouveau du parc Yuanmingyuan et même celui de la Chine », a déclaré Mme Chen.

Un processus difficile

Selon Wang Mian, spécialiste de la réparation de la céramique chinoise, parmi les six reliques historiques endommagées, le tabouret en porcelaine bleue et blanche, ou « xiudun », a été le plus difficile à réparer.

« Nous avons passé plus de 20 jours sur le tabouret, car il avait été fragmenté en 132 morceaux. Le plus petit morceau était plus petit qu'un ongle. En outre, de nombreux fragments sont déconnectés », a précisé M. Wang au Global Times.

Cependant, grâce à la symétrie des motifs des antiquités chinoises, les experts ont pu restaurer l'artefact en fonction du motif qui se trouve de l'autre côté, a-t-il ajouté.

Âgé de 79 ans, il travaille sur le terrain depuis 53 ans. Ce qui l’a motivé pour restaurer les vestiges découverts dans le parc Yuanmingyuan est son aspiration à redonner vie aux objets culturels endommagés qui étaient de la porcelaine officielle -«la plus délicate et la meilleure»- et à les montrer aux gens.

« Personne ne savait à quoi il ressemblait quand les 132 fragments endommagées ont été laissés là. Quelle en était la forme ? Quelle était la taille de l’objet ? Personne ne le savait avant sa restauration », a déclaré M. Wang, qui a ajouté que les 132 morceaux ne ressemblaient à rien jusqu'à ce que les gens voient à quoi ressemblait l’objet.

Le tabouret était en fait placé dans le « Tantandangdang » -une zone dans laquelle l’empereur pouvait regarder des poissons rouges dans le parc Yuanmingyuan. Mme Chen a également précisé qu'il avait été utilisé par un membre inconnu de la famille impériale vers le milieu de la dynastie Qing.

Toutefois, « selon les mémoires de la force expéditionnaire anglo-française, ils ont pris tout ce qu’ils pouvaient et cassé ce qu’ils ne pouvaient pas emporter ». Elle a ajouté que le parc avait mis au jour plus de 100 000 pièces de porcelaine endommagées depuis 1988, date à laquelle le parc a commencé à protéger les ruines.

Un autre grand défi pour le parc dans la restauration des trésors anciens est que les parties endommagées sont dispersées dans tous les coins de la ville et même à l'extérieur de Beijing.

« Ce n'était pas comme si nous avions cassé un bol à la maison où vous pouvez trouver tous les fragments. Dans le passé, les gens pouvaient prendre un morceau de porcelaine dans le parc, penser que c'était inutile et le jeter à la rivière », a dit Mme Chen, ajoutant que de nombreuses pièces sont toujours manquantes, ce qui a entraîné l'échec de la restauration de certaines reliques.

Même si le parc a du mal à prévoir le nombre de vestiges culturels que le projet peut restaurer, il poursuivra le projet et montrera au public les six objets qui ont été réparés dès que possible.

Le parc apprécie également l'aide apportée pour récupérer les reliques perdues auprès de personnes ordinaires et d'individuels internationaux indépendants ou de spécialistes de la culture chinoise.

Restaurer ou pas

A la question sur quel type de vestiges culturels pourraient être restaurés, M. Wang a déclaré au Global Times que cela dépendait de la pièce et de sa situation.

« La beauté de certains vestiges culturels réside dans leur caractère incomplet, comme la Vénus de Milo, l'une des œuvres de sculptures grecques antiques les plus célèbres, exposée à Paris au musée du Louvre. Mais là encore, que dirait-on si Vénus avait perdu une jambe, ce qui entraverait sa capacité à se tenir debout. Les gens penseraient-ils encore qu’elle est belle? ».

M. Wang a rappelé que chaque vestige culturel avait ses propres caractéristiques et qu'il n'était pas nécessaire de le restaurer au niveau « parfait ».

Il a également noté que l'attitude envers la restauration des vestiges en Chine était différente de celle du monde occidental. « Les Occidentaux ne restituent pas complètement les vestiges culturels. Ils croient que des objets incomplets sont bons ».

Cependant, dans le domaine de l'amateur d'antiquités en Chine, les gens espèrent que la conservation des vestiges pourra leur permettre deredevenir complets », a noté M. Wang.

Mais pour la porcelaine, la restauration peut apporter une meilleure conservation, au cas où les vestiges de céramique ont été brisés en plusieurs morceaux. Si davantage de fragments d’une relique culturelle sont retrouvésdans l’avenir, nous pourrons les ajouter à la pièce déjà partiellement restaurée, a-t-il dit.

Parlant enfin de la possibilité de restaurer la cathédrale Notre-Dame de Paris, ravagée par l'incendie du 15 avril, M. Wang a souligné qu’aussi longtemps que du temps et de la main-d'œuvre seront investis dans les travaux de restauration, il ne sera pas difficile pour les Français de la restaurer selon les dessins d'architecture. « Mais les bâtiments et les reliques restaurés seront nouveaux. Ceux qui ont été ruinés ne reviendront jamais », a-t-il noté.


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Source:french.china.org.cn