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Un nouveau port entre la Chine et la Corée du Nord

French.china.org.cn | Mis à jour le 10. 04. 2019 | Mots clés : nouveau port,Chine,Corée du Nord

Dans le cadre des célébrations pour le 70e anniversaire de ses relations diplomatiques avec la Corée du Nord, la Chine a ouvert lundi dernier un nouveau port routier à Ji’an, dans la province de Jilin (nord-est du pays). 

Cette nouvelle infrastructure devrait pouvoir prendre en charge annuellement quelque 500000 t de marchandises, ainsi que 200000 entrées et sorties. 

Mardi après-midi, 135 touristes se sont rendus en Corée du Nord, selon Zhu Lihua, un officiel des douanes de Ji’an.

Ce nouveau port couvre une surface de 10,28 ha et représente l’une des installations douanières les plus grandes et les plus modernes dans le nord-est de la Chine. Il se situe au pied d’un nouveau pont transfrontalier, qui a également ouvert au trafic lundi dernier. Le pont traverse le fleuve Yalu, qui sépare Ji’an de Manpo sur le côté nord-coréen. 

La construction du port routier de Ji’an-Manpo a débuté en 2015 et s’est achevée en 2018, avec un investissement total de 280 millions de yuans (37 milliards d’euros) financé en plein par la Corée du Nord, selon un communiqué officiel du gouvernement de Ji’an.

L’ouverture de cette connexion routière signifie que Ji’an possède désormais quatre ports avec la Corée du Nord, incluant des structures de dédouanement pour le transport routier, ferroviaire et fluvial. 

Par rapport au port existant de Dandong, cette nouvelle connexion routière permettra d’ouvrir une route plus pratique vers la province de Hamgyong du Nord, un pôle majeur en ressources minérales, ainsi qu’une région industrielle importante en Corée du Nord, explique Lü Chao, un chercheur de l’Académie des sciences sociales du Liaoning.

Il est estimé que le port de Dandong gère près de 60 % du commerce bilatéral total entre la Chine et la Corée du Nord. Les deux pays possèdent quinze ports frontaliers.

« Cependant, Pyongyang continue de faire l’objet de sanctions internationales et le commerce de ressources et de produits minéraux, comme le charbon, est limité », note M. Lü. 

La majeure partie des échanges commerciaux transitant par le nouveau port de Ji’an sera constituée par des produits agricoles et des produits de consommation courante. Ji’an abrite l’une des premières zones de développement économique de la province de Jilin et produit 10 % du ginseng en Chine, un secteur traditionnel pour la Corée du Nord que cette dernière souhaiterait développer. 

Avec quelque 203 km de frontière, Ji’an vise à établir une zone de coopération économique frontalière avec un investissement estimé de 8 milliards de yuans, selon le site internet du gouvernement municipal.

La structure de transport du fret routier international sera ouverte toute l’année, avec l’exportation et l’importation de marchandises autorisées du lundi au vendredi. Les personnes pourront franchir la frontière tous les jours de la semaine, selon le gouvernement du Jilin.

En-dehors de cette infrastructure frontalière, d’autres projets visant à stimuler les échanges économiques, culturels et interpersonnels devraient prendre forme en 2019, une année qui marque le 70e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la Corée du Nord. 

L’ouverture de cette structure survient également dans un contexte de mesures importantes prises par la Corée du Nord pour stimuler son économie et améliorer le niveau de vie de sa population. 

Au cours de la semaine dernière, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a réalisé quatre visites d’inspection dans des projets et des structures économiques, ce qui constitue pour les analystes une démonstration de la détermination de Pyongyang à se concentrer sur l’économie et le niveau de vie de sa population en amont de la prochaine rencontre de son parlement.

L’Assemblée populaire suprême de Corée du Nord devrait se rassembler pour la première fois cette année le 12 avril, selon l’agence d’information sud-coréenne Yonghap. 

D’après l’Agence centrale officielle d’information nord-coréenne, de jeudi à lundi dernier, Kim Jong-un a inspecté un site de construction et une usine de transformation de pommes de terre dans l’arrondissement (gun) de Samjiyŏn, ainsi qu’un grand magasin à Pyongyang, un site touristique de sources chaudes dans le gun de Yangdŏk et la zone touristique côtière de Wonsan-Kalma.

Le commerce de la Chine avec la Corée du Nord a atteint les 16,09 milliards de yuans (2,12 milliards d’euros) en 2018, enregistrant une baisse de 52,4 % en glissement annuel, a déclaré le porte-parole pour l’Administration générale des douanes de Chine, Li Kuiwen, lors d’une conférence de presse au mois de janvier.

La Chine a exporté pour 14,67 milliards de yuans de marchandises vers la Corée du Nord (-33,3 %), tandis qu’elle a importé pour 1,42 milliard de yuans de marchandises (-88 %).

De grandes attentes

Les observateurs chinois ont fait l’éloge de ces avancées économiques sur la construction du port frontalier, comme une preuve du soutien total et constant de la Chine envers la reconstruction et le développement économique de la Corée du Nord. 

Pour Lü Chao, cette nouvelle structure frontalière sert de préparatif à une coopération économique et commerciale intégrale entre les deux pays, dès que les sanctions seront assouplies et pleinement levées. Il s’agit d’une « manifestation de la confiance de la Chine en une péninsule coréenne dénucléarisée, pacifique et prospère ».

La construction du pont a été achevée en 2016, mais son ouverture a été retardée par les sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies imposées à la Corée du Nord.

L’ouverture de ce pont et de ce port montre les efforts de la Chine pour aider à atteindre la paix et la stabilité en Corée du Nord, après avoir observé l’engagement et les actions de Pyongyang pour développer son économie et faire progresser sa dénucléarisation depuis l’année dernière, estime Cui Zhiying, le directeur du Centre de recherche sur la péninsule coréenne de l’Université Tongji à Shanghai.

Les sanctions internationales sur la Corée du Nord sont censées limiter sa capacité nucléaire, tandis que les échanges commerciaux, économiques et interpersonnels normaux ne devraient pas être affectés, notamment après les catastrophes naturelles et les pénuries alimentaires dont a souffert la Corée du Nord en 2018, souligne-t-il. 

Selon lui, la Chine respecte strictement les sanctions internationales sur la Corée du Nord, tout en insistant sur le fait que le développement économique de cette dernière est également un facteur significatif pour préserver la paix et la stabilité sur la péninsule coréenne.

Même si le deuxième sommet entre Kim Jong-un et le président américain Donald Trump ne s’est pas conclu sur des progrès significatifs, la Chine continue d’espérer que les parties impliquées poursuivront leurs efforts communs pour maintenir cette dynamique pacifique et promouvoir le dialogue.

Pour Cui Zhiying, ni Pyongyang, ni Washington n’a complètement fermé la porte à de futures négociations et la dénucléarisation de la Corée du Nord est un processus long, qui nécessite du temps et de la patience. 



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Source:french.china.org.cn